Au Royaume-Uni, plusieurs clients musulmans de la banque HSBC ont reçu des courriers leur signifiant la fermeture de leurs comptes. Parmi eux, plusieurs associations et organisations de bienfaisance musulmanes locales. Face au silence du groupe bancaire, ces dernières s’interrogent si l’islamophobie n’est pas derrière cette décision, incomprise jusque là.
La banque britannique HSBC est au cœur d’une controverse au Royaume-Uni. Elle est, en effet, soupçonnée d’islamophobie après qu’elle a décidé récemment de clôturer les comptes de plusieurs de ses clients de confession musulmane. Une décision qui pousse les responsables d’associations et organisations islamiques au Royaume-Uni, également concernés par la décision, à s’interroger s’ils ne sont pas devenus « trop risqués » pour le groupe bancaire.
Selon la presse britannique, citée par France 24, cela fait une dizaine de jours qu’ils se demandent si l’islamophobie n’est pas derrière la prise de cette décision. Depuis que plusieurs d’entre eux ont reçu une lettre leur signifiant la fermeture de leurs comptes, c’est l’incompréhension totale. « Aucune explication satisfaisante » ne leur a été fournie jusqu’à présent, souligne le quotidien The Guardian.
Une campagne islamophobe ?
La banque a seulement affirmé que la gestion du compte ne rentrait plus dans le périmètre de « l’appétit au risque » de la HSBC. Khalid Oumar, l’un des gérants des finances de la célèbre mosquée de Finsbury Park, située dans le district londonien de Haringey, est perplexe. « L’absence de réelles explications nous a poussés à conclure qu’il devait s’agir d’une forme de campagne islamophobe contre les organismes de bienfaisance musulmans au Royaume-Uni », a-t-il déclaré à la BBC.
La mosquée en question était, jusqu’en 2005, gérée par Abou Hamza, un prédicateur extrémiste reconnu coupable en mai dernier, aux États-Unis, de soutien au terrorisme. Mohammed Kozbar, son actuel dirigeant, assure qu’il ne s’y attendait pas, vu tous les efforts entrepris pour changer l’image de la mosquée. « Je suis choqué et consterné par cette décision », a-t-il confié à la même source.
Événements isolés ?
Pour l’instant, le nombre de clients et d’organisations musulmanes concernés par ces fermetures est encore inconnu. HSBC refuse de « discuter de ses clients individuels et ne confirme pas si une personne détient ou a détenu un compte (Ndlr : chez elle) ». Un porte-parole de la communauté musulmane d’Ahmadiyya qui gère la mosquée londonienne de Baitul Futuh, la plus grande d’Europe, a affirmé à France 24 n’avoir pas connaissance d’autres cas. « Cela semble être des événements très isolés », a-t-il assuré.
La banque, de son coté, assure que ses décisions n’ont nullement été prises « en fonction de la race ou de la religion d’un client ». Une telle discrimination serait « immorale, inacceptable et illégale et HSBC a mis en place des règles pour s’assurer que la race et la religion ne soient jamais un facteur dans une décision bancaire », affirme l’établissement bancaire, contacté par France 24.
Ce dernier explique plutôt que ces fermetures de comptes interviennent dans un contexte plus général résultant de l’amende de 1,2 milliard de dollars infligée à la HSBC en 2012 par les États-Unis et le Royaume-Uni. A l’époque, le groupe avait été accusé de permettre aux cartels mexicains de blanchir l’argent du trafic de drogue. « En conséquence de ce processus nous avons décidé de mettre un terme à nos relations avec des clients dans plus de 70 pays », assure la banque.
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Source : Yabiladi / Par Ghita Ismaili, le 01.08.2014