Une Niçoise de 98 ans et sa fille expulsées de chez elles

L'arrêté signé par le préfet a été exécuté ce mardi matin. La Niçoise âgée de 98 ans se retrouve à l'hôpital, dans l'attente d'une place en maison de retraite, et sa fille est, elle, à la rue

C'est l'épilogue d'un combat mené depuis plusieurs mois : une dame grabataire, âgée de 98 ans, et sa fille, retraitée, ont été expulsées ce mardi matin. L'arrêté du préfet accordant le concours de la force publique et permettant de déloger les deux femmes était exécutable depuis le 25 août dernier.

Une ambulance, des médecins et un déploiement de policiers avaient été mobilisés dès 8 heures dans l'avenue Sainte-Claire à Cimiez. La dame âgée a été conduite à l'hôpital Saint-Roch tandis que sa fille a été expulsée et laissée dans la rue avec quelques sacs entassés dans une voiture.

« Je ne sais pas quoi faire… Je vais aller voir ma mère, je ne peux pas la laisser seule à l'hôpital ! », s'est exclamée Linda Carletti. Choquée, impuissante, elle a dénoncé le comportement des forces de l'ordre : « C'est un , c'est ignoble ! Il y a eu des policiers en tenue, en civil et en nombre alors que nous ne sommes que deux femmes ».

Les deux avocates qui défendent les deux femmes, Mes Pascale David-Bodin et Houde Zgaren n'en revenaient pas non plus : « On a subi des tentatives d'intimidation à l'initiative de la police. Mais nous sommes surtout très inquiètes pour cette dame âgée de 98 ans et sa fille qui sont séparées, la seconde se retrouvant à la rue ».

Deux référés liberté engagés successivement par les deux défenseurs n'ont pas permis de suspendre la procédure d'expulsion. Me David-Bodin, scandalisée par le traitement réservé aux deux femmes, s'interrogeait sur place : « Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas pu attribuer un logement social, il y a déjà six mois, éviter ainsi l'expulsion ».

En quête d'un logement social

Devant le tribunal administratif, la préfecture avait pointé « le manque d'engagement »de Linda Carletti dans les procédures qui auraient permis de trouver une issue différente. Linda Carletti avait expliqué que les frais médicaux indispensables à sa mère et les aliments absorbaient intégralement leurs modestes retraites.

D'ailleurs, le 10 octobre dernier, la commission de surendettement avait établi que leur dossier, le second déposé, était recevable. À l'origine, les deux femmes n'étaient pas dans le besoin, mais étaient dépendantes des intérêts perçus grâce à un prêt conséquent accordé à un unique débiteur.

C'est sa défaillance qui les a privées des ressources indispensables pour honorer leur loyer. Et depuis trois ans, les deux femmes sont dans une impasse, tout comme leurs propriétaires.

Elles ne peuvent plus compter que sur la , une action au civil a été entamée, afin de récupérer leur créance. Mais en attendant, ces deux Niçoises se retrouvent séparées et la plus jeune est à la rue.

Ce mardi, les amis des deux femmes ont tenté d'agir auprès des élus, dans l'espoir d'aboutir à une solution de relogement permettant de réunir à nouveau la mère et la fille.

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Source : Nice Matin, le 29.10.2014

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