Qu’est ce qui est pire, avoir un travail partiel, mal payé, insatisfaisant, ou ne pas avoir de travail du tout ?

Une question qui peut paraître scandaleuse et qui est tirée d’une chronique publiée sur Les échos, au sujet de la visite de Peter Harz à l’Élysée. Son nom a été donné à 4 lois qui ont changé le visage de l’Allemagne, mais avec quelles conséquences ? Et de telles lois pourraient-elles être imposées en France ? Autant de questions qui ne trouveront de réponses que dans l’avenir, à surveiller donc…

 

Ce mercredi et ce jeudi matin, le père des réformes sociales allemandes, Peter Hartz, était à Paris. La question à se poser est simple : alors que les chiffres français du chômage sont mauvais, y a-t-il des idées à prendre en Allemagne ?

1 – Peter Hartz est un homme dont on a beaucoup parlé ces derniers jours parce qu’il est passé voir François Hollande à l’Élysée avant Noël. Un rendez-vous banal mais un fantasme a couru la ville, suffisamment pour que Michel Sapin (ministre du Travail) et Marisol Touraine (Affaires sociales) annulent au dernier moment les rendez-vous qui avaient été prévus cette semaine avec lui : la prochaine étape du discours hollandais, est-ce que ce sont les réformes sociales allemandes ?

2 – Cet homme, que Les Echos ont rencontré, sent le soufre à gauche. Depuis dix ans, ses lois ont eu deux effets : une division par deux du chômage mais aussi une explosion des petits boulots ou du travail mal payé. Peter Hartz est lui-même un homme paradoxal : DRH du groupe Volkswagen, il avait stoppé net des licenciements et choisi plutôt la semaine de quatre jours ; puis il a conseillé le chancelier social-démocrate Gerhardt Schröder à la tête d’une commission multi-partisane fonctionnant à l’unanimité. Puis encore, en 2005 , il a été condamné pour corruption…

3 – Les quatre lois qui portent son nom ont en tout état de cause changé le visage de l’Allemagne. Et si la question est de savoir si la France doit importer telles quelles les réformes Hartz, la réponse est clairement non : chaque pays a ses spécificités, le dialogue social n’est pas le même, la démographie et l’économie non plus. Exemple : en Allemagne, les services sont considérés comme … au service de la reine industrie. Le mot est abusif, mais c’est presque une sous-économie. En France, au contraire, le secteur des services, assurances, banques, grand commerce, c’est presque l’aristocratie – là encore c’est une image. Bref, les lois Hartz sont allemandes pour des Allemands.

4 – Cela étant, cela n’interdit pas de regarder ce qui a marché et de se poser une question presque philosophique, peut-être la seule qui vaille : qu’est ce qui est pire, avoir un travail partiel, mal payé, insatisfaisant, ou ne pas avoir de travail du tout ? La plus grande des inégalités, est-ce ces emplois-là ou ne pas avoir d’emploi du tout ? Hartz et l’Allemagne ont répondu : le pire, c’est le chômage. D’où les mini-jobs, les contrats à temps réduit à 450 euros par mois (complétés par des prestations sociales), la baisse des allocations chômage – . Et maintenant que le plein emploi est revenu, la société allemande décide de remonter les salaires, de créer un Smic – en dessous du nôtre.

5 – En France, il faudrait au moins accepter d’ouvrir des débats. Car dans ce domaine du marché du travail, le nombre de débats interdits est stupéfiant.

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Source(s): LesEchos / Par DOMINIQUE SEUX, le 30.01.2014 / Les Moutons Enragés / Relayé par Meta TV )

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