Selon Le Monde, Charles Van Houtte a assuré aux enquêteurs que les emplois d’assistants parlementaires du garde du corps et de la directrice de cabinet de Marine Le Pen étaient fictifs.
Un témoignage accablant d’un homme clé dans le système FN au Parlement européen. Le Monde révèle ce mercredi ce qu’a dit en septembre 2017 à la justice Charles Van Houtte, comptable fiscaliste belge et ancien assistant parlementaire accrédité de Marine Le Pen au Parlement européen. Cet ex-administrateur au Parlement européen auprès du groupe parlementaire Europe des nations et des libertés était entendu dans le cadre de l’enquête sur de supposés emplois fictifs d’assistants parlementaires FN à Strasbourg. Dans cette affaire, plusieurs élus FN, dont Marine Le Pen, sont mis en examen.
Selon le récit de Charles Van Houtte, qui a supervisé jusqu’en 2015 pour le FN les “tableaux de synthèse pour tous les députés afin d’avoir une vue globale sur les dépenses”, le contrat d’assistant parlementaire de Thierry Légier, le garde du corps de Marine Le Pen, était bel et bien “fictif”. Même réponse concernant la directrice de cabinet Catherine Griset, elle aussi soupçonné d’avoir bénéficié d’un contrat fictif d’assistante parlementaire. “Pour répondre à votre question, elle n’a pas exercé ses fonctions d’assistant accrédité à temps plein”, explique, à son sujet, Charles Van Houtte.
Des propos qui viennent contredire la défense de Marine Le Pen qui a toujours nié le caractère fictifs des emplois concernés, tout en contestant la compétence des juridictions pénales françaises à s’y intéresser.
“Des problèmes de comportement et de gestion”
Contrairement à l’ancien chef de la délégation FN Aymeric Chauprade, qui avait affirmé en mars 2017 à L’Express que Marine Le Pen avait sciemment mis en place un système d’assistants parlementaires travaillant en réalité pour le parti et non pour les eurodéputés, Charles Van Houtte reste prudent sur la connaissance qu’il aurait pu avoir d’un système pensé et organisé comme tel. “Effectivement, un système de gestion collective a été mis en place, mais pas dans le but que vous me citez. A mon niveau, j’impute des sommes correspondants à des salaires dans des budgets. Moi, je ne sais pas si la stratégie est d’avoir des emplois fictifs. Je ne connais pas tout le monde et ne sais pas si leur travail a bien été effectué”, a-t-il affirmé aux enquêteurs, selon Le Monde.
Philippot dément avoir touché 16 500 euros par mois
Au sujet d’un e-mail datant de septembre 2011, le même Charles Van Houtte affirme qu’ “on y voit notamment que ça permet la prise en charge de l’expert dont le coût salarial est de 16 500 euros par mois. L’expert est Florian Philippot. A l’époque, je ne savais pas qui c’était. (…) Quant à savoir pourquoi il a été décidé d’engager un expert [sur le budget de Marine Le Pen] en tant qu’assistant parlementaire plutôt qu’en tant que prestataire de services externe, je pense que le Parlement est moins regardant à engager un assistant qu’un prestataire de services externe, car ils ont peur des surfacturactions.”
Contacté par L’Express, l’avocat de Marine Le Pen Rodolphe Bosselut n’était pas joignable ce mercredi après-midi. Au Monde, il n’a pas souhaité faire de commentaires.
Contacté par L’Express, Florian Philippot dément catégoriquement avoir touché 16 500 euros par mois en tant qu’expert. “J’ai été salarié à mi-temps d’octobre 2011 à juin 2012 comme assistant parlementaire local de Marine Le Pen et j’étais payé 4 000 euros net. Si j’avais omis de déclarer cette somme au Parlement européen lorsque j’ai été élu député en 2014, je serais en taule aujourd’hui”, réagit-il. Le président des Patriotes assure n’avoir “aucune idée” des raisons pour lesquelles Charles Van Houtte a cité son nom et cette somme.
Source : L’Express /