“On se retrouve seule infirmière pour 20 à 25 malades” : la colère et la lassitude du personnel hospitalier à Marseille

Les professionnels de la santé réclament un plan d’urgence face au manque de moyens et de personnels hospitaliers. Le mal-être est palpable. Illustration à Marseille, où se trouve l’un des plus importants pôles santé de France.

Le mal-être des personnels hospitaliers prend de l’ampleur avec notamment le mot-dièse #BalanceTonHosto relayé sur Twitter ou “l’appel des 1000” lancé par des cadres de santé et médecins hospitaliers dans le quotidien Libération le 15 janvier. Tous dénoncent le manque de moyens, de personnels et réclament un plan d’urgence.  En attendant, les personnels des hôpitaux souffrent, comme à l’APHM (Assistance publique des hôpitaux de Marseille ), premier employeur de la région PACA avec 15 000 employés, dont 2 000 médecins. Un colosse aux pieds d’argile qui croule sous les dettes. 

 

“Un milliard de dettes et on nous demande de faire des économies”, lâche Fatiha Ferkous, infirmière et déléguée CGT. Dans son service on manque de matériel, de protection pour les changes, de draps, rapporte l’infirmière. “La direction de l’APHM nous dit avoir des retards de délais pour payer les fournisseurs”, raconte-t-elle. A cela s’ajoute l’angoisse d’un avenir incertain. “On est très inquiets parce qu’on nous a annoncé il y a un mois qu’il y aurait 800 à 1 000 suppressions de postes sur l’ensemble de l’APHM, alors qu’il nous faudrait 500 postes de plus”, explique la déléguée CGT. “Quelquefois, dans certains services, on se retrouve seule infirmière pour 20 à 25 malades”, dénonce-t-elle.

Les soignants sont “la richesse des hôpitaux”

Cette pénurie de personnel se ressent dans tous les services. “Il y a vraiment une dégradation des conditions de travail pour tous les soignants à l’Assistance publique, confirme Julie, interne à l’hôpital de la Timone depuis trois ans. Les horaires de travail, la pression qu’on met pour être efficace parce qu’on est tout le temps en sous-effectifs pour faire des économies… Ce genre de choses.” Le gouvernement répond qu’il y a un manque de rentabilité. Il fera “des annonces au mois de février”, a indiqué, jeudi 25 janvier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui précise qu’elle planche sur une refonte du mode de tarification.

S’il faut faire des économies, faisons des économies d’organisation plutôt que de réduction du nombre de personnels consacrés aux soins et à la prise en charge des patients.

Michel Tsimaratos, médecin, professeur de pédiatrieà franceinfo

Faire des économies, oui, mais pas sur le personnel, avertit Michel Tsimaratos. Ce professeur de pédiatrie au CHU de Marseille fait partie des médecins signataires de l’appel pour alerter sur la crise de l’hôpital. “Il y a une vraie difficulté de fonctionnement et une souffrance considérable des agents, souligne-t-il. Lorsqu’on sait les missions que remplissent les hôpitaux, on doit bien avoir à l’esprit que la richesse des hôpitaux sont les ressources, bien plus que les structures : la qualité de formation des agents, leurs compétences, leur engagement.”

Les personnels des hôpitaux veulent bien être rentables, mais ils rappellent que leur vocation première est de soigner. 

 

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Source : France TV Info /

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