De la moutarde blanche pour détecter les armes chimiques

Selon des scientifiques britanniques, la moutarde blanche pourrait permettre de détecter les traces d'armes chimiques.

La moutarde blanche, une plante commune en et dans le bassin méditerranéen, pourrait permettre de détecter les traces d'armes chimiques telles que le gaz VX plusieurs semaines après leur utilisation, affirment des scientifiques britanniques.

Aussi appelée sénevé, la moutarde blanche (Sinapis alba) a en outre une telle capacité d'absorption de ces gaz neurotoxiques et de leurs dérivés qu'elle pourrait aussi servir à la dé des sols contaminés par des armes chimiques de cette nature, en Syrie par exemple, soulignent ces chercheurs dans leur étude, publiée ce mardi 20 mai par la Royal Society britannique.

Au moins 45 jours après la contamination

Ils ont procédé à différents tests en laboratoire, en exposant des graines de moutarde blanche à une solution contenant 250 microgrammes de gaz VX – un cousin surpuissant du gaz sarin – et de deux dérivés chimiques produits par la dégradation naturelle de ce gaz. Les plantes ont ensuite été prélevées à différents stades de leur croissance, puis analysées par spectrométrie et chromatographie.

Selon l'étude, des traces de VX et de ses dérivés étaient présents "sous une forme exploitable" dans les échantillons au moins 45 jours après la contamination. "Plus longtemps que dans le sol", la méthode de détection actuellement utilisée par les enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui est récemment intervenue en Syrie, soulignent les auteurs.

Traces infimes de neurotoxique dans les plantes

En laboratoire, cette technique a permis d'identifier des traces infimes de neurotoxique dans les plantes, de l'ordre de quelques milliardièmes de gramme seulement.

Indiquer la date à laquelle le neurotoxique a été utilisé 

Scientifiques de la Royal Society

"Nous avons démontré que Sinapis alba peut conserver les preuves de l'utilisation de gaz neurotoxiques qui peuvent être retrouvées par la suite (…) Avec des connaissances scientifiques suffisantes, les composés présents dans la plante à un moment donné pourraient indiquer la date à laquelle le neurotoxique a été utilisé", écrivent-ils.

"L'utilisation de sarin en a laissé un héritage toxique dans l'L'une des solutions pour 
remédier à la contamination des terres serait d'y cultiver de la moutarde blanche", ajoutent les chercheurs.

"Cette culture pourrait être récoltée et détruite"

La plante, qui pousse bien au Proche-Orient, a une croissance rapide et peut arriver à maturité en quelques semaines. "Cette culture pourrait être récoltée et détruite, ou remise dans le sol pour permettre une seconde récolte, chaque génération détruisant une certaine quantité de neurotoxique, jusqu'à épuisement", expliquent les auteurs.

Particulièrement adaptée aux climats secs, la moutarde blanche a l'avantage de "pouvoir pousser à peu près n'importe où dans le monde", indique Matthew Baker, chimiste à l'University of Central Lancashire, qui a pris part à l'étude.

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Source(s) : RTL avec AFP, le 21.05.2014

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