Les deux jeunes hommes expliquent dans une vidéo, qui circule actuellement sur les réseaux sociaux, qu’ils sont arrivés avec 500 euros en poche et un sac à dos à Donetsk pour apporter leur aide aux milices de la République autoproclamée de Donetsk (considérées comme des pro-russes) qui se battent contre le gouvernement de Kiev.
Sur cette vidéo, les deux jeunes hommes expliquent :
"Nous sommes ici pour que le monde puisse voir que ce que disent les télévisions espagnoles et américaines sont des mensonges. Les gens ici ne sont pas des terroristes, ils ne sont pas des criminels, ils défendent seulement leurs maisons et leurs familles. Le monde doit se battre pour eux et pour leur liberté."
Les deux jeunes ont intégré les "brigades internationales" du bataillon Vostk, regroupant des combattants étrangers venus des pays voisins. Ce sont des militants communistes. Ils identifient le conflit actuel dans le Donbass à la guerre civile qui opposa, dans l’Espagne des années trente, le camp des républicains, orienté à gauche et extrême gauche, à celui des nationalistes d’extrême droite dirigé par le général Francisco Franco.
Ils sont apparus dans une autre vidéo, poing levé et arme à la main.
Nous avons pu joindre l’un d’eux, Rafael Muñoz. Il est âgé de 27 ans et est originaire de Gijón (Asturies).
Bien qu’il ait posté plusieurs photos de lui sur Facebook où on le voit brandir fièrement une arme, il n’a pas voulu nous dire s’il comptait vraiment combattre. Le jeune espagnol apparaît exalté par son périple en Ukraine, mais son argumentation politique est surprenante.
Je suis militant de la Gauche unie en Espagne, affilié à l’Union de la jeunesse communiste de l'Espagne (UJCE) et de divers mouvements sociaux, écologistes et pro-animaux. Je me considère comme républicain parce que je crois que le chef d’État doit être choisi par le peuple qu’il représente. Dans le cas espagnol, la monarchie actuelle a été imposée par le dictateur Franco, c’est un héritage vivant de ce régime qui n’a pas encore totalement disparu.
Avec mon ami Angel, nous sommes arrivés à Kiev par avion le 26 juillet. Mais nous n’avons pu prendre le train pour Donetsk que cinq jours plus tard, car nous avons eu quelques problèmes dans la capitale. La compagnie aérienne a perdu nos bagages. Nous avons donc attendu pour les récupérer et pris une chambre d’hôtel près de l’aéroport. Nous avons ensuite dû racheter de billets de trains, car les premiers, achetés sur Internet, n’étaient plus valables. Cela nous a coûté beaucoup d’argent. En plus, nous avons été victime d’une escroquerie à la gare de train Central Vokzal…
Le voyage pour Donetsk a été mouvementé. Dans le train, nous avons été arrêtés par deux soldats accompagnés de personnes sans uniformes. Ils nous ont mis dans un compartiment séparé où ils nous ont interrogés rudement. Ils ont fouillé toutes mes affaires, qu’ils ont minutieusement filmées, notamment les numéros d’appel de mon téléphone portable.
"J’ai vendu ma voiture pour partir"
Ils nous ont contraints à signer un document indiquant que nous nous dirigions vers une zone de conflit et que si nous collaborons avec une milice nous serions considérés comme des criminels par l’État ukrainien. Ils nous ont ensuite relâchés. Tous les autres passagers ont dû signer le même document. Nous avions peur de compromettre la sécurité du bataillon que nous allions rejoindre et nos contacts à Donetsk. Mais nous les avons eu au téléphone et ils nous ont rassurés, nous avons donc continué. Et à notre arrivée, nous avons été chaleureusement accueillis.
Mon ami Angel est très jeune, ça famille est très préoccupée car il a seulement 22 ans. Mais elle semble avoir compris les raisons de son départ.
Pour ma part, cela fait un moment que je planifiais ce voyage. J’ai suivi depuis plusieurs mois le conflit en Ukraine, à travers la télévision et les réseaux sociaux. J’ai compris que les informations étaient manipulées par des médias occidentaux. J’ai donc vendu ma voiture et décidé de partir pour le Donbass afin d’aider cette population victime des arrestations, des tueries et des bombardements du régime de Kiev. C’est ce qu’on fait d’autres combattants de la liberté pour sauver mon pays en 1936. À cette époque, les puissances regardaient ailleurs et mon pays a fini par subir le joug de la dictature franquiste pendant 40 ans. Je me bats pour la justice sociale et la liberté des peuples.
J’ai dû dire à ma mère que je partais pour faire un travail humanitaire. Je ne voulais pas l’inquiéter car elle a des problèmes cardiaques. Mais malheureusement, elle va certainement finir par savoir. Ma sœur l’a déjà appris par le biais des réseaux sociaux. Elle a des convictions différentes et est vraiment très en colère. Nos rapports se sont détériorés.
Les miliciens qui se battent aujourd’hui contre le régime de Kiev ne veulent pas faire partie de l’Union européenne. La seule chose qu’elle apportera, c’est une hausse des prix accompagnée d'une baisse des salaires. C’est ce qui s'est passé dans mon pays, une européanisation économique, qui augmente les inégalités et favorise la fraude et la corruption des institutions.
Depuis leur arrivée dans le Donbass, les deux jeunes ont donné plusieurs interviews aux médias russes, qui raffolent de leur histoire.
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Source : France24, le 08.08.2014