Ce vendredi 25 juillet, Nicolas Sarkozy a interrompu ses vacances pour se rendre à une conférence organisée par le magazine "Forbes". Selon "L'Express", l'ancien président va toucher près de 100.000 euros pour son discours sur la "bancarisation de l ‘Afrique". Pour Thierry de Cabarrus, cette intervention est un scandale de plus au compteur de Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy a beau être en vacances, il n’en oublie pas pour autant ses affaires.
Je ne parle pas des casseroles qui tintinnabulent autour de lui, ni même de son retour programmé en politique, mais des affaires juteuses, celles qui lui rapportent des gros sous, et non pas des mises en examen.
Donc, Nicolas Sarkozy a interrompu vendredi ses vacances au Cap Nègre, nous révèle "L’Express", pour aller faire un saut en Afrique, et toucher par la même occasion 100.000 euros à Brazzaville au Congo, chez le dictateur Denis Sassou Nguesso.
La nique à Richard Attias
Invité par la version africaine du magazine "Forbes" (le spécialiste du classement des grosses fortunes du monde), il est venu discourir durant une petite heure sur "la bancarisation de l’Afrique" (la pénétration des services bancaires et du crédit dans la population).
Les mauvaises langues diront que Nicolas Sarkozy, à l’évidence, n’est pas un expert dans ce domaine et que "Forbes" aurait peut-être mieux fait d’inviter, par exemple, Dominique Strauss-Kahn, pour élever le débat.
D’autant que l’affaire aurait pu être rondement menée puisque c’est Havas Worldwide, la société de communication française qui organisait l’événement et que Stéphane Fouks, son président, ancien conseiller de DSK, était présent.
Allez savoir pourquoi, c’est Nicolas Sarkozy qui a été choisi, ce qui a dû lui faire plaisir puisqu’il a pu ainsi faire la nique à l’homme d’affaire Richard Attias, l’organisateur du grand événement économique concurrent, le "New York Forum Africa" qui se déroule chaque année depuis trois ans à Libreville au Gabon.
Avec la reine Christine (Ockrent)
Nous n’insisterons pas ici sur les relations apparemment tendues entre Cécilia et Nicolas depuis leur divorce.
Il faut juste se souvenir de la petite phrase perfide de Cécilia qui avait tenu, au Salon du Livre au printemps dernier, à féliciter Edwy Plenel, le fondateur de "Mediapart", pour sa prestation télévisée consacrée… aux écoutes dont avait fait l’objet l’ancien président.
On comprendra dès lors que l’ancien président ait choisi de faire sa conférence à Brazzaville, au Congo, plutôt qu’à Libreville, au Gabon, où sans doute, ne souhaitait-il pas croiser son ex-épouse.
Nicolas Sarkozy n’était pas tout seul, de toute façon, à venir faire des ménages puisque la reine Christine, je veux parler de Madame Ockrent, l’ancienne journaliste de la télévision, était venue elle aussi pour en croquer puisqu’elle est une habituée du rôle, grassement rémunéré, de maîtresse de cérémonie de ce genre de raouts.
L’an dernier, Jean-François Copé
Pas de doute, le "Forum Forbes Afrique" est en train de monter en puissance, lui qui a été créé pour répondre au "New York Forum Africa" et tenter d’imposer sur toute l’Afrique le leadership du Congo et de son président, le général Denis Sassou Nguesso qui a pris le pouvoir par les armes en 1997.
D’année en année, par exemple, on assiste à la montée en gamme des participants à cette conférence puisque si cette année, Nicolas Sarkozy faisait partie des invités d’honneur (ainsi qu’un grand nombre de chefs d’état africains), il n’en était pas de même en 2013.
Qu’on en juge, en 2012, le "Forum Forbes Afrique" avait dû se contenter de deux anciens premiers ministres, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin, et en 2013, du président de l’UMP encore en exercice à ce moment-là, Jean-François Copé, avec bien sûr, l’incontournable Christine Ockrent.
Ce dernier y était allé lui aussi de sa petite conférence rémunérée, sur un thème que, sans doute, il connaissait sur le bout des doigts : "Regards transatlantiques : développement africain et enjeu économique pour le monde".
La présence de représentants de la droite française à ce genre de conférences chics et, aux dires des journalistes africains, déconnectée des réalités de l'Afrique (la misère de la population, la corruption généralisée de l’administration) avait fait scandale en France.
D’autant que le patron de l’UMP aurait touché 30.000 euros pour sa prestation, avait révélé le "JDD". Certes, trois fois moins que Nicolas Sarkozy cette année, mais une somme suffisamment rondelette pour que cette révélation ait suscité des questions en France, notamment de la part du PS.
Le pouvoir corrompu de Sassou Nguesso
Qu’était allé faire Jean-François Copé en Afrique ? Comment un homme politique en exercice, en charge de la parole de l’opposition au pouvoir exécutif avait-il pu accepter d’être rémunéré contre tous les usages en France et surtout par qui ?
La présence de l’ancien président à Brazzaville est d’ailleurs l’occasion de se poser la même question à propos de la rémunération de Nicolas Sarkozy : qui l’a payé ?
L’année dernière, à la même époque, "Le Nouvel Observateur" avait répondu par une enquête, et mis sous les projecteurs un homme de l’ombre, Lucien Ebata, trader pétrolier et proche du pouvoir corrompu de Denis Sassou Nguesso.
Lucien Ebata est le fondateur du magazine "Forbes Afrique", mais aussi le propriétaire de la compagnie pétrolière Orion Oil domiciliée au Royaume-Uni, ainsi que de plusieurs sociétés spécialisées dans l’immobilier ou la location de jets privés.
Et "Le Nouvel Observateur" de faire référence à l’époque à un article très documenté paru sur "Mediapart", selon lequel tous les rouages du pouvoir seraient "gangrénés par les corruption" et l’État congolais fonctionnerait comme un "cartel" du pétrole sur le modèle colombien de celui de la drogue.
À se demander, décidément, ce que Nicolas Sarkozy est venu faire dans cette galère.
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Source(s) : Le Nouvel Observateur / Par Thierry de Cabarrus, le 26.07.2014 / Édité par Mathilde Fenestraz / Relayé par Meta TV