Le mondial 2014 au Brésil : Favelas démolies à coups de bulldozer

Pas de «nettoyages» des favelas par souci d’image. Si des personnes doivent impérativement être délogées, il faut les consulter et les dédommager. 

 

Des déplacements forcés ont déjà eu lieu dans toutes les grandes villes hôtes du Mondial – São Paulo, Curitiba, Fortaleza, Recife, etc. Et les préparatifs ne font que commencer.

Selon des estimations, près de 150'000 à 170'000 personnes auront été expulsées de leurs maisons avant le coup d’envoi du Mondial. Des quartiers entiers doivent céder la place à des stades et des infrastructures à construire, comme des routes ou des aéroports. La Copa 2014 et les Jeux olympiques de 2016 – qui auront lieu au Brésil – sont aussi un prétexte pour «mettre les quartiers en valeur». Pour comparaison, en Afrique du Sud, Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale de l'ONU pour le droit au logement, a parlé de 20'000 expulsions. Au Brésil, le chiffre est déjà huit fois supérieur à l'heure actuelle! 
 
Le droit au logement est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans le Pacte social de l'ONU. Font par exemple partie de ce droit : 
l'accès à l'eau potable et à l'approvisionnement en énergie, un logement qui puisse être payé et offrant une protection contre la chaleur et le froid, ainsi que des écoles et postes de travail à proximité. 
Naturellement, les favelas ne sont pas intouchables. Des déplacements peuvent avoir lieu pour des projets de développement urbain absolument nécessaires. Mais même les personnes qui ne possèdent aucun contrat pour leur appartement ne peuvent être simplement expulsées, car les droits humains valent pour elles aussi. Si des habitant-e-s doivent être déplacés, il faut les interroger et les consulter. Cela signifie les intégrer dans la planification et leur permettre de formuler des propositions alternatives rendant les déplacements plus supportables. L'article 6 de la Constitution brésilienne de 1988 garantit le droit au logement. D'après le droit brésilien, les habitant-e-s des favelas ont le droit au sol sur lequel est implantée leur maison et, par conséquent, à une indemnisation. Les personnes concernées ont le droit de choisir si elles préfèrent un dédommagement financier ou un logement de substitution dans un autre endroit.
 
Rien de tout cela n'est respecté en prévision du Mondial: les personnes sont déplacées en extrême périphérie des villes – à des dizaines de kilomètres de leur lieu de résidence initial. Des écoles et des services de santé n’y sont généralement pas disponibles. Les personnes qui avaient un travail jusque-là ne peuvent souvent plus y accéder, vu la rareté des transports publics. Et ces emplacements n’offrent quasiment aucun poste de travail. Le droit à un logement suffisant est clairement violé. Les réseaux sociaux sont détruits, ce qui rend plus difficile encore la possibilité d'organiser son existence. Les indemnités versées sont très basses en cas d'évacuation de logements informels qui ne sont pas totalement légaux – ce qui est le cas de la plupart des logements au Brésil. Le montant ne suffit pas, et de loin, pour pouvoir se loger adéquatement ailleurs. Les anciens habitant-e-s ne peuvent se permettre d’habiter dans les nouvelles constructions. Quiconque résiste est évacué par la police, ou voit son logement démoli sans avertissement préalable. Les gains résultant des nouvelles constructions profiteront exclusivement au secteur privé. Raquel Rolnik parle d'une spéculation foncière et immobilière massive.
 
À la mi-janvier, le quartier de Pinheirinho, à São Paulo, a été évacué de force. 2000 policiers militaires de la «tropa de choque» (unité de choc) ont utilisé gaz lacrymogènes et matraques contre les habitant-e-s. Une interdiction d'évacuation, ordonnée par les tribunaux, n'a pas dissuadé le commandant de la police militaire de l'État fédéral de São Paulo de procéder à l'évacuation forcée. Le gouvernement de l'État de São Paulo a préféré l'engagement armé de la police militaire pour «libérer le terrain». Le dimanche 22 janvier, plusieurs personnes ont été blessées ; parmi elles, des femmes et des enfants. 
Les quelque 9000 habitant-e-s du quartier de Pinheirinho vivaient illégalement depuis huit ans sur le terrain d'une entreprise ayant fait faillite. Ils ont lutté depuis le début pour leur droit à ce périmètre. Des vidéos montrent l'évacuation forcée de la mi-janvier :
 

Bienvenue aux mondial 2014 – bienvenue au Brésil​

La FIFA doit s’employer à dédommager les personnes concernées et à respecter les droits humains lors des déplacements provoqués par la construction d'infrastructures pour le Mondial.

 

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Source(s) : Solidar / Relayé par Meta TV

1 réflexion sur “Le mondial 2014 au Brésil : Favelas démolies à coups de bulldozer”

  1. Impossible de mettre la 2ème vidéo sur Dailymotion même en supprimant le descriptif de la vidéo, suppression 2 fois de suite dans la minute où la vidéo est envoyée..

    Votre vidéo “Bienvenue au mondial 2014 – Bienvenue au Brésil​” contient des éléments portant atteinte à des droits de propriété intellectuelle (droits des auteurs, des producteurs, des artistes, etc.) et a été supprimée à la demande de certains des titulaires de ces droits.

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