A Bangkok, l’opposition occupe le ministère des Finances

Des centaines d’opposants au gouvernement sont entrés dans les locaux du ministère des Finances thaïlandais lundi matin et menacent d’occuper d’autres ministères.

Un millier de manifestants hostiles au Premier ministre thaïlandais, Yingluck Shinawatra, sont entrés de force lundi au siège du ministère des Finances à Bangkok. Les chefs de file de la contestation ont appelé à occuper d’autres bâtiments publics afin de faire chuter le gouvernement.

«J’invite les manifestants à rester ici durant la nuit, au ministère des Finances», a lancé un leader du mouvement, Suthep Thaugsuban, à la foule rassemblée devant l’immeuble. «J’exhorte les autres manifestants à faire de même et à s’emparer d’autres bâtiments publics à travers le pays», a-t-il dit.

Plusieurs centaines de personnes se sont ensuite massées devant le département des Relations publiques, un service dépendant du chef du gouvernement et gérant les communications officielles. Le bâtiment abrite aussi Radio Thaïlande, la «voix» du gouvernement en anglais et en thaï.

Au total, plus de 30’000 manifestants ont défilé lundi à travers la capitale thaïlandaise en direction de bâtiments publics, de casernes militaires ainsi que des sièges de chaînes de télévision publiques, pour inciter les fonctionnaires à se joindre à leur mouvement.

Criant «Thaksin dehors, l’armée avec nous», certains participants ont appelé à une intervention militaire dans un pays qui a connu 18 coups d’État ou tentatives depuis l’établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932, dont celui qui a renversé Thaksin Shinawatra en 2006, le frère de Yingluck Shinawatra. Les opposants ont symboliquement remis des roses à des membres des forces de l’ordre.

Éparpillés dans la capitale, les manifestants agitaient des drapeaux thaïlandais dans un bruit assourdissant de sifflets qui sont devenus leur signe de ralliement. Les rues du centre de Bangkok, d’habitude embouteillées, étaient vides, hormis les manifestants. Et de grands parpaings de béton bloquaient l’accès au siège du gouvernement.

Projet d’amnistie

L’opposition est mobilisée en Thaïlande depuis la présentation en octobre d’un projet d’amnistie dont aurait pu bénéficier Thaksin Shinawatra, lui-même ancien Premier ministre. Celui-ci est actuellement en exil à Dubaï en raison d’une condamnation en 2008 pour corruption.

Dimanche, des manifestations ont rassemblé 180’000 personnes, selon le chef du conseil de sécurité nationale, Paradorn Pattanathabutr, 100’000 personnes selon la police. Cette mobilisation est d’une ampleur inédite depuis les troubles meurtriers survenus en 2010 entre partisans et adversaires de Thaksin Shinawatra.

Face à cette fronde, le projet d’amnistie a été suspendu, mais la mobilisation s’est transformée en un mouvement de contestation généralisé contre Yingluck Shinawatra, considérée par ses opposants comme la marionnette de son frère. «La semaine est pleine de dangers. Les options sont très limitées pour le gouvernement», selon Thitinan Pongsudhirak, politologue à l’université Chulalingkorn de Bangkok.

Motion de censure

Un débat sur une motion de censure est prévu mardi au Parlement, mais Yingluck Shinawatra affirme qu’elle ne démissionnera pas. «Je n’ai aucune intention de démissionner ni de dissoudre la Chambre», a-t-elle dit à la presse. «Le gouvernement a toujours les moyens de fonctionner, même si nous sommes confrontés à quelques difficultés. Toutes les parties ont affiché leurs objectifs politiques et elles doivent maintenant se tourner les unes vers les autres et discuter afin de trouver une issue pacifique pour le pays.»

Thaksin Shinawatra est populaire dans les campagnes et parmi les pauvres mais contesté par la classe moyenne et urbaine de Bangkok, ainsi que par l’élite proche du palais royal.

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Source(s): euronews (en français) / YouTube / Tribune de Genève / Par ats/afp/Newsnet, le 25.11.2013 / Relayé par Meta TV )

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