À ce train là, d’ici quelques années, il sera bien plus risqué d’aller aux urgences se faire soigner que de rester sur la chaussée en train de se vider de son sang après un accident (sans parler des risques graves de mourir des suites d’une infection nosocomiale, résultat d’une hygiène douteuse !). Pourtant, les autorités politiques ne font rien pour améliorer la situation ; bien au contraire, elles persistent à réduire les budgets (personnels et lits). Vous aurez droit à un brancard mais vous serez parqués dans les couloirs en attendant qu’un pauvre médecin totalement dépassé et en plein burnout vienne vous ausculter au bout de quelques dizaines d’heures…
Les médecins urgentistes tirent la sonnette d’alarme et réclament des mesures fortes pour mettre fin à leur calvaire quotidien et à celui de leurs patients.
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, s’en tient à son plan de transformation du système de santé, qui mettra plusieurs années à entrer en vigueur.
85 établissements étaient en dispositif «hôpital en tension» le 20 mars, sur 650 hôpitaux publics ou privés dotés d’un service d’urgence. Les hôpitaux visés doivent alors libérer des lits pour le service des urgences, en reportant des opérations programmées et non vitales. Le chiffrage des urgentistes est plus alarmiste. Depuis le début de l’année, plus de 21 000 patients ont passé la nuit sur des brancards aux urgences, selon eux. Si tous les établissements avaient répondu à leur enquête, le chiffre atteindrait plus de 140 000 personnes…L’engorgement des urgences, désormais récurrent et chronique, nuirait aussi à la qualité des soins, avec une augmentation de la mortalité de 9%.
Les médecins urgentistes ne savent plus quoi faire pour attirer l’attention de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Mardi, la tension déjà à son comble, est encore montée d’un cran. Le professeur Jean-Philippe Mazzucotelli, chef de service en chirurgie cardiaque aux hôpitaux universitaires de Strasbourg, a annoncé sur RTL, qu’en raison de la situation observée aux urgences, il allait « saisir la justice pour mise en danger de la vie d’autrui et maltraitance du personnel » « Cette fois, nous avons dépassé la ligne rouge, nous sommes en difficulté permanente », déplore-t-il.
Selon les chiffrages du ministère de la Santé, 97 établissements étaient en dispositif « hôpital en tension » le 13 mars, sur 650 hôpitaux publics ou privés disposant d’un service d’urgence. Une semaine plus tard, le 20 mars, 85 établissements étaient encore en tension. Les hôpitaux qui sont visés, doivent alors libérer des lits pour les urgences, en reportant des opérations programmées et non vitales par exemple. « Mais, les directions des hôpitaux ne sont pas toujours très réactives, d’autant qu’en déprogrammant des opérations, elles perdent de l’argent », explique un urgentiste. Surtout, ces chiffres sont critiqués par les urgentistes, qui les estiment bien en deçà de la réalité.
Brancard.
L’un des deux syndicats d’urgentistes, Samu-Urgences de France (SUdF), a lancé depuis le début de l’année un « No Bed Challenge » : il demande à tous les services d’urgences de leur signaler, tous les matins, le nombre de patients ayant passé la nuit sur un brancard, plutôt que dans un lit d’hôpital. Du 10 janvier au 9 mars, c’était le cas pour… 15 000 patients ! Si tous les services d’urgence avaient fait l’exercice, « nous arriverions au chiffre de 100 000 patients », explique Murielle Vergne, médecin urgentiste au Samu 83 à Toulon et secrétaire générale de SUdF. Au 27 mars, poursuit-elle, « ils étaient 21 349 patients formellement déclarés, soit toujours en extrapolant à l’ensemble des établissements, plus de 140 000 malades…
Sources : L’Opinion / Le Libre Penseur