L’initiateur du “smic à Un Euro” allemand, devient conseiller de François Hollande

Selon un quotidien allemand, l’ancien conseiller de Gerhard Schröder, connu pour ses réformes du marché du travail, pourrait conseiller François Hollande. L’Elysée dément ce compagnonnage qui indigne les syndicats.

Sitôt annoncé, sitôt démenti : Peter Hartz, père des grandes réformes du marché du travail allemand, ne conseillera pas François Hollande. C’est l’Elysée qui l’assure ce matin, réfutant le quotidien Saarbrücker Zeitung. «François Hollande a reçu [Peter Hartz] il y a deux mois à sa demande pour un entretien informel d’une heure, et pour l’inviter à un colloque, a déclaré le conseiller politique du président, Aquilino Morelle. Je démens qu’il soit son conseiller ou soit amené à le devenir.»

 

Ancien DRH de Volkswagen, Peter Hartz a conseillé le chancelier Gerhard Schröder entre 2002 et 2005, et donné son nom à une série de réformes – dites Hartz I, II, III et IV. Celles-ci ont notamment bouleversé le service public de l’emploi et les règles d’indemnisation des chômeurs allemands. Pour le meilleur et pour le pire, ces réformes sont aujourd’hui au cœur d’un «modèle allemand» observé avec envie par certains responsables français, et très contesté par d’autres.

«Choix courageux»

La rencontre Hollande-Hartz, au fond, n’est guère étonnante. Comme Schröder, le président français est un social-démocrate «pragmatique», confronté à un taux de chômage important et ouvert à des solutions libérales pour le résorber. Lors d’une visite outre-Rhin en mai 2013, il avait d’ailleurs salué les «choix courageux» de Schröder «pour préserver l’emploi et anticiper les mutations industrielles». Dès lors, «qu’on écoute [Peter Hartz], qu’on parle avec lui, qu’on regarde quelle était l’expérience, ça paraît être la moindre des choses», a plaidé le ministre du Travail Michel Sapin sur France Inter, mardi matin.

Parmi les mesures portées par Hartz, figurent la restructuration du service public de l’emploi et le renforcement de la formation professionnelle, sujets qui peuvent intéresser le gouvernement français. Mais ses réformes les plus profondes sont aussi les plus controversées au sein des gauches française et allemande : ainsi des «minijobs», assortis de cotisations faibles ou nulles et dont la rémunération peut descendre jusqu’à 400 euros par mois. Une note de la direction générale du Trésor parue en mars 2013 attribue à ces mesures la montée de la pauvreté et des inégalités en Allemagne depuis le début des années 2000.

Jobs à un euro

Autre réforme très contestée : celle de l’assurance chômage qui a fait passer la durée maximum d’indemnisation de 32 à 12 mois (18 pour les seniors). Au-delà, le chômeur entre au régime de l’aide sociale et reçoit une allocation forfaitaire (382 euros pour une personne seule en 2013). Cette aide peut être complétée par des travaux d’utilité publique rémunérés «au moins» un euro de l’heure. Si le demandeur d’emploi refuse une offre jugée «acceptable» par l’administration, il prend le risque de voir diminuer le montant de son allocation. «Les chômeurs en fin de droits ont ainsi vu leur situation financière considérablement dégradée», affirme la note du Trésor.

De quoi faire de Peter Hartz un épouvantail pour les syndicats et une partie de la gauche. «Prendre conseil auprès de celui qui a cassé le droit des chômeurs en Allemagne, on ne comprend plus», a déploré le leader de FO, Jean-Claude Mailly. Quant au numéro 1 de la CGT, Thierry Lepaon, il voit d’abord en Peter Hartz «le père des eurojobs, le travail pour 1 euro de l’heure». Le sujet est d’autant plus délicat que les partenaires sociaux renégocient actuellement les règles de l’assurance chômage française. Le gouvernement a déjà fait savoir qu’il ne souhaitait pas que les droits des chômeurs soient réduits. Mais qu’en dirait Peter Hartz ?
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Source : liberation.fr par Dominique ALBERTINI

 

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