Syrie: les Palestiniens de Yarmouk s’allient avec Assad contre l’EI

Les factions palestiniennes ont annoncé jeudi 9 avril qu’elles allaient combattre ensemble contre le groupe État islamique qui a pris position dans le camp de réfugiés de Yarmouk, dans la banlieue sud de Damas. Elles seront soutenues par l’armée loyaliste syrienne. Le choix de l’alliance avec l’armée de Bachar el-Assad pourrait cependant faire grincer quelques dents.

Avec notre correspondant à Ramallah,  Nicolas Ropert

Ahmad Majdalani, l’émissaire de Mahmoud Abbas en Syrie avait comme mission d’agir vite. Depuis le 1er avril, le camp de réfugiés de Yarmouk est aux mains de Daech, soutenu pour l’occasion par le Front al-Nosra. Pour tenter de sauver les 18 000 Palestiniens, emprisonnés dans le camp à cause de la guerre civile, l’envoyé spécial de l’OLP a mis d’accord les factions palestiniennes.

Un consensus a été trouvé pour que les Palestiniens prennent les armes contre les jihadistes, et ce avec le soutien de l’armée de Bachar el-Assad. Seul le groupe Aknaf Beit al-Maqdis, proche du Hamas, n’a pas pu être contacté pour donner sa position.

Cette alliance des groupes palestiniens avec le régime pose question quand on sait que c’est l’armée loyaliste qui assiégeait depuis deux ans le camp, frappé à de multiples reprises par des bombardements ordonnés par Damas.

 

Une situation plus qu’inhumaine

L’inquiétude grandit d’heure en heure pour les civils palestiniens du camp de Yarmouk à Damas. Depuis la semaine dernière au moins 18 civils ont été tués, dénoncent les organisations de droits de l’homme. Des affrontements opposent combattants de l’organisation de l’Etat islamique et groupes palestiniens qui tentent de garder le contrôle du secteur. L’intervention de l’armée syrienne serait une option catastrophique aux yeux de l’UNWRA. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens demande au contraire une cessation des hostilités et un accès humanitaires aux civils palestiniens.

« La situation à Yarmouk est plus qu’inhumaine, témoigne Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA. Il y a de violents combats de rue et les gens sont retranchés dans leurs maisons ou ce qu’il en reste. Ils sont trop terrifiés pour sortir, même pour essayer de récupérer un peu de nourriture pour leurs familles. »

Ban Ki-moon demande une action concertée

« Yarmouk était déjà un endroit où les femmes mourraient en accouchant faute de médicaments, et où d’après certaines informations, des enfants sont morts de malnutrition, poursuit le porte-parole de l’UNRWA. C’était déjà un endroit où la situation était désespérée, et depuis la semaine dernière, c’est devenu encore pire. C’est pour cette raison que nous demandons un cessez-le-feu, et cette pour raison que nous demandons un accès humanitaire aux civils. Nous demandons également que ceux qui le souhaitent puissent être évacués du camp, conformément à la loi internationale et à la Charte des Nations unies. »

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi à éviter un « massacre » dans le camp. « Il est temps de mener une action concertée pour sauver des vies », a-t-il déclaré à la presse. Dans ce contexte, l’opération militaire que l’armée syrienne semble préparer constituerait, pour le secrétaire général de l’ONU, « un nouveau crime de guerre ». « Nous ne pouvons pas rester inactifs et laisser se dérouler un massacre, la population de Yarmouk ne doit pas être abandonnée. » « Ce qui se passe à Yarmouk est inacceptable », a-t-il martelé en soulignant que « les habitants de Yarmouk, dont 3 500 enfants, sont transformés en boucliers humains ».

« La catastrophe humanitaire à Yarmouk est un test majeur de la détermination de la communauté internationale », souligne Ban Ki-moon. Un appel qui peut toutefois paraître désespéré étant donné les divisions et l’impuissance du Conseil de sécurité sur le dossier syrien depuis quatre ans.

Source : RFI 9 avril 2015

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