James Risen, le reporter du New York Times qui risque la prison pour avoir refusé de révéler ses sources, a dénoncé la violation par le gouvernement fédéral des droits de la presse dans une rare apparition publique jeudi en disant qu’il est temps pour les journalistes de «se rendre ou de combattre ».
Risen a parlé devant une assistance d’environ 300 avocats, des journalistes et autres, au Berdahl Auditorium de Stanley Hall, jeudi soir, lors d’une conférence organisée par l’UC Berkeley Graduate School of Journalism intitulée « Poursuite judiciaires contre la presse ». Il a parlé aux côtés de Lowell Bergman, directeur du programme du Journalisme d’Investigation de l’école.
L’absence de protection pour les journalistes de la sécurité nationale, a-t-il dit, a permis au gouvernement fédéral d’exiger que les journalistes comme lui révèlent leurs sources, ce qui menace l’intégrité de la presse.
« La question fondamentale est, pouvons-nous continuer en tant que journalistes à protéger et assurer la confidentialité à quelqu’un qui sait quelque chose qui se passe dans le gouvernement, mais que celui-ci ne veut pas rendre public ? » a-t-il demandé à l’auditoire, qui comprenait des invités de marque tels que Daniel Ellsberg, le lanceur d’alerte responsable de la fuite des Pentagon Papers par le New York Times en 1971.
Risen risque l’incarcération après avoir refusé de se conformer à une assignation en 2008 émise par un grand jury fédéral lui demandant de témoigner dans l’affaire de l’ancien officier de la CIA Jeffrey Sterling. Sterling est inculpé pour de supposées fuites d’informations incluses dans un chapitre du livre de Risen en 2006, « State of War: The Secret History of the CIA and the Bush Administration ».
Les avocats de Risen préparent un appel à la Cour suprême américaine.
Risen dit sa surprise initiale à la réception de l’assignation, vite dissipée car le président Barack Obama a adopté de plus en plus de lois pour la sécurité nationale établies par l’administration Bush, en utilisant les événements du 9/11 pour renforcer le contrôle fédéral des journalistes.
« Quand j’ai commencé à couvrir la CIA dans les années 90, tout le monde connaissait les règles du jeu », a-t-il dit. « Vous voulez écrire une histoire, le gouvernement serait fâché, il ferait une enquête sur la fuite dont vous n’avez jamais entendu parler. Personne ne voulait aller à la guerre ».
L’accroissement du nombre de poursuites contre les journalistes, dit Bergman, va plonger le journalisme dans « plus de guérilla »” Sans une loi qui servira de bouclier aux médias, « nous allons devoir apprendre de nouvelles manières de vraiment garantir la confidentialité », a-t-il dit.
Interrogé sur la question de savoir s’il était préoccupé sur son sort, Risen dit qu’il y a pensé longtemps avant qu’il ne décide de publier son livre.
« J’ai pensé, soit je fais publier ces histoires, soit je sors du journalisme », a-t-il dit. « La position par défaut d’un journaliste devrait être de publier ».
Cette conférence est la première d’une série d’événements organisés par la Graduate School of Journalism pour célébrer le 50e anniversaire du mouvement pour la Liberté d’Expression.
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Source(s): dailycal / Par SAVANNAH LUSCHEI, le 17.11.2013 / Traduction : Avic / Relayé par Meta TV )