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Des étudiants pourront bientôt faire médecine sans passer le concours

Sept facultés de médecine vont expérimenter de nouveaux modes de recrutement, sélectifs, des étudiants.

C'est un enterrement discret qui se prépare. Des étudiants vont pouvoir contourner la première année commune aux études de santé (Paces) grâce aux expérimentations permises par la loi Fioraso de juillet 2013. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, 85 % des étudiants échouent à l'issue de cette première année. Une situation jugée inacceptable. Sept facultés de médecine (Angers, Paris-V, VII, XIII, Rouen, Saint-Etienne et Strasbourg) vont tester le dispositif. Le gouvernement prévoit déjà une deuxième vague (universités d'Auvergne, de Poitiers et de Tours). L'expérimentation – qui se déroulera sur six ans – va ouvrir une voie d'admission parallèle, accessible à des étudiants qui ont obtenu une licence. Les modalités pourront différer selon les facultés. Mais l'idée est, partout, de sélectionner les étudiants avant qu'ils ne s'orientent vers des études de médecine.

Par exemple, à Paris-V, des étudiants qui ont une licence pourront dès janvier bénéficier de cours complémentaires en ligne (anatomie, biologie…) et être sélectionnés par un jury pour intégrer la deuxième année de médecine en septembre 2015. Progressivement, toutes les licences –  droit, psychologie, etc. – seront concernées. L'idée est de diversifier le recrutement des futurs professionnels de santé. A Paris-V, l'expérimentation porte sur des petits effectifs – de 5 à 15 % soit 35 à 40 étudiants en médecine. En pharmacie, ce mode de recrutement pourrait grimper à 30 %. A la Fage, l'un des principaux syndicats étudiants, Charles Bozonnet voit l'expérience « d'un bon oeil », mais regrette qu'elle ne concerne qu'une « minorité » d'étudiants.

Rénovation pédagogique

Le président de Paris-V, Frédéric Dardel, se félicite du dispositif. Car l'absence de sélection à l'entrée en première année de médecine fait, selon lui, « beaucoup de déçus ». Sur les 2.450 étudiants de première année qu'il accueille, 351 sont pris en médecine, 113 en pharmacie, 43 en dentaire et 29 s'apprêtent à devenir sage-femme. « On a des étudiants qui sortent du bac avec mention, qui ont l'habitude d'être dans les têtes de classe, redoublent leur première année et ont alors l'impression que leur vie est foutue », poursuit-il. L'ampleur des effectifs pose en outre un problème de « qualité pédagogique » : « Avec 2.500 étudiants, cela fait 90 groupes de travaux dirigés. On ne peut pas multiplier les TD dans ces conditions. » L'examen de sélection – un QCM – est, par ailleurs « particulièrement réducteur »  : « Les étudiants ont trente secondes pour lire la question, éliminer les trois réponses fausses, et deviner en trente secondes laquelle des deux restantes est la bonne, sans avoir le temps de faire le calcul ou la démonstration, sinon ils n'ont pas le temps de traiter les 20 dernières questions du QCM. » A Paris, l'organisation logistique des épreuves a aussi un coût – de l'ordre de 500.000 euros rien que pour Paris-V.

Frédéric Dardel espère que les lycéens changeront de façon de faire : « Un bachelier L qui a envie de faire médecine et va en Paces, il se plante. Demain, avec une licence de sciences humaines, il peut très bien entrer en deuxième année de médecine. » Il mise, en 2019, sur la suppression de la Paces et la rénovation pédagogique des études de médecine .

L'université d'Angers a déjà franchi un pas supplémentaire en prévoyant cette suppression dès 2015. « Une évaluation sera faite de ces expérimentations à la fois pour les améliorer et les généraliser », affirmait en juin la secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur. Geneviève Fioraso entend même aller « plus loin » avec « la création possible d'une licence santé, préalable d'une inscription dans un système licence-master-doctorat ». L'aboutissement, en quelque sorte, de la petite révolution qui est en gestation. 

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Source : Les Echos / Par Marie-Christine Corbier, le 29.09.2014

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