Elle vit sans eau ni électricité dans une maison insalubre

Difficile de croire qu'une personne vit dans cette maison sans salle de bain, ni toilettes, sans eau ni électricité. La locataire est à bout.

 
 
 
 
 
 
 
 

Elle habite rue de la Fontaine, à Crécy-sur-Serre. Pourtant, cela fait bien longtemps que l'eau ne coule plus dans sa maison, à part peut-être quand il pleut et que l'eau goutte sur le compteur . Même chose pour l'électricité. Yvette Millet a appris à vivre ainsi depuis quatre ans car elle n'a pas les moyens de faire autrement. « Chaque matin, je vais chercher des bouteilles d'eau chez des amis, heureusement qu'ils sont là », se console cette femme de 46 ans qui a toujours un stock de bougies dans son placard.

« J'ai un chandelier que je déplace d'une pièce à l'autre. » D'une pièce à l'autre, pas plus : le salon et la chambre. Car ici, ni salle de bain, ni toilettes. Juste un semblant de sanitaires qu'un ami lui a installé. Ils sont dans sa chambre, à quelques centimètres de son lit. Un drap pendu à une corde à linge procure un semblant d'intimité. Mais cette fois, elle est à bout.« Cela ne peut plus durer, il faut que ça s'arrête. Je ne veux pas déménager, juste que le propriétaire fasse quelques travaux pour que je puisse vivre dignement », espère celle qui n'a jamais vécu ailleurs qu'ici.

Elle habite ici depuis 46 ans

Elle n'est pas née dans cette maison, mais c'est tout comme. Ses parents y habitaient quand elle est venue au monde. Après le décès de son père et le départ en maison de retraite de sa mère, elle n'a pas souhaité déménager malgré les conditions dans lesquelles elle vit.« C'est chez moi : toute ma vie, tous mes souvenirs sont ici. Cela dit, je pense qu'on ne doit plus vivre comme ça à notre époque. Je ne demande pas à ce que cette maison soit refaite à neuf, mais le minimum quand même. »

À commencer par l'isolation et les murs. « Je suis malade à cause de l'humidité, j'ai sans cesse des bronchites », assure Yvette Millet qui a accroché un peu partout des posters de ses chanteurs préférés « pour cacher la misère » comme elle dit. De haut en bas, les murs sont noirs, il suffit de les frôler pour que des morceaux tombent au sol.

« Ce n'est pas d'aujourd'hui mais je n'osais rien dire. Des amis ont insisté pour que je me manifeste auprès du propriétaire mais à chaque fois il dit « on verra » et rien ne se passe »,explique cette femme qui n'en revient pas d'avoir reçu, il y a quelques jours, un courrier lui indiquant que le loyer passait de 160 à 165 euros. « La Caisse d'allocations familiales lui verse directement 177,51 euros chaque mois et je donne 30 euros de ma poche. Il a donc plus que ce qu'il demande mais ce n'est pas encore assez et moi, voilà ce que j'ai en échange. » Aussi a-t-elle décidé, espérant que cela le décidera à faire des travaux, de ne plus verser ces 30 euros à partir de ce mois-ci.

Un propriétaire peu loquace

Avant toute chose, plutôt que d'évoquer l'état de cette maison, son propriétaire souhaite parler argent. Il tient bon de préciser que pendant des années, les parents d'Yvette Millet n'ont pas versé de loyer. Parce qu'ils étaient des mauvais payeurs ? « Non, son père travaillait pour nous et nous le logions gratuitement. Ensuite, quand ses parents sont partis, elle a souhaité rester mais elle ne versait pas le loyer régulièrement alors j'ai fait les démarches avec elle auprès de la Caf. » Voilà qui est dit. Et pour les travaux ? Sa locataire ne lui aurait jamais rien demandé mais comme un fait exprès, le jour même où nous l'avons appelé, il avait justement sollicité les services d'un entrepreneur à qui il avait demandé « de venir en urgence pour voir ce qu'il y avait à faire ».

La question qu'il ne fallait visiblement pas poser était celle de la salle de bain et des toilettes. « C'est petit, où voulez-vous qu'on les mette ? » Nous de rétorquer qu'il est tout de même anormal de vivre dans ces conditions en 2014. « Je ne dirai rien de plus. De toute façon, elle peut faire une demande de logement à la mairie ou en HLM, elle n'aura rien de mieux pour 160 euros par mois. » Rien de mieux, peut-être. Rien de pire, c'est sûr.

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Source : Lunion.Presse / Par Lucie Lefebvre, le 09.07.2014 / Relayé par

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