SodaStream, une entreprise israélienne fabriquant des machines à gazéifier les boissons, a annoncé mercredi la fermeture de sa principale unité de production, située dans une colonie de Cisjordanie occupée et au cœur d’un appel international au boycottage du groupe.
La société a invoqué la passe difficile qu’elle traversait et passé sous silence le boycottage pour annoncer qu’elle allait “relocaliser” l’usine située dans le colonie de Mishor Adoumim, à l’est de Jérusalem, “par étapes d’ici à fin 2015”.
Il s’agit d'”améliorer l’efficacité opérationnelle” du groupe coté sur le marché du Nasdaq à New York depuis 2010, dit l’entreprise sur son site internet. Une autre usine installée dans le nord d’Israël, près de Nazareth, va également être fermée.
SodaStream présente sur internet son usine de Mishor Adoumim comme un “modèle d’intégration” employant 1.300 personnes: 500 Palestiniens, 450 Arabes israéliens et 350 juifs israéliens jouissant des mêmes salaires et des mêmes conditions sociales. Les employés palestiniens y “perçoivent des salaires quatre à cinq fois supérieurs par rapport aux salaires moyens dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne”. L’usine de Mishor Adoumim, établie dans la zone industrielle de Maalé Adoumim, une des plus grandes colonies israéliennes de Cisjordanie, est dans la ligne de mire des partisans du boycottage économique de la colonisation.
La querelle a gagné une attention considérable début 2014 quand l’entreprise s’est offert les services de Scarlett Johansson pour sa promotion. L’actrice expliquait dans un des spots pouvoir boire des sodas en bonne conscience sans polluer la planète avec des bouteilles en plastique puisque les machines de SodaStream permettaient de préparer des boissons à domicile.
L’artiste, qui était alors ambassadrice de l’ONG humanitaire britannique Oxfam, avait essuyé les critiques du mouvement international BDS (“Boycott, désinvestissement, sanctions”) qui qualifie SodaStream de “profiteur de l’occupation” israélienne. Un porte-parole de Scarlett Johansson avait alors annoncé mettre fin à son rôle d’ambassadrice d’Oxfam en raison d’une “différence fondamentale d’opinion” sur le boycott. Elle apparaît en revanche toujours sur le site de SodaStream.
Dans une interview publiée au début de l’année par le quotidien juif new-yorkais Forward, le PDG de la compagnie Daniel Birnbaum avait reconnu que Mishor Adoumim, ancienne usine de munitions reconvertie en 1996, était devenue “une épine dans le pied” pour l’entreprise. Selon son conseiller Maurice Silber, cité par Forward, “tout le monde est contre l’occupation” et le PDG était prêt à payer des impôts sur les sociétés dans un futur État palestinien.
Dans sa communication, SodaStream n’évoque pas la controverse. La fermeture des usines de Mishor Adoumim et du nord d’Israël va permettre de réduire de neuf millions de dollars les coûts de production, dit la compagnie. La société traverse une phase délicate. Le chiffre d’affaires a atteint 125,9 millions de dollars au troisième trimestre contre 144,6 millions à la même époque en 2013. Le chiffre d’affaires annuel devrait reculer de 9% par rapport à 2013.
SodaStream emploie plus de 2.000 personnes sur une vingtaine de sites en Australie, en Chine, en Allemagne, en Afrique du Sud, en Israël et en Cisjordanie.
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Source(s) : 7sur7 / Belga, le 30.10.2014