La "trêve humanitaire" annoncée par Israël n'a pas tenu longtemps. Au moins 100 Palestiniens ont été tués mercredi dans l'offensive israélienne à Gaza, portant le bilan de 23 jours de conflit à 1330 morts et plus de 7300 blessés, selon les secours locaux. Par ailleurs, trois soldats israéliens ont été tués mercredi à Gaza, portant à 56 le bilan des militaires morts depuis le début de l'offensive le 8 juillet, le bilan le plus lourd depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Trois civils, deux Israéliens et un Thaïlandais, ont également été tués mercredi par les tirs de roquettes. L'Agence de l'ONU pour l'Aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) a accusé l'armée israélienne de "grave violation du droit international", après ce tir. "Nous sommes arrivés au point où il faut que des comptes soient rendus", a réclamé un responsable de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
La trêve annoncée par l'armée israélienne n'a pas duré. L'armée avait aussi demandé aux "habitants à ne pas retourner dans les zones concernées par un ordre d'évacuation" et avertit qu'elle répondra à "toute tentative de porter atteinte à des soldats ou des civils israéliens".
Parmi les 100 morts Palestiniens de mercredi, 24 ont été tués pendant une "trêve humanitaire" annoncée par Israël entre 12H00 et 16H00 GMT.
Scènes d'horreur sur le marché de Chajaya, près de Gaza
Des corps mutilés, ensanglantés, inertes, des survivants paniqués, du sang au sol: au moins 17 Palestiniens ont été tués mercredi dans un nouveau carnage, survenu sur un marché de Gaza touché par une frappe israélienne, selon les secours locaux.
Avant le bain de sang du marché de Chajaya, une banlieue est de la ville de Gaza, survenu en fin d'après-midi, au moins 16 personnes, dont de nombreux enfants, avaient été tuées à l'aube par deux obus tombés sur une école de l'ONU qui servait de refuge à des Gazaouis chassés de leur maison par les combats.
Dans les rues autour du marché, les scènes sont insoutenables. Tandis que s'échappe de bâtiments une épaisse fumée noire, des passants évacuent en catastrophe, sur des couvertures tendues ou des brancards, des corps inanimés, vers les ambulances ou des véhicules particuliers, comme cet enfant qui ne bouge pas dans les bras d'un homme.
Certains sont blessés, d'autres morts. Les victimes sont ensanglantées, parfois mutilées, comme celui-ci, emmené sur un brancard, la jambe en partie arrachée. Du sang dégouline d'un escalier en une longue traînée. Un homme, la tête écrasée, gît dans une mare d'essence et de boue mêlées.
D'autres sont étendus dans la rue, immobiles, notamment un enfant ou cet homme sur le dos, muni d'un gilet pare-balles et d'un casque. Le porte-parole des secours, Achraf al-Qodra, a confirmé qu'un journaliste palestinien, Rami Rayan, travaillant pour une agence locale, comptait parmi les morts.
'Ripostez au cœur de Tel-Aviv!'
Des survivants appellent au secours au milieu de scènes de panique, des rescapés courent dans toutes les directions, pendant que les ambulances arrivent sur les lieux. Les secouristes s'activent autour des blessés et des morts.
"Le premier obus est tombé et les gens ont immédiatement commencé à évacuer les blessés", dit Abou Maysarah, qui ne veut pas donner son identité complète et ne sait pas s'il s'agissait d'un obus de tank ou d'un missile venu des airs. L'armée a "encore frappé".
"Nous voulons la guerre!", crie-t-il soudain. "Nous voulons que Qassam (la branche militaire du Hamas) riposte au coeur de Tel-Aviv!"
La tuerie de Chajaya, secteur proche de la frontière israélienne, déjà scène d'un massacre le 20 juillet, est intervenue pendant la "fenêtre humanitaire" qu'avait annoncée l'armée israélienne, entre 12H00 et 16H00 GMT (15H00 à 19H00 locales).
L'armée avait expliqué que cette trêve ne s'appliquerait pas aux zones où ses soldats "sont actuellement engagés dans des opérations", sans plus de détail.
C'est un nouveau bain de sang après une journée terrible pour les civils de l'enclave palestinienne.
Dans la matinée, au moins 16 Palestiniens, dont de nombreux enfants, avaient été tués par des tirs d'obus sur un refuge géré par l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA).
Pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ce bombardement est "injustifiable" et "justice doit être rendue".
"Quelque chose comme 30 ou 40 blessés ont été conduits ici, la plupart des femmes, des enfants ou des personnes âgées. Il a fallu immédiatement amputer les jambes de plusieurs d'entre eux", a raconté l'infirmière Abed al-Bahtiti de l'hôpital Kamal Oudouane.
le journaliste Rami Ryan tué lors du bombardement de Shujaiyya
L'Agence de l'ONU pour l'Aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) a accusé l'armée israélienne de "grave violation du droit international", après ce tir. Elle a par ailleurs appelé dans un communiqué la communauté internationale à agir rapidement "pour mettre un terme immédiat au carnage en cours".
"Je condamne dans les termes les plus fermes possibles cette grave violation du droit international par les forces israéliennes", a déclaré Pierre Krähenbühl, chef de l'UNWRA. "La nuit dernière, des enfants ont été tués alors qu'ils dormaient à côté de leurs parents sur le sol d'une salle de classe, dans un refuge désigné comme tel à Gaza. C'est un affront pour chacun d'entre nous, une source de honte internationale", a dit Pierre Krähenbühl.
"Nous nous sommes rendus sur le site et avons rassemblé des preuves. Nous avons analysé des débris, des cratères et d'autres dégâts. Selon nos premières conclusions, c'est l'artillerie israélienne qui a frappé notre école où 3300 personnes avaient trouvé refuge", a poursuivi le responsable onusien. "Il est trop tôt pour fournir un bilan définitif des morts. Mais nous savons qu'il y a de nombreux civils tués et blessés, y compris des femmes et des enfants, et le gardien de l'UNWRA qui tentait de protéger le site", a poursuivi Pierre Krähenbühl.
"C'est la sixième fois que l'une de nos écoles est frappée. Nos employés, ces gens qui mènent l'action humanitaire sont tués. Nos refuges sont surpeuplés", a-t-il encore dénoncé. "Nous ne sommes plus uniquement dans le domaine de l'action humanitaire. Nous sommes arrivés au point où il faut que des comptes soient rendus", a réclamé Pierre Krähenbühl.
De nombreux civils palestiniens se sont réfugiés dans des écoles de l'UNRWA notamment à Jabaliya après avoir été avertis par l'armée israélienne que le quartier ou la localité où ils résident risquaient de subir des bombardements massifs.
Chassés de chez eux par les combats, plus de 200 000 habitants du territoire palestinien vivent dans des conditions très précaires dans 82 écoles gérées par l'UNRWA.
La communauté internationale semble impuissante à briser cette infernale spirale de violence infernale spirale de violence. Le secrétaire d’État américain John Kerry a assuré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait évoqué avec lui l'hypothèse d'une trêve.
A en croire l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Hamas et son allié du Jihad islamique seraient prêts à observer un cessez-le-feu de 24 heures. Mais rien de concret n'a pour l'instant suivi ces déclarations et le dialogue de sourds perdure. Israël a prévenu qu'il ne quitterait Gaza, dont il s'était unilatéralement retiré en 2005, tant que ne serait pas annihilée la menace militaire que font peser les groupes armés de Gaza sur sa population. Dans une rare déclaration publique, Mohammed Deïf, le chef de la branche armée du Hamas, a répété qu'un cessez-le-feu était hors de question "sans l'arrêt de l'agression (israélienne) et la levée du siège", c'est-à-dire du blocus imposé depuis 2006 par Israël sur la bande de Gaza.
Seule initiative diplomatique annoncée, le déplacement prévu au Caire d'une délégation regroupant les principaux mouvements palestiniens, dont le Hamas. L'Égypte a joué dans le passé le rôle de médiateur entre le mouvement islamiste palestinien et Israël. La délégation attendait toutefois mercredi une invitation officielle de l'Égypte, selon des sources palestiniennes. La chemin de la paix risque donc d'être long et parsemé d'embûches, d'autant que la trêve évoquée ne serait qu'"humanitaire" et laisserait entières les questions de fond: blocus du territoire, retrait des troupes israéliennes, stocks d'armes et tunnels du Hamas.
Gaza ravagée par les bombardements – ashraf amra
Mais la route est longue. Ces derniers jours, plusieurs annonces de trêve, faites par le Hamas comme par Israël, n'ont pas permis de mettre un terme aux hostilités.
Le mouvement islamiste palestinien a rejeté la semaine dernière un projet de cessez-le-feu présenté par l'Égypte, qui a par le passé servi à plusieurs reprises d'intermédiaire entre Palestiniens et Israéliens.
Après une éphémère trêve de fait lundi, début de la fête du Fitr marquant la fin du ramadan, un déluge de feu s'est abattu du nord au sud de l'étroite enclave palestinienne.
Bombardée et en proie aux flammes toute la journée, l'unique centrale électrique du territoire, qui assure en temps normal 30% de ses besoins en électricité, a cessé de fonctionner. La quasi totalité de l'enclave est plongée dans le noir à la nuit tombée.
Mais si un arrêt des combats devait être arraché, les questions de fond resteraient entières. Le Hamas exige une levée du blocus, qui asphyxie cette bande de terre de 40 km sur 10 où s'entassent quelque 1,8 million d'habitants.
Quant aux autorités israéliennes, elles ont répété à l'envie que tant que la puissance de feu du Hamas n'aurait pas été annihilée, leur armée ne s'en irait pas d'un territoire dont elle s'était unilatéralement retirée en 2005 avant d'y revenir le 17 juillet..
Or, l'armée n'a pas encore atteint son objectif, qui est de détruire l'arsenal de roquettes et les tunnels d'attaque.
Quatre soldats ont été tués lundi par un commando palestinien sorti de l'un de ces boyaux et mardi, l'armée a affirmé avoir éliminé cinq "terroristes" qui émergeaient d'un autre tunnel dans la bande de Gaza.
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Source(s) : RTBF / AFP, le 30.07.2014 / Daily Mail
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