Les musulmans Rohingyas persécutés en Birmanie : Tout silence est maintenant complice

Ils sont traités "d'immigrés illégaux", de "chiens", de "sous-hommes". En , la minorité musulmane des Rohingyas n'a même pas droit à la citoyenneté et se fait persécuter. Alors que François Hollande a reçu le président birman ce mercredi et que l'UE rouvre son marché au pays vendredi, Haoues Seniguer, docteur en sciences politiques, s'élève contre les silences coupables.
 

Il est des drames humains aux quatre coins de la planète, c'est certain, certains sont médiatisés, d'autres le sont beaucoup moins, c'est tout aussi sûr ; c'est hélas difficile de l'éviter. Il est donc des douleurs qui nous parviennent, d'autres qui sont beaucoup plus sourdes, qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas, ou qu'on a tout simplement du mal à percevoir dans le fatras quotidien de l'actualité.

Un possible nettoyage ethnique 

Pourtant, la question de la minorité musulmane, les Rohingyas, ces musulmans birmans, lesquels représenteraient quelque 4% de la population de la , devrait préoccuper tout État ou citoyen épris de et résolument attaché aux droits humains. D'autant plus que des images et des informations horrifiques nous sont régulièrement rapportées par des médias et toutes sortes d'organisations internationales. évoque "le nettoyage ethnique dont sont victimes les musulmans rohingyas".

Le silence est par conséquent interdit ; pis, il serait complice s'il devait trop longtemps perdurer. Aussi, notre République, ses plus hauts représentants, ne saurait se le permettre.

Une prise de position de se fait attendre… 

Depuis l'élection de Thein Sein à la présidence de la Birmanie, le 30 mars 2011, lequel est justement arrivé dans notre pays, mercredi 17 juillet 2013, pour une visite officielle de deux jours, la répression aveugle, féroce et criminelle s'abattent sur les Rohingyas, sans discontinuer, sous le silence approbateur et complice du pouvoir en place. Des journalistes vont même jusqu'à parler de "persécution tolérée".

C'est dire le niveau de complicité cynique des autorités birmanes. , Prix Nobel de la paix dit-on, ne pipe mot, elle que l'on présente volontiers comme une combatte de la démocratie. On ne lui dénie évidemment pas la réalité de souffrances qu'elle a par le passé vécues dans sa chair pour des engagements politiques en faveur de la liberté. Mais une prise de position ferme et assurée, sur le problème précis des Rohingyas, se fait douloureusement attendre.

… celle de François Hollande aussi

Le chef bouddhiste, Wirathu, moine du Mandalay, serait le fer de lance symbolique, la caution légitimante aux exactions de fidèles bouddhistes à l'égard de leurs co-sociétaires (nous ne disons pas concitoyens, car la citoyenneté birmane est précisément refusée à cette minorité musulmane). S'il ne faut certainement pas confondre l'essence du bouddhisme avec l'une de ses périphéries incandescendantes, telles que la branche incarnée par ce sombre personnage religieux, une mise au point s'impose.

Les représentants de la nation dénoncent souvent, et à très juste titre au demeurant, les conséquences néfastes et criminelles du radicalisme islamiste, en France et ailleurs dans le monde. Dans ce cas, François Hollande, qui est le premier magistrat de France, ne peut ainsi s'autoriser un quelconque silence sur ces massacres. Ce serait l'honneur et la grandeur de la patrie des droits de l'homme que de briser la glace.

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Source : Le Nouvel Observateur / Par Haoues Seniguer, le 18.07.2014 / Relayé par

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