Le Financial Times prédit l’explosion de la baguette française

Les investisseurs sur les marchés financiers n’entendent plus la « baguette bomb » faire tic-tac, c'est-à-dire qu’ils ne croient plus que la France va être rattrapée par sa mauvaise situation économique ainsi que ses déficits chroniques, et que les taux d’intérêt sur sa dette vont augmenter brutalement, plongeant le pays dans de graves difficultés de financement. Par le passé, tous ceux qui avaient misé sur ce scénario ont perdu de l’argent.

Mais pour autant, le risque d’une remontée des taux d’intérêt sur la dette française n’est pas écarté, et la conférence de presse que le président français François Hollande a donnée cette semaine a peut-être momentanément calmé les marchés, mais son effet ne sera peut-être pas durable, prophétise le Financial Times. Il cite Gilles Moec, un économiste de la Deutsche Bank : « Elle a probablement permis d’éviter une réaction négative agressive et importante des marchés pendant au moins quelques mois ».

Depuis l’intervention de Mario Draghi en juillet 2012 au cours de laquelle il avait assuré que la Banque Centrale Européenne ferait tout son possible pour préserver l’euro, la dette française est devenue très attirante pour les investisseurs asiatiques, par comparaison avec celles d’autres pays en graves difficultés, comme l’Italie et l’Espagne. A cette époque, les obligations françaises offraient un rendement bien supérieur à celles de l’Allemagne. En outre, la France semblait bénéficier d'une stabilité politique plus grande que celle de l’Italie.

« Il est peu probable que les investisseurs et les traders décident de sous-pondérer leurs portefeuilles en obligations françaises, parce qu’au cours des dernières années ils ont perdu de l’argent en le faisant. Mais cette année pourrait être l’année au cours de laquelle les taux d’intérêt sur la France ne pourraient plus redescendre. Nous commençons à voir la prise en compte d’une prime de risque », affirme Steven Major, un économiste de la banque HSBC.

Le Financial Times énumère plusieurs facteurs pourraient changer la donne pour les taux d’intérêt sur la dette souveraine française :

✔ La décision de la Fed de ralentir ses injections d’argent dans l’économie américaine, et la remontée des taux d’intérêt sur les bons du Trésor américains vont réduire l’attrait de la dette française pour les investisseurs internationaux.

✔ Les pays de la périphérie de la zone euro ont entrepris des réformes structurelles qui ont permis d’assainir partiellement leurs finances et de ramener la confiance des investisseurs. L’Italie et l’Espagne ont désormais des excédents de compte courant, alors que la France est toujours en déficit. Du coup, les investisseurs ne considèrent plus que ces pays présentent un risque de défaut significatif.

✔ Les taux d’intérêt à 10 ans sur la dette belge, sont de plus en plus équivalents aux taux d’intérêt français sur le même terme, alors que le compte courant de la Belgique présente aussi un excédent.

✔ La conférence de presse de Hollande n’a pas apporté d’information susceptible de changer l’avis des investisseurs. Beaucoup estiment que les réformes en France sont trop lentes.

Mais cela ne signifie pas que les taux d’intérêt vont flamber du jour au lendemain. Cette semaine, les taux d’intérêt à 10 ans sont restés proches de leur plus bas niveau historique, et le spread avec l’Allemagne, c'est-à-dire l’écart avec le taux d’intérêt équivalent allemand, s’est même réduit. « S’il doit augmenter, cela se fera lentement », prédit Justin Knight, qui dirige le service en charge du suivi des taux d’intérêt chez UBS. « Peut-être que l’écart de taux entre les obligations françaises et les obligations allemandes pourrait s’élargir de 20 points de base, mais nous n’assisterons pas à l’explosion sur laquelle quelques hedge funds avaient misé par le passé », dit-il. 

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Source(s): Express / Par Audrey Duperron, le 19.01.2014 / Relayé par Meta TV )

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