Une réglementation européenne pourrait bientôt contraindre les médecins du Samu français à seconder les pilotes d'hélicoptère dans certaines manœuvres. A compter du 28 octobre, un «membre d'équipage technique» sera obligatoire, en plus du pilote, lors de certaines missions héliportées. Or cet assistant technique ne sera «pas nécessairement» un employé de l'entreprise de transport, précise l'Aviation civile.
La tâche pourra donc incomber à un membre de l'équipe médicale, infirmier ou médecin. De quoi faire grincer des dents dans un secteur déjà sous pression. Urgentistes et soignants pointent la nécessité d'une véritable formation et de limites claires aux compétences de chacun.
Une mini-grève mercredi
Le SNPNAC, un des principaux syndicats des pilotes, juge ce mardi «inacceptable» de confier cette tâche à des personnels dont ce n'est pas le «métier principal» et appelle à une grève d'une heure mercredi. La réglementation des programmes de formation des équipages techniques édicte qu'ils doivent «a minima» surveiller le ciel, pour éviter une collision, et effectuer un contrôle visuel au décollage et à l'atterrissage. Les missions de secours concernées représentent le tiers des 20 000 à 25 000 interventions annuelles du Samu héliporté.
Recourir au personnel médical déjà à bord est l'option jugée la plus probable par les professionnels interrogés parce qu'elle sera la moins coûteuse pour les contribuables : «Vu les budgets et les restrictions actuelles», Nicolas Letellier, président de l'Association française des médecins utilisateurs d'hélicoptères sanitaires hospitaliers, n'est pas opposé à ce que les médecins aident les pilotes. Selon lui, ils les assistent déjà souvent. «On est tout à fait prêts à continuer. Mais s'il s'agissait de faire autre chose qu'aider à «voir et éviter», là, ce n'est plus du tout dans notre champ de compétence», prévient-il.
Des «flous» à préciser
Que les médecins assistent les pilotes, «nous ne sommes pas contre» mais «il faut qu'ils soient correctement formés et affectés à plein temps» à cette tâche, estime de son côté Mathieu Vandenavenne, pilote et président de l'Association nationale pour le service médical d'urgence par hélicoptère. Par ailleurs, les équipes du SAMU «ne sont pas forcément à l'aise dans les hélicoptères et le pilote doit déjà gérer leur peur», poursuit-t-il. La réglementation européenne prévoit aussi des tâches «optionnelles» exigibles par le commandant de bord (assistance en vol, communications, surveillance des paramètres techniques…). S'appliqueront-elles aux personnels médicaux ? Cela reste trop «flou», estime lui François Braun, président du Samu-Urgences de France.
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Source(s) : Le Parisien avec AFP, le 15.07.2014