Le jeune monde du bitcoin est en crise: le site internet de la plate-forme MtGox de Tokyo affiche page blanche et, tandis que ses clients se demandent où est passé leur argent, le reste de la communauté se mobilise pour défendre cette monnaie virtuelle.
Les détenteurs de bitcoins chez MtGox ne pouvaient déjà pas les récupérer depuis la suspension le 7 février des transactions sur cette plate-forme, l'une des plus anciennes et importantes de cette e-monnaie inventée en 2009 et qui permet entre autres d'échanger des biens et des services sur internet.
Mais depuis mardi, le bitcoin n'est même plus coté chez MtGox dont le contenu du site internet www.mtgox.com a purement et simplement disparu.
Quelques heures avant ce nouveau développement, le bitcoin coté chez MtGox avait chuté autour de 135 dollars, sept fois moins qu'en janvier.
Et ces turbulences ont touché les autres plate-formes du bitcoin, dont la valeur chutait de 15% mardi vers 09H00 GMT à 455 dollars chez Bitstamp, basé à Londres, qui évaluait dans la même temps la capitalisation mondiale de cette monnaie virtuelle à 5,9 milliards de dollars.
Six acteurs majeurs du bitcoin ont cherché à circonscrire l'incendie en se démarquant clairement de MtGox mardi, accusée "d'actions intolérables qui ne reflètent ni la solidité ni la valeur du bitcoin et de l'industrie de la monnaie numérique". Ces membres influents de la "communauté bitcoin", dont Bitstamp et d'autres plates-formes comme la chinoise BTC China et l'américaine Coinbase, ont promis dans ce communiqué commun de "coordonner leurs efforts dans les jours à venir pour rassurer publiquement les clients et le public sur la sûreté des fonds".
"A l'instar de toute activité nouvelle, il y a de mauvais éléments qui doivent être éliminés, comme nous le constatons aujourd'hui", ont-ils fustigé, évoquant des manquements de MtGox aux critères de base de sécurité et de transparence.
Lundi, l'association américaine qui défend la cause de cette monnaie virtuelle, la Bitcoin Foundation, avait annoncé que le patron de MtGox, Mark Karpeles, avait démissionné de son conseil d'administration.
L'inquiétude monte en effet au sein des utilisateurs de bitcoins depuis que MtGox a stoppé toute possibilité de retrait il y a deux bonnes semaines, évoquant un bug informatique.
MtGox, qui n'a pas donné suite à des sollicitations répétées de l'AFP, avait assuré après l'annonce de la panne que les problèmes avaient été résolus et que les avoirs des clients étaient en sécurité.
Mais ces propriétaires n'ont toujours pas pu avoir accès à leurs deniers virtuels depuis et, jeudi dernier, la firme a expliqué avoir déménagé son siège au sein de la capitale japonaise en raison de "problèmes de sécurité". "Ce déménagement, combiné à d'autres soucis de sécurité et techniques, ont retardé nos progrès" dans la résolution du problème des transactions, avait souligné MtGox dans le communiqué publié ce jour-là, sa dernière communication en date.
Un document qui circulait largement sur la toile, et attribué par l'agence Dow Jones Newswires à l'investisseur en bitcoin Ryan Selkis, affirmait pour sa part que MtGox avait été victime d'un piratage informatique qui lui aurait coûté près de 750.000 bitcoins ces dernières années.
Bien que la volatilité de cette monnaie virtuelle rende difficile toute estimation, cette perte équivaudrait à 350 millions dollars sur la base des cotations enregistrées mardi.
Le bitcoin est la principale valeur du mouvement naissant des monnaies virtuelles. Il est basé sur un code informatique open-source programmé il y a cinq ans par un ou plusieurs individus dont l'identité n'est pas connue. Contrairement aux monnaies traditionnelles comme le dollar ou l'euro, le bitcoin n'est pas soutenu par une banque centrale ou un gouvernement.
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Source(s) : RTBF / Belga, le 25.02.2014