L'Anti-Defamation League dénonce les références au "complot juif" en Turquie après la tragédie minière de Soma
L’Anti-Defamation League (ADL) a fait part jeudi de sa profonde préoccupation face aux “théories du complot injustifiées et blessantes” exprimées par certains hommes politiques et medias turcs qui pointent la responsabilité de la “conspiration juive” dans la tragédie minière de Soma.
L’ADL a appelé vendredi le gouvernement turc à condamner les références au "complot juif" par des politiciens turcs dont le député Burhun Kuzu, et les médias turcs, parmi lesquels le journalYeni Akit.
Le directeur national de l’ADL, Abraham H. Foxman, a rappelé ce que type de declarations “n’avaient pas leur place sur la place publique" et qu’elles ne respectaient pas les victimes du drame et leurs familles.
“Nous appelons le Premier ministre turc Erdogan à condamner publiquement les tentatives d’associer les Juifs à cette tragédie”, a-t-il déclaré.
Plus tôt cette semaine, le chroniqueur Hasan Karakaya du journal islamiste Yeni Akit, a affirmé que la presse attaquait le Premier ministre sur l’accident minier de Soma parce que le gendre du propriétaire de la mine est de religion juive. Par ailleurs, M. Karakaya a accusé le Freedom House (centre d'étude sur la démocratie) de surclasser Israël dans ses rapports sur la liberté de presse, au pretxte que "son président est juif et l’organisation est financée par Jérusalem".
La semaine dernière, le Premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan avait tenu des propos antisémites en s'en prenant physiquement mercredi à un contestataire sur les lieux d'une explosion de mine meurtrière, selon des médias locaux.
Dans une vidéo publiée sur les sites internet des journaux d'opposition, dont Sözcü, on voit M. Erdogan lancé "Où vas-tu, espèce de sperme d'Israël" après qu'un manifestant l'a critiqué pour sa gestion de la catastrophe qui a tué près de 300 personnes dans une mine de charbon dans à Soma, dans l'ouest de la Turquie.
La vidéo montre le chef du gouvernement, entouré de nombreux gardes du corps, entrer dans une supérette de Soma, non loin de la mine,et s'acharner les bras tendus contre une personne non identifiée, en lui lançant cette diatribe.
Les atteintes à la liberté de la presse pointées du doigt
Par ailleurs, selon un rapport de Freedom House publié ce mois-ci, la Turquie a connu la plus forte baisse de la liberté de la presse en Europe.
La Freedom House a rétrogradé le statut de la Turquie de "partiellement libre" à "non libre. La Turquie a ainsi intégré la même catégorie que la Libye, le Soudan du Sud, l'Ukraine et la Zambie.
Le gouvernement d’Erdogan a immédiatement rejeté le rapport qu'il accuse de dépeindre à tort la Turquie comme un régime autoritaire qui muselle la presse.
Freedom House a déclaré qu’avec au moins 40 journalistes derrière les barreaux au 1er Décembre 2013, la Turquie est devenue le premier geôlier des journalistes au monde.
Le Premier ministre turc a fait l’objet de vives critiques de la part des politiciens occidentaux et des groupes de défense des droits de l'homme pour avoir lancé une compagne de répression de grande envergure sur Internet qui a notamment abouti à la fermeture de Twitter pendant deux semaines. Le site de partage de vidéos YouTube est également bloqué depuis la fin mars, malgré deux décisions de justice demandant la levée de l’interdiction.
Inauguration d'une synagogue rénovée
L’ambassadeur israélien à Ankara Gabby Levy, renvoyé par le gouvernement turc en 2010 suite à la crise du Mavi Marmara, retourne cette semaine en Turquie pour assister à l’inauguration d’une synagogue rénovée par les autorités turques, après l'autorisation du gouvernement Erdogan.
Les autorités turques ont récemment achevé la restauration d’une synagogue dans la ville de Bergama en Turquie.
Lorsque Gabby Levy est entré en poste en 2007, il a tenté de convaincre les responsables turcs locaux de rénover l'édifice afin d'attirer des milliers de touristes de passage dans la région pour visiter la cité grecque de Pergame.
Les travaux ont été entrepris et financés par le gouvernement de la province d’Izmir dont depend la ville de Bergama, par le ministère du Tourisme turc, l’UNESCO et l’Union Européenne.
L’aide accordée pour la restauration de la synagogue est l’une des plus élevées approuvée par le gouvernement turc pour ce type de projet ces dernières années.
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Source(s) : i24news.tv, le 24.05.2014