Au nouveau spectacle de Dieudonné, «système, juifs et homos»

Au nouveau spectacle de : Récit d'un média mainstream Libération (par Sylvain Mouillard)

L'humoriste se produisait à la Main d'or jeudi soir, pour la première représentation de «La bête immonde».

«Mesdames et messieurs, la haine !» Le rideau de la scène du théâtre de la Main d'or s'ouvre. apparaît, hilare. Il porte un pyjama orange de détenu de Guantanamo, traîne des fers aux pieds. Un détail, le mot «quenelle» brodé au niveau de la poitrine. Le décor est minimaliste. Seule la réplique d'un Famas, fusil mitrailleur de l'armée française, attire l'attention sur son pupitre. «L'humoriste» présente ce jeudi soir son nouveau spectacle, «La bête immonde», dans son fief du XIe arrondissement parisien.

Il y a six mois, son précédent show, truffé de saillies antisémites, avait été interdit par le Conseil d'Etat. Dieudonné s'en souvient bien, et ne se prive pas d'en jouer. Il est «l'antéchrist», «le mal». Comme à son habitude, il se met rapidement la salle dans la poche. Il y a «eux» – comprendre le «système» -, et il y a «nous». Les éventuels ennemis, «journalistes et huissiers» qui seraient venus assister à sa première, sont immédiatement raillés. Le public, «venu rigoler avec la bête immonde», est aux anges.
 

Dieudonné ne traîne pas. D'emblée, il en vient à son fond de commerce, «les juifs». Le mot est prononcé des dizaines de fois en début de spectacle. Le polémiste flirte avec la ligne jaune, mais il reste sur ses gardes, sûrement échaudé par ses précédents dérapages, notamment contre Patrick Cohen. Le journaliste de n'aura le droit qu'aux chuintements de la salle quand son nom est prononcé, ainsi que celui de l'acteur Pascal Elbé. Cette mimique imagée, doigt pointé vers le ciel et yeux plissés, en prononçant «Au-dessus, c'est le soleil», est un classique de la galaxie «Dieudonné». Elle signifie que lorsqu'on parle de certains sujets, la Shoah surtout, on s'attaque à ce qu'il y a de plus sacré.

Dieudonné désigne son régisseur, Jacky Sigaud, placé au fond de la salle : «Si on lui met un pyjama et une kippa, il y a moyen de gratter des subventions !», lance-t-il. Et d'enchaîner contre les médias, en faisant mine de tirer dans le public, son Famas de pacotille à la main : «Si je tuais un journaliste, de surcroît juif, ça serait grave.»

CONCHITA WÜRST ET

Il en vient à la concurrence mémorielle, un thème qui lui est cher. Le commerce triangulaire ? C'est «une spécialité juive». Les «négroïdes» en ont été les premières victimes, tel cet ancêtre de Nicolas Anelka, que «l'humoriste» décide d'incarner sur scène. L'homme, esclave, est évidemment aux mains d'un juif néerlandais. D'ailleurs, l'esclavagiste juif n'a-t-il pas «mieux géré l'après-génocide que le » ?

Pendant 75 minutes, Dieudonné parle de lui-même, de l'actualité, des juifs, mais aussi des sexualités. Conchita Wurst, la drag queen autrichienne qui a remporté le dernier concours de l'Eurovision, est le nouveau repoussoir. Pourquoi ne pas désigner un «singe» vainqueur directement, se demande le polémiste ? Le voilà se projetant en 2050 pour les besoins du spectacle. Un temps où «l'hétérosexualité est arrivée à son terme», preuve d'une société qui a changé à partir de l'ouverture du mariage aux couples gays.

Dieudonné incarne d'abord une Québécoise qui vit avec un cochon. Puis un père de famille hétéro, mais qui réalise que ce n'est pas la bonne manière de vivre. Dans son enfance, il regardait «La petite maison dans la prairie». Désormais, les choses ont changé : «A la télé, on encule un âne.» Mais gare ! Dieudonné n'est «pas homophobe». La preuve, il a été témoin d'un en prison, entre deux détenus, Germain Gaiffe et Alfredo Stranieri, condamnés respectivement à trente ans de réclusion criminelle et à la perpétuité.

Le spectacle se termine, et le «comique» finit par assumer ses visées politiques : «J'ai opté pour le rire face à l'axe américano-sioniste», dit-il. Son ambition ? Mettre une«quenelle» dans le «fion du système» et «libérer la France du ».

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