Le Pen et Wilders se parlent pour créer un nouveau groupe au Parlement européen

Un groupe permet de toucher plus de subventions européennes et d’avoir plus de personnel financé par les contribuables. Une question cruciale émerge : que vont faire Nigel Farage et UKIP ?

Faire partie d’un groupe au Parlement européen a son importance. Les groupes reçoivent de l’argent en plus des allocations aux eurodéputés individuels, et du personnel en plus pour le groupe. Cela augmente aussi les chances d’être représenté dans les comités (où les lois de l’Union européenne sont discutées et modifiées avant d’être soumises au vote en session plénière).

C’est pourquoi la perspective que Marine Le Pen, chef du Front National en France, et Geert Wilders, chef du Parti Pour la Liberté (PVV) aux Pays-Bas, forment un nouveau groupe anti-immigration et anti-UE dans le prochain Parlement européen est la cause de quelques sueurs froides à travers l’Europe. La dernière fois que ceci a été tenté, avec le groupe qui s’était baptisé Identité, Tradition et Souveraineté (ITS), cela a rapidement éclaté en morceaux, Le parti Grande Roumanie (PRM) n’a pas tout à fait apprécié qu’Alessandra Mussolini, la petite fille de qui vous savez, étiquette les Roumains comme « hors la loi habituels », et s’est donc retiré du groupe. Voilà qui en dit long.

Alors, Wilders et Le Pen réussiront-ils à unir des partis qui, par définition, ne s’aiment pas toujours les uns les autres ? D’après les règles de l’UE, au moins 25 eurodéputés, d’au moins un quart des États membres (7 pays) sont nécessaires pour former un groupe.

D’après notre décompte, au moins quatre autres partis, d’au moins autant d’États membres, semblent volontaires pour unir leurs forces avec le FN et le PVV : la Lega Nord en Italie (qui est actuellement dans le groupe de UKIP), le Vlaams Belang en Belgique, le Parti autrichien de la Liberté (FPÖ), et les Démocrates suédois (dont le chef a déclaré qu’ils envisagent de rejoindre ce groupe). Il ne manque donc au FN et au PVV qu’un parti et un pays.

Ça pourrait être comblé, par exemple, par le Parti national slovaque (SNS), qui est assez dur, et qui siège aujourd’hui avec UKIP. Ataka, de Bulgarie, serait probablement aussi assez favorable à s’y joindre, quoique Le Pen a récemment désigné ce parti comme étant « la vraie extrême droite » (et ça n’était pas dit comme un compliment). Grande Roumanie pourrait avoir du mal à franchir le seuil national des 5% nécessaires pour gagner des sièges au Parlement européen, mais pourrait être une autre possibilité.

Le Parti du Peuple danois a dit qu’il ne rejoindrait pas le groupe, et l’Aube Dorée, en Grèce, ou Jobbik en Hongrie, sont hors de question pour tout le monde.

Ça pourrait donc être très juste. Il y a un intéressant effet de bande, cependant : si Le Pen / Wilders y arrivent, ça pourrait signifier des problèmes pour Nigel Farage. UKIP siège pour le moment dans le groupe Europe de la Liberté et de la Démocratie (EFD), qui inclut 31 eurodéputés de 12 pays différents, mais :

  • Farage pourrait perdre un certain nombre d’eurodéputés d’Italie si la Lega Nord rejoignait le FN et le PVV, et si l’autre Italien, Magdi Cristiano Allam, se présentait sous la bannière d’un autre parti italien, Fratelli d’Italia.
  • Le Parti national slovaque pourrait rejoindre Le Pen et Wilders au bout du compte.
  • Les (Vrais) Finnois sont en tractations avec les Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), où se trouve le parti conservateur du Royaume-Uni.
  • Les deux eurodéputés grecs du groupe de UKIP sont de LAOS, un parti qui est pour le moment, dans les sondages, sous la barre des 3% pour avoir des élus. Ça signifie que leur ré-élection n’est pas certaine.
  • De plus, sept de 12 pays dans le groupe de UKIP y sont représentés par un seul eurodéputé.

Farage pourrait donc avoir besoin de nouveaux partis, de nouveaux eurodéputés, et de plus de pays, pour être capable d’assembler un groupe après les élections européennes de mai. Et s’il n’arrive pas à faire un groupe pour lui même, où ira-t-il ? Va-t-il reconsidérer sa décision de ne pas s’associer avec Marine Le Pen, chose qu’il a exclue dans le passé, quand il a déclaré que UKIP et le FN viennent de « traditions et origines politiques complètement différentes ».

Ce qui est clair, c’est que la formation de groupes politiques au Parlement européen va être une affaire compliquée ; et nous n’avons même pas encore commencé à discuter des Conservateurs et Réformateurs de l’ECR.

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Source(s) : ContrePoints / Par Open Europe, le 16.03.2014

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