Racisme : Une femme enceinte victime de coups

Une mère de famille enceinte a été victime d'une agression lui valant 7 jours d'ITT à Thionville, juste au bas de son immeuble. Les coups ont succédé aux peaux de banane, aux tranches de jambon et aux insultes racistes.

Une jeune femme âgée de 24 ans, enceinte de trois mois, a été victime d'une agression sur fond de racisme au bas de son immeuble, dans un quartier populaire de Thionville. Leila* a emménagé là en février dernier, pour rejoindre son mari qui l'avait devancé de quelques semaines après avoir trouvé du travail au . Elle est d'origine marocaine, elle porte le voile, mais elle n'est pas une fille du bled ayant bénéficié d'un regroupement familial. Elle est née en France. Elle a passé toute son enfance à Nancy et à Vandoeuvre, elle vote à chaque élection. Mère de deux enfants en bas âge, elle attend son troisième avec son époux, Français lui aussi. Un jeune homme tout blond, converti à l'islam depuis son adolescence par choix.

Jeudi dernier, le mari de Leila part de bon matin, comme à son habitude, et descend le sac-poubelle pour le poser avec les autres déchets des habitants de l'immeuble. Un peu plus tard, un voisin demande à Leila de descendre. À cette heure-ci, elle est seule avec ses enfants dans le logement, à vaquer à ses tâches ménagères. « Il m'a appelée à l'interphone pour dire que ma poubelle était étalée devant la porte et que je devais ramasser. » Surprise, mais pas inquiète, elle descend donc les étages. Le voisin l'agresse verbalement, puis physiquement. Elle se retrouve coincée contre un arbre, le cou serré par la poigne de l'homme qui lui envoie au visage : « Sale race », « rentre chez toi ».

Une plainte a été déposée au commissariat de police de Thionville. Sept jours d'ITT ont été prescrits à la jeune femme. Le médecin note œdèmes, contusions, ecchymoses « compatibles avec une ou plusieurs tentatives de strangulation ».

Du jambon dans la boîte à lettres

Plus que les traces sur le corps, cette agression a blessé profondément Leila. Son mari est révolté. « J'ai fait un travail sur moi-même et je m'en remets à la », confie-t-il. Un choix difficile. Leila tente de contenir la colère des membres de sa famille. Ses frères se sont aussitôt mobilisés pour la soutenir et l'aider à porter plainte. Elle ravale difficilement sa fierté mais ne compte pas en rester là.

Le caractère raciste ne fait aucun doute à ses yeux. « Mais c'est une policière qui me l'a fait réaliser, explique-t-elle. Et puis, on nous avait déjà mis des tranches de jambon et des peaux de banane dans la boîte à lettres. Mon mari avait essayé de le cacher mais je l'ai entendu en parler au bailleur. »

Le couple a demandé à changer d'appartement en urgence. Leila ne sort plus de chez elle depuis l'agression. « J'ai découvert le racisme en arrivant ici, raconte-t-elle. On vous fait sentir que vous n'êtes pas bienvenu. Mes amis disent que j'ai changé, que je suis moins joyeuse, devenue déprimée. » Mais elle refuse de se laisser enfermer. « Pour moi, c'était ciblé, c'était de la provocation pour m'humilier. » Elle n'a trouvé aucun secours. « Il n'y a pas eu de pitié, même quand j'ai dit que je suis enceinte ! Moi, si je vois une femme se faire taper dessus, j'essaye de la défendre, je me fiche complètement de ses origines. » Porter le voile change tout : « Mais on ne m'a pas demandé de l'enlever, on veut me faire partir. »

Pour le moment, le voisin n'a pas été entendu.

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Source(s): Républicain-Lorrain / Par Olivier SIMON, le 30.11.2013

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