La communauté internationale a perdu une première bataille contre le virus Ébola, mais si « tout le monde » s'unit, le virus peut être vaincu, explique la présidente de Médecins sans frontières (MSF), Joanne Liu, en entrevue à l'émission 24/60.
« On est en constat d'échec. L'épidémie continue, les cas augmentent, maintenant les travailleurs humanitaires internationaux sont infectés parce qu'on est débordé », dit Mme Liu. Plus de 3000 personnes ont été infectées, selon les dernières données de l'Organisation mondiale de la santé (oms). Et 1552 personnes, dont 120 travailleurs de la santé, sont mortes après avoir contacté le virus. « On croit qu'on aurait dû mobiliser davantage de monde », déplore Mme Liu.
Le virus Ébola pourrait contaminer plus de 20 000 personnes, a averti jeudi l'oms, dévoilant un plan d'action nécessitant près de 532 millions de dollars sur une période de 6 à 9 mois pour mettre fin à l'épidémie. « On va y arriver, mais il faut que tout le monde s'y mette », dit la présidente de MSF, qui estime que les « pays riches » ont une « responsabilité politique ». Il faut des moyens financiers, mais aussi humains.

« On a besoin de gens qui vont avoir le courage et la volonté d'aller travailler sur le terrain », dit Mme Liu, dont l'organisation gère un centre qui accueille 120 personnes infectées au liberia.
Les conditions de travail sont particulièrement difficiles pour les travailleurs humanitaires de MSF. « Le risque par rapport à l'Ébola, c'est parce qu'il est toujours présent. Il n'y a pas de temps mort. Il faut avoir le courage de surpasser ses propres craintes », dit Mme Liu.
Les tenues de protection des travailleurs sont lourdes et inconfortables. « Pour l'avoir fait, le kit de cosmonaute, il y fait chaud […] C'est sûr que ce n'est pas confortable, donc on fait des rotations », dit Mme Liu, qui indique que la tenue ne peut être portée pendant plus d'une heure.
L'OMS estime qu'il va falloir mobiliser 12 000 travailleurs de la santé pour en terminer avec l'épidémie. MSF est aussi en discussion avec les autorités internationales afin qu'un pont aérien régulier pour transporter les travailleurs humanitaires, notamment ceux qui tombent malades, soit mis en place. Il faut dire que de plus en plus de compagnies ont annulé leurs vols en direction de la Guinée, de la Sierra Leone, du liberia et du Nigeria. Une situation que déplore Mme Liu.
« Je n'ai pas de vols aériens assurés, de ponts aériens, pour sortir mon personnel […] Je brieffe 200 personnes qui partent toutes les quatre semaines, puis je leur dis : "En passant, si tu tombes malade, je vais tout faire pour te sortir, mais peut-être que je n'y arriverais pas" », dit Mme Liu.
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Source(s) : Ici Radio Canada, le 28.08.2014 / AFP