L’Iran brandit la menace de l’atome

La guerre des mots n’est pas finie entre l’Iran et les grandes puissances. Passée l’euphorie planétaire de l’accord de Genève sur le dossier nucléaire, les deux parties repartent sur le front des menaces et contre-menaces. Au Congrès américain qui souhaite adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, Téhéran répond par une proposition de loi visant à enrichir l’uranium non pas à 20% mais à 60% !

Le projet a été déposé hier par une centaine de députés arguant du fait que cet uranium servirait – en cas de nouvelles sanctions – à assurer les besoins du pays pour équiper des navires (à propulsion nucléaire, ndlr) et de démarrer le réacteur à eau lourde d’Arak. Et revoilà la crise du nucléaire iranien repartie de plus belle ! Pour le député Mehdi Moussavi-Nejad, signataire de ce projet, cité par les agences Isna et Fars, si les autres pays (du groupe 5+1) renforcent les sanctions, imposent de nouvelles sanctions ou «violent les droits nucléaires de la République islamique», le gouvernement sera «immédiatement dans l’obligation d’augmenter le niveau d’enrichissement d’uranium à 60%».

Le monde a été soulagé le mois dernier, quand le groupe des 5+1 s’était entendu avec l’Iran sur un accord transitoire de six mois. On pensait alors qu’il n’y avait plus de tension dans l’air du mois durant six mois malgré la réaction guerrière d’Israël qui a logiquement dénoncé «l’accord de la honte». Normal, dans la mesure où cet immense ministère de la guerre qu’est Israël, a toujours besoin d’un ennemi pour couvrir tous ses dérapages et justifier son occupation de ce qui reste de la Palestine. Il faut croire cependant que le puissant lobby des milieux sionistes aux Etats-Unis a amené le Congrès américain à envisager de nouvelles sanctions contre l’Iran pour tenter de tuer un accord encore frais. Quitte en cela à mettre l’Administration Obama dans la gêne après avoir appuyé et soutenu l’option d’une période de probation de six mois pour juger du sérieux des responsables iraniens. L’accord conclu le 24 novembre dernier à Genève entre l’Iran et les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) stipulait en effet que Téhéran devait suspendre, pour une durée de six mois, son enrichissement d’uranium à 20% pour le limiter à moins de 5% et de ne pas installer les équipements du réacteur à eau lourde d’Arak, actuellement en construction.

En contrepartie, les pays occidentaux ont accepté de ne pas imposer de nouvelles sanctions et de lever partiellement les sanctions. En clair, d’éventuelles nouvelles sanctions contre l’Iran, constitueraient une violation flagrante des engagements pris à Genève. A moins que ce ne soit le but recherché par ces gesticulations du Congrès américain et les négociations au pas de charge que mènent les experts sur le «plan d’application» de l’accord de Genève. Le chef de l’équipe des négociateurs iraniens, Abbas Araghchi, a d’ailleurs avoué que les négociations avançaient «lentement» en raison de «certaines interprétations» de l’accord par les pays du groupe 5+1. Et cet accord de Genève sur le nucléaire traîne déjà un boulet, que dire alors de la Conférence internationale Genève 2 sur la paix en Syrie ? Surtout que l’Iran fait figure d’invité de poids à cet événement. La remise en cause de l’accord sur le nucléaire impacterait ipso facto le règlement de la crise syrienne.
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Source: elwatan.com (par Hassan Moali)

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