La société Mölnlycke a fait transiter par la France des masques qu’elle comptait rediriger en partie vers l’Espagne et l’Italie. Mais au nom de la réquisition des stocks de matériels médicaux en France pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, ces masques ont été saisis le 5 mars dernier.
L’affaire tombe mal en pleine épidémie du Covid-19 en Europe. La France a réquisitionné le 5 mars un stock de quatre millions de masques appartenant à une entreprise suédoise, révèle L’Express mercredi 1er avril 2020.
Or, la moitié de ces masques devait être redirigée ensuite vers l’Espagne et l’Italie, pays durement touchés par la propagation du coronavirus.
Réquisition d’office
Les masques appartiennent à la société Mölnlycke, spécialisée dans les produits médicaux jetables, qui venaient de se les faire livrer de Chine, rapporte L’Express. Arrivés en Europe par cargo à Marseille, ces masques avaient rejoint la plateforme basée à Lyon de cette entreprise avant d’être redistribués ensuite.
Sauf que le gouvernement avait décidé le 3 mars de réquisitionner tous les stocks de matériels sur le sol français. Les millions de masques ont donc été saisis d’office.
Branle-bas de combat pour l’entreprise suédoise qui demande de l’aide au gouvernement de son pays. Mais cela n’aura aucun effet pendant deux semaines. Le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) acceptera alors de laisser partir la moitié de ces masques à titre dérogatoire vers l’Italie et l’Espagne.
D’autres saisies avaient créé la polémique en Europe
Cette affaire rappelle celle qui avait opposé Prague à Rome récemment. La police tchèque avait récupéré le 23 mars une cargaison de centaines de milliers de masques et des appareils respiratoires lors d’une opération de police. Mais cette cargaison était en réalité destinée à l’Italie, pays le plus durement touché par le coronavirus actuellement en Europe.
Cette saisie avait suscité la colère dans la Botte, tandis que les autorités tchèques plaidaient la bonne foi. Au final, ces dernières ont envoyé une centaine de milliers de masques vers l’Italie pour calmer la polémique.
Source : Ouest-France
Achats sauvages, réquisitions, déroutements : des nouvelles du front dans la guerre des masques
Des masques commandés par la France ont été achetés au dernier moment par les Américains sur le tarmac des aéroports chinois d’où doivent partir les avions de livraison, a expliqué le président de la région Grand Est sur RTL ce mercredi 1er avril.
C’est le Far West : ce mercredi 1er avril, le président de la région Grand Est, Jean Rottner, s’alarmait sur RTL que des masques commandés par la France soient rachetés au dernier moment par les Américains, qui ont tardé à prendre des mesures pour enrayer la propagation du coronavirus sur leur territoire, sur le tarmac des aéroports chinois d’où doivent partir les avions de livraison.
“C’est compliqué, on se bat 24 heures sur 24” pour que les masques soient livrés, a-t-il expliqué, faisant part de grandes difficultés : “Moi, j’ai une petite cellule au niveau de la région qui travaille d’arrache-pied pour, avec les commanditaires, pouvoir gagner ces marchés. Et effectivement, sur le tarmac, les Américains sortent le cash et payent trois ou quatre fois les commandes que nous avons faites, donc il faut vraiment se battre. Et moi, j’ai été très heureux de voir arriver cet avion chez nous hier soir.“
Le président de la région Paca Renaud Muselier s’est également ému auprès de l’AFP des pratiques américaines : “Un président de région nous a expliqué que sa commande de masques lui avait été piquée sur l’aéroport même, par les Américains, qui ont payé trois fois le prix, en liquide.” Pour récupérer une commande de quatre millions de masques, prête depuis samedi, la Région Paca a donc “finalement décidé de passer par le biais de Ceva, la filiale logistique de la CMA-CGM“, une compagnie maritime d’affrètement française basés à Marseille, a expliqué Renaud Muselier. “Au moins, je suis sûr que personne ne va me les acheter sur le tarmac. Normalement, ils sont sur la route vers l’aéroport. Mais je reste d’une prudence de Sioux, c’est un parcours du combattant incroyable” d’un point de vue logistique, a-t-il constaté.
La production repart
Deux millions de masques chirurgicaux commandés par la région Grand Est à la Chine ont été livrés dans la nuit de mardi à mercredi à l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Jean Rottner, lui-même médecin urgentiste, a commandé au total cinq millions de masques, financés par le budget de la région. Le Grand Est a été la première région à recevoir sa propre commande de masques passée en complément des commandes nationales. Emmanuel Macron, critiqué pour le manque de masques auquel doit faire face la France, a notamment promis mardi “l’indépendance pleine et entière” d’ici à la fin de l’année pour cette production, lors d’une visite dans une usine de fabrication en Anjou.
Une nouvelle encourageante à ce titre : l’entreprise familiale française Segetex-EIF, qui fabrique des masques de protection sanitaire de type FFP2 destinés prioritairement au personnel médical, produit à nouveau à plein régime en Chine.”Nous avons redémarré la semaine dernière l’activité de notre usine de Wuhan“, capitale de la province chinoise du Hubei, et foyer de la pandémie, a indiqué la direction. Grâce à cette unité de production asiatique, Segetex-EIF est traditionnellement l’un des principaux fournisseurs de masques chirurgicaux dans l’Hexagone, où il a notamment le marché de l’AP-HP.
Incident diplomatique
Cette production devrait soulager la France, qui a frôlé l’incident diplomatique avec la Suède début mars, comme le révélait L’Express ce mercredi. Dans sa course à l’échalote pour mettre la main sur des masques, l’Etat a en effet réquisitionné le 5 mars un stock de quatre millions de masques appartenant à l’entreprise suédoise Mölnlycke.
Or, la moitié de ces masques, stockés dans une plateforme logistique de Lyon, devait être redirigée ensuite vers l’Espagne et l’Italie, pays durement touchés par la propagation du coronavirus. Après la décision prise par le gouvernement le 3 mars de réquisitionner tous les stocks disponibles sur le territoire, Mölnlycke a sollicité l’aide du gouvernement suédois. Après deux semaines, le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN) a finalement accepté de céder la moitié des masques à l’Italie et à l’Espagne.
En représailles, les futures importations de masques de Mölnlycke se feront désormais via des ports belge et suédois, avant d’être envoyés par avion en Espagne et en Italie. “Ce sera plus cher mais, au moins, nous éviterons les saisies arbitraires pratiquées dans l’Hexagone“, explique un représentant de l’entreprise Mölnlycke à L’Express. A moins que les Américains viennent aussi les acheter sur le tarmac…
Source : Marianne