Najat Vallaud-Belkacem nouvelle ministre de l’éducation nationale

Ministre de l’éducation nationale : Les remaniements sont synonymes de promotion pour Najat Vallaud-Belkacem depuis le début de ce quinquennat. A 36 ans, elle prend la tête du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la nouvelle équipe de Manuel Valls, en remplacement de Benoît Hamon.

Après avoir été successivement chargée du droit des femmes, elle avait été nommée dans un ministère élargi à la ville, à la jeunesse et aux sports. Une accumulation qui lui avait valu quelques critiques, notamment celle d’être à la tête d’un portefeuille « fourre-tout ». Cette fois c’est bien à un maroquin de premier ordre qu’accède Mme Vallaud-Belkacem, qui devient ainsi la numéro 4 dans l’ordre protocolaire du gouvernement.

Sa nomination consitue également une première, puisque jamais une femme n’avait exercé cette fonction auparavant. Un détail que n’a pas manqué de relever Benoît Hamon, son prédécesseur rue de Grenelle, qui a salué sur Twitter sa nomination, après avoir lui-même renoncé à participer au gouvernement Valls II.

LA « THÉORIE DU GENRE », CONTACT PROCHE AVEC L’ÉDUCATION

Diplômée de Sciences Po, ex-assistante parlementaire, elle se dépeint comme un « pur produit de la République ». Najat Vallaud-Belkacem a commencé sa carrière politique à seulement 26 ans comme conseillère régionale en Rhône-Alpes, après le choc du 21 avril 2002 et la présende du Front nationale au second tour de l’élection présidentielle. Elle a ensuite intégré l’équipe de Ségolène Royal dont elle est restée proche pendant plusieurs années, avant d’entrer au gouvernement comme porte-parole.

Au crédit de son action ministérielle, une loi égalité hommes-femmes, et une proposition de loi de lutte contre la prostitution. Au printemps, elle a encaissé deux coups durs sur les droits des femmes : la suppression, en commission au Sénat, d’une disposition sur la pénalisation des clients de prostituées qu’elle soutenait et le retrait des « ABCD de l’égalité », conçus en partenariat avec l’ancien ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, mais qu’elle avait fortement soutenue. Au point d’être perçue par les détracteurs de ce dispositif pédagogique (lobbies traditionalistes, religieux), comme la promotrice d’une prétendue « théorie du genre ».

Sa nomination à l’éducation nationale a d’ailleurs provoqué de vives réactions dans l’opposition. Le député UMP de Haute Loire, Laurent Wauquiez, a qualifié la ministre « d’ultra pro-gender », tandis que l’élu de droite des Alpes-maritimes Éric Ciotti a affirmé que sa nomination était une « volonté de provoquer et de diviser ». L’ancienne ministre du gouvernement Fillon, Nadine Morano, a également dénoncé une « provocation ».

RENTRÉE CHAHUTÉE EN PRÉVISION

A quelques jours de la rentrée des classes de plus de 12 millions d’élèves et 800 000 professeurs, Najat Vallaud-Belkacem sera en tous cas très attendue. Quelque 20 000 communes doivent en effet mettre en oeuvre la délicate réforme des rythmes scolaires dès septembre – seules 4 000 l’ont fait en 2013. En assouplissant le cadre originel de la réforme, M. Hamon avait tenté de déminer le terrain, mais un autre pan de la réforme pourrait néanmoins susciter de fortes oppositions.

De fait, les cinq matinées de classe resteront obligatoires, contre quatre précédemment. M. Hamon a refusé de céder sur ce point. Comme l’année précédente, une partie des parents se plaindra probablement de la fatigue des enfants, déboussolés par le retour en classe le mercredi ou le samedi matin.

Selon un sondage BVA publié début juillet, 63 % des Français continuent d’ailleurs de penser que les nouveaux rythmes ont un impact plutôt négatif sur le bien-être des élèves. Une opinion plus que mitigée sur laquelle pourront s’appuyer les élus qui rejettent la réforme en bloc, dénonçant surtout une « insuffisante » dotation de l’État – 50 euros par enfant – pour sa mise en oeuvre. Les maires réfractaires à la loi s’exposent toutefois à de lourdes sanctions, comme l’a souligné M. Hamon. Ils pourront être suspendus pour une durée d’un mois, voire révoqués en conseil des ministres.

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Source : Le Monde, le 26.08.2014

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