La cinquantaine d’intermittents qu occupait jeudi après-midi le hall du ministère de la Culture a levé le camp en début de soirée. Ils appellent néanmoins à des manifestations à Paris et en province le 27 février prochain, pour protester contre les propositions du Medef.
Le ton est monté ce jeudi sur le dossier des intermittents, et la tension ne devrait pas redescendre de sitôt. Les propositions chocs du Medef , formulées mercredi, ont déclenché les foudres des intermittents : l’organisation patronale, dans le cadre de la négociation en cours sur l’assurance-chômage, souhaite notamment la suppression de leur régime. Le représentant de la CGT, Eric Aubin, est même allé jusqu’à déchirer le texte patronal devant les caméras, à son arrivée jeudi au siège du Medef où se tenait cette troisième séance de négociation. Depuis le très médiatique conflit des intermittents en 2003, qui avait vu l’annulation de nombreux festivals estivaux, les partenaires sociaux se sont gardés d’ouvrir cette boîte de Pandore.
« C’est une provocation », a ainsi estimé Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle. Mercredi, le syndicat a appelé à une assemblée générale ce jeudi, à la veille des Victoires de la musique, « pour organiser la nécessaire mobilisation ».
Occupation puis manifestations
Une cinquantaine d’intermittents a d’ailleurs occupé, jeudi pendant tout l’après-midi, le hall du ministère de la Culture pour défendre ce statut, réclamant une intervention de la ministre de la Culture. Celle-ci n’a pas tardé. « Je réaffirme mon attachement et l’attachement du gouvernement, avec le ministre du Travail Michel Sapin, au régime d’assurance chômage des intermittents », a déclaré dans l’après-midi Aurélie Filippetti. Les propositions du Medef sont « une provocation », a-t-elle estimé. La ministre s’est dite « extrêmement vigilante et attachée à un régime d’assurance chômage des intermittents qui permette justement de répondre à l’extrême précarité de ces professionnels ». En fin de journée jeudi, le groupe a finalement quitté les lieux, mais appelle à manifester à Paris et en province le jeudi 27 février prochain.
Les militants de la CGT Spectacle, du Syndeac et de la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France ont constaté dans un communiqué « l’incapacité de la ministre à répondre à leur revendication ». Ils réclament un communiqué conjoint des ministères du Travail et de la Culture garantissant qu’il n’y aura aucun agrément d’un accord sur l’assurance chômage qui ne prévoit pas le maintien des annexes 8 et 10 spécifiques aux salariés du spectacle. « Nous constatons que nous ne sommes pas réellement soutenus par la ministre contre les attaques du Medef et que nous devrons aller chercher ce soutien ailleurs », indiquait le communiqué lu jeudi soir par un militant.
« Casse-cou »
Jeudi dans la matinée, Jean-Marc Ayrault avait accusé le patronat de jouer au « casse-cou » . Le Premier ministre a « déconseillé au Medef de persévérer dans son erreur » sur les intermittents.
La CFDT et FO ont également accusé le patronat de vouloir faire du « buzz » avec le dossier des intermittents. La représentante de la CFDT Véronique Descacq a fermé la porte à toute négociation sur ce sujet « qui ne fait pas partie de la négociation ». « On ne veut pas en parler », a-t-elle insisté. « Il est hors de question que l’on touche à la question des intermittents », a renchéri son collègue de FO Stéphane Lardy, qui s’est toutefois démarqué du geste de la CGT. « Moi, je suis quelqu’un de poli, d’écologique, je ne jette pas le papier par terre ! », a-t-il ironisé. Mais il a aussi jugé l’autre proposition patronale de modulation des allocations chômage en fonction de la conjoncture « tout à fait absurde ».
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Source: Les Echos