Le fiché S remis en liberté, la victime inquiète

Blessé au bras en juin dernier par Kamal Belbakkal alors qu'il moissonnait un champ à Laroque-Timbaut, Yves Boussuge ne parvient pas à croire que son agresseur, fiché S, a été remis en liberté.

Yves Boussuge n'en revient pas. «Je suis de nouveau meurtri, et scandalisé» ? Cet agriculteur de 50 ans a été blessé au bras gauche le 18 juin dernier dans un champ d'orge à Laroque-Timbaut alors qu'il moissonnait. Son agresseur présumé, Kamal Belbakkal, 40 ans, a été remis en liberté vendredi dans la soirée, comme nous l'avons révélé sur notre site Internet dès samedi. Il est mis en examen pour violences volontaires avec arme. Lors de l'agression, qu'il nie en bloc, cet Agenais assigné à résidence à l'époque, a selon deux témoins hurlé «Allah Akbar» avant de frapper.

Inquiet, Yves Boussuge éclate toutefois de rire quand on lui soumet les conditions de la remise en liberté de son agresseur présumé. Kamal Belbakkal est placé sous contrôle judiciaire à Agen, sans moyen de locomotion, et doit pointer trois fois par jour.

«S'il veut récidiver…»

«Ça, c'est amusant. Il était assigné à résidence en juin dernier, ce qui ne l'a pas empêché de m'agresser. Et il a croisé la route des forces de l'ordre ce jour-là. S'il veut récidiver, il ne devrait pas avoir de trop de difficultés». Cette remise en liberté est intervenue cinq jours avant une confrontation dans le bureau du magistrat chargé de l'instruction, confirme encore Yves Boussuge. Il demande la mise en place d'un dispositif de sécurité mercredi. «Que va-t-il se passer ? Et qui sera responsable ?». La victime et son agresseur présumé sont censés arriver au même moment et pourquoi pas monter les marches du palais de d'Agen ensemble. Quelles sont les motivations juridiques qui ont conduit à la remise en liberté de Kamal Belbakkal ? La question, son avocat Me Laurent Bruneau, n'était pas en capacité d'y répondre samedi. Il dit ne pas avoir été informé de la décision judiciaire, et affirme ne pas avoir demandé de remise en liberté. Sa consœur partie civile, Sophie Grolleau, l'a découvert sur internet en consultant notre site Internet. Vendredi, explique Yves Boussuge, une demande d'acte de procédure a été déposée auprès du juge d'instruction. «Des traces de sang ont été retrouvées dans sa voiture. On doit savoir à qui il appartient». Kamal Belbakkal a été placé en détention provisoire le 19 juillet dernier, et mis en examen ensuite pour violences volontaires avec arme. Il devait être jugé l'été dernier en comparution immédiate, mais le tribunal correctionnel a renvoyé le dossier aux services du parquet d'Agen pour des compléments d'information. Le 4 janvier dernier, la cour d'appel l'a relaxé des poursuites pour la diffusion, et seulement la diffusion, de vidéos de propagande de l'État islamique. C'était un autre volet du dossier Belbakkal. Plus de trente vidéos de décapitation, actes de barbarie, etc., ont été retrouvées sur son ordinateur personnel, lors d'une perquisition administrative à son domicile en 2016. Le préfet de Lot-et-Garonne l'avait dans un premier temps assigné à résidence le 1er août 2017, à la suite d'un signalement des services de gendarmerie. Entendu dans le cadre d'une enquête pour escroquerie à la carte bancaire, ce fiché S par les services de renseignements avait tenu des propos qui laissaient à penser qu'il soutenait les thèses de , ce qu'il conteste toujours. «La relaxe, c'est déjà beaucoup, mais la remise en liberté, c'est encore plus !» Le maire de Laroque-Timbaut, le Républicain Lionel Falcoz, ne décolère pas. «Qu'il obtienne la relaxe parce que la diffusion n'a pas été prouvée, passe encore, mais il était sous mandat de dépôt pour les violences, même s'il les conteste depuis le début. Je suis le cul par terre ! Bientôt, on va nous expliquer qu'Yves (Boussuge, la victime, N.D.L.R.) s'est blessé tout seul…»

Stéphane Bersauter

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Sources : LadepecheSud Ouest /

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