Après le coup d’arrêt à l’avance ukrainienne opéré ces derniers jours par les forces indépendantistes, c’est une attaque en règle qui se déroule en ce moment dans le secteur de Lugansk de la part des forces kieviennes. A l’heure actuelle, de violents affrontements opposent au moins trois brigades (incomplètes) de l’armée ukrainienne renforcées par des éléments de la garde nationale et de la 3e brigade des forces spéciales, aux unités de Nouvelle Russie. L’assaillant a voulu percer au nord de la ville et des hélicoptères auraient déposé des troupes dans certains secteurs de l’agglomération. Un contournement de la ville par l’ouest serait en ce moment tenté.
La nuit dernière, une reconnaissance offensive par l’ouest de l’agglomération de Lugansk a été suivie d’une attaque massive des forces gouvernementales ce matin sur la ville avec quelque 70 blindés, en outre des hélicoptères auraient débarqué des « forces spéciales » en centre-ville. La situation est extrêmement confuse depuis le début de la journée et nombre d’informations sont contradictoires.
Une douzaine de blindés auraient pénétré en fin de matinée au nord de la ville, dans la zone résidentielle, d’intenses combats sont entendus en ce moment. Deux colonnes mécanisées se sont progressivement avancées au sud de Metalist, à l’entrée même de l’agglomération de Lugansk, appuyées par des tirs de batteries de mortiers de 120 et de salves de BM-21. Il est aussi possible qu’au sud de Metalist, les forces ukrainiennes aient employé une batterie de 152 mm automoteur MTSA-S pour « traiter » la zone (photo). Une école a été touchée dans la ville de Lugansk.
Il y aurait au nord de Metalist pas moins de trois batteries d’artillerie lourde : une de 6 automoteurs de 152 2S3 Akatsya ; 12 BM-21 Grad ; 8 BM-27 Uragan.
L’attaque serait appuyée par deux avions, dont au moins un a violé l’espace aérien russe. Il semblerait que des cluster-bombs aient été larguées de la part de l’aviation ukrainienne sur des positions supposées de la milice. Un drone russe d’observation aurait été abattu par les forces de Kiev au-dessus de Lugansk.
A l’ouest de l’agglomération, à moins de 5 km, les forces kieviennes semblent avoir pénétré dans le village de Sabivka. Oleksandrivsk, encore plus proche de Lugansk, serait aussi menacée.
On signale aussi des affrontements à 10 km au sud de Lugansk, dans les bourgades d’Heorhiivka et de Rozkishne.
ATTENTION, cette vidéo contient des images horribles !
Et pas un seul mot dans nos médias hypocrites
Lugansk : groupe de combat de la milice au petit matin : on notera le BM-21 Grad, les trois canons BS-3 M1944 de 100 mm tractés par MT-LB, de même que le ZU-23/2 sur camion Ural.
Le secteur nord de l’agglomération, ce soir, est un vrai champ de bataille, mais les quelques éléments blindés qui ont tenté une percée dans l’après-midi semblent avoir été soit détruits, soit repoussés. La milice a utilisé massivement des postes de missiles antichars Fagot et Metis-M, de même que des pièces antichars lourdes de 100 mm BS-3 « Rapira » (aperçues dans les vidéos). Plusieurs blindés ont été détruits du côté des assaillants.
Ce soir, des salves de roquettes de 122 mm (BM-21) sont tirées toutes les demi-heures sur l’agglomération, notamment dans le secteur nord, à l’emplacement du Bataillon Zarya.
Dans le secteur de Snizhne (juste à l’est de Torez et au nord-ouest de Saur-Mogila), exactement entre Lugansk et Donetsk, la milice a touché un hélicoptère d’assaut Mi-24 hier, au moyen d’un tir de missile sol-air, alors que les combats s’intensifiaient sur Saur-Mogila. Embuscade dans le secteur sud de Snizhne dans la journée : la milice, conduite par le commandant Evgenii Gorbik, a détruit 27 véhicules (dont des blindés) sur une colonne de 30, subissant pour sa part 5 blessés et 2 tués.
Des combats, ce soir, sont signalés à l’est de Krasnodon, près de la frontière russe. Contrairement à ce que Kiev annonce, à la tombée de la nuit l’aéroport de Lugansk n’est toujours pas « dégagé » de l’encerclement des forces du Donbass. Un important incendie (citernes de carburant ?) est même signalé à proximité.
Ce matin, plus à l’est de Lugansk et dans le secteur nord de la poche du Donbass, Severodonetsk a été l’objet de violents tirs d’artillerie gouvernementaux, la ville a subi des dommages importants, mais il n’y a pas eu de morts et de blessés.
La situation évolue aussi autour de Donetsk : l’armée ukrainienne rassemble des véhicules blindés, des unités d’artillerie et des troupes en quantité, essentiellement à la périphérie sud et ouest de la ville. Le front ouest s’étale sur une ligne nord-sud à une quinzaine de kilomètres de Donetsk. C’est dans ce secteur qu’un chef de compagnie du « Bataillon Donbass », Dmitry Kuzmin, a été tué hier. Des tirs de mortiers sur Mariynka ont fait deux blessés dans les rangs de la milice.
Patrouille d’un groupe de la milice du Donbass dans Karlivka, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Donetsk. Les dégâts dus aux tirs d’artillerie gouvernementaux sur la zone résidentielle sont impressionnants. Des déchets de roquettes de 122 mm Grad à fragmentation parsèment le sol.
Le résultat de la politique « proeuropéenne » de la clique putschiste à Mariynka, à l’ouest de Donetsk. Attention les images sont très dures. « Pas de bombardements sur les villes » avait dit la veille encore Petro Porochenko. Et c’est ce genre de comportement envers les populations que les crétins congénitaux, qui soutiennent les « nationalistes » (sic) ukrainiens par haine pathologique des Russes, nous demandent d’approuver.
Le rapport de forces tend à s’inverser
A Donetsk, depuis le retrait des forces indépendantistes de l’ex poche de Slaviansk-Kramatorsk, le commandant des unités combattantes de Nouvelle Russie, Igor Strelkov (Girkin), a mis de l’ordre dans l’organisation de la défense de la ville et de la ligne de front, tout en unifiant le commandement et a commencé à régler divers problèmes : manque d’effectifs, sous-équipement en artillerie, blindés et munitions, querelles entre chefs de groupes, tentatives de trahisons politiques…
Dans ces conditions, la situation risque donc de durer encore un petit moment et on comprend mieux pourquoi le gouvernement de Kiev cherche désormais à provoquer un conflit en Crimée. Selon l’analyste Louis-Benoît Greffe, il faut détourner l’attention de l’opinion nationale et surtout internaitonale sur la situation dans le Donbass où les unités gouvernementales sont pour le moment bloquées dans leur offensive.
Attaquer la Crimée, amènerait immanquablement Moscou à réagir fermement et engagerait l’ensemble de la région dans un conflit généralisé avec, vraisemblablement, l’intervention de l’OTAN. Car, en quelques heures seulement, les forces russes basées en Crimée ne feraient qu’une bouchée des unités ukrainiennes.
A peine le ministère des Affaires étrangères russe a-t-il averti que les provocations de Kiev consistant à tirer des obus sur le territoire russe devaient cesser, sous peine de riposte, que l’on apprend que des obus tirés depuis le territoire ukrainien ont explosé dans la cour de deux maisons à Donetsk, village russe de la région de Rostov-sur-le-Don (à ne pas confondre avec la Donetsk ukrainienne – ndlr), à plus de 40 km à l’est de Lugansk, faisant un mort et deux blessés.
Kiev ne parvient pas à couper les milices de Nouvelle Russie de leur ravitaillement en provenance du territoire russe, pire, le « corridor » de pénétration semble être un échec. D’ailleurs, cette tactique pousse nombre d’observateurs, y compris des moins hostiles à la junte, à s’interroger sur le bon sens du commandement ukrainien : comment justifier le fait d’engager autant d’unités sur un secteur dont on peut être sûr que les artères logistiques seront immanquablement attaquées en permanence par l’adversaire ? La dernière salve d’artillerie des forces du Donbass dans ce secteur a touché, ce matin, des éléments de la 72e brigade mécanisée au sud de Serdlovsk, faisant 7 morts et une douzaine de blessés.
De Donetsk à Lugansk et passant par Gorlivka, les forces indépendantistes tiennent bon, d’autant que désormais, elles disposent de plusieurs dizaines de chars lourds (T-64BV, T-64BM Bulat), de blindés d’infanterie (BRDM-2, BMP-2, BMD-2, BTR-70 et 80, MT-LB…), de moyens d’artillerie réduits en nombre mais très efficaces bien employés (Nona, mortiers de 120 Sani, BM-21, canons de 100 mm…), de systèmes sol-air portables et mobiles (Strela-10), pris à l’ennemi. Aussi, le rapport de forces tend à s’inverser.
A noter la multiplication des opérations de diversion et les attaques sur les arrières des forces gouvernementales (notamment à Mariupol, à Kramatorsk et à Slaviansk) et aussi à Kharkov (sabotages), à Odessa (contribution humanitaire ; renseignement ; attaque de postes isolés ukrainiens) ou même à Uzhgorod dans l’ouest du pays.
Heurts à Kharkov entre pro et anti atlantistes, la police protégeant les séides du mondialisme, bien moins nombreux.
Une presse US pas si dupe
La presse qui n’est pas aux ordres n’est pas bien vue en Ukraine « proeuropéenne » et atlantisée. Beaucoup trop de journalistes ont été tués depuis le printemps (essentiellement des Russes). Le journaliste de Mariupol, Sergueï Dolgov, qui était porté disparu depuis le 18 juin, a été tué à Dniepropetrovsk. Très hostile au putsch de l’hiver dernier et dénonçant régulièrement les magouilles de l’oligarque Ihor Kolomoisky, le fourrier de Praviy Sektor, Dolgov avait été enlevé par des éléments du « Bataillon Dnepr », escadron de la mort justement financé par Kolomoisky. Son corps a été retrouvé dans la banlieue de Dniepropetrovsk. Reporters sans frontières n’a pour le moment pas trouvé utile d’évoquer ce crime.
D’autres journalistes, américains ceux-là, risqueraient gros s’ils s’aventuraient en Ukraine « proeuropéenne ». En effet, une partie de la presse US commence à se pauser les bonnes questions.
Faisant suite à la dénonciation légitime de Stephen Cohen (The Nation) quant à l’attitude veule de l’Administration Obama et des élites américaines sur le drame que subissent les Ukrainiens de l’Est à cause de la politique belliqueuse de Kiev poussé par Washington, le journaliste américain Michael Birnbaum, dans le très influentWashington Post du 12 juillet, dresse un portrait peu amène de la « libération » de Slaviansk et de la manière dont est menée l’opération « antiterroriste » en Ukraine. Un œil critique que l’on aimerait avoir dans la presse française.
Même approche dans le New York Times, où Sabrina Tavernise souligne que ce sont tout d’abord les civils qui paient le prix fort de l’avancée des forces gouvernementales.
Le très radical Oleg Lyachko (qui cornaque le « Bataillon Azov », l’escadron de la mort de Svoboda) demande à ce que la loi martiale soit instaurée dans les régions de Donetsk et de Lugansk, précisant qu’il ne s’agit plus d’une « opération antiterroriste » mais bien d’une « guerre » (source). Ce sur quoi nous sommes entièrement d’accord, une fois n’est pas coutume, il s’agit bien d’une guerre faite par Kiev à son propre peuple.
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Source(s) : Nations Presse Info / Par Jacques Frère, le 13.07.2014 / Relayé par Meta TV(meta.tv)
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