La pauvreté devient un crime en Europe : La Suède veut pénaliser ses mendiants

La Suède veut pénaliser ses mendiants. Le pays scandinave succombe ainsi à un phénomène de mode européen. Des mesures pour restreindre la mendicité sont prises un peu partout, même dans les pays où cette pratique est autorisée par la loi.

“Sus aux mendiants venus d’ailleurs!” C’est le cri de guerre du parti d’extrême droite suédois, les Démocrates de Suède. Les membres du parti ont proposé cette semaine au Parlement suédois de :

Faire de la mendicité en Suède pour les étrangers un délit et assortir la peine d’une expulsion ou d’une interdiction d’entrée sur le territoire avec une interdiction de revenir plus longue.”

Xénophobe jusque dans la mendicité, les Démocrates de Suède distinguent les miséreux suédois des étrangers. Ainsi, les premiers seraient à la rue du fait de problèmes liés à la toxicomanie ou à alcool. Les seconds eux, n’auraient qu’une idée en tête: détrousser les braves citoyens suédois.

Les populistes suédois n’ont pas eu à chercher bien loin pour trouver une idée pareille. Le voisin norvégien part également en croisade contre les plus démunis.
 
Le gouvernement de coalition, poussé par le Parti du progrès, veut donner les moyens aux municipalités d’interdire la mendicité. Selon la chef de file de ce parti populiste, Siv Jensen, pénaliser la mendicité permettrait de lutter contre la criminalité, mais surtout, contre les Roms. Quand on parle délinquance, les parias favoris de l’Europe ne sont jamais loin.

Si la mendicité est encore légale en Norvège, il pourrait en être autrement dans les prochaines années. Dans son programme, le Parti du Progrès souhaite l’interdire dans tout le pays.

La prison en Hongrie

Les pays profitent du vide juridique de l’Union européenne en matière de mendicité. Mise à part la loi sur la liberté de circulation des individus, rien n’empêche vraiment les Etats de l’interdire, si ce n’est les associations de lutte pour les droits de l’homme. La pénalisation peut aller de travaux d’intérêts généraux… à la peine de prison en cas de récidive.

C’est, sans surprise, le cas de la Hongrie, révèle l’ONG Human Rights Watch. Le pays compte près de 30 000 sans-abris. Depuis 2010, le gouvernement de Viktor Orban s’est lancé dans un grand plan de lutte contre la pauvreté visible.

Le “ministre-président” va jusqu’à modifier la constitution hongroise afin d’interdire aux personnes de dormir ou mendier dans les zones urbaines touristiques. Le texte de loi reste cependant évasif sur la définition de “zone urbaine touristique” et laisse cette appréciation aux forces de l’ordre. Dans sa grande mansuétude, le Parlement hongrois à toutefois autorisé les communes à créer des zones réservées aux sans-abris. Qui parle de ghettos ?

La mendicité en Espagne coûte cher

Les Espagnols, eux, préfèrent tout miser sur une amende élevée. Dès 2014, la municipalité de Madrid dressera des procès-verbaux à tous les sans-abris de 750 euros selon El Pais. Les amendes pourront atteindre les 1500 euros si le mendiant tente de nettoyer la vitre d’un automobiliste. Et 3000 euros s’il sollicite la générosité des passants accompagnés d’un enfant. Plusieurs municipalités espagnoles ont déjà été séduites, comme Valladolid. En Espagne, les régions sont libres de légiférer comme elles le souhaitent, concernant la mendicité.

Les villes françaises font de la surenchère

En France, la mendicité est légale et ce depuis les années 1990. Les maires disposent cependant de droits permettant de la contrôler dans leur commune. Des ordonnances peuvent être instaurées par les maires, mais sont limités dans le temps et l’espace.

Plusieurs villes françaises, comme Marseille, Bordeaux, ou Cannes, ont ainsi voté des arrêts “anti-mendicité agressive”. Il est ainsi interdit de solliciter la générosité des passants si l’on est accompagné d’un “animal dangereux” ou “en réunion de manière agressive”. Ces “dangereux” mendiants devront payer une amende de 38 euros. Et depuis 2011, les sans-abris d’origine étrangère, considérés comme “malveillants”, sont directement renvoyés dans leur pays d’origine.

Récemment, la candidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko Morizet a déclaré lors du talk Orange-Le Figaro (voir vidéo) qu’elle souhaitait réactiver des arrêts similaires dans la capitale. Ces arrêts ont été suspendus en juin 2012.

Les associations tentent de limiter ce type de dérives électoralistes. Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont créé un site incitant les citoyens à rendre public les arrestations constatées sur la voie publique. Selon l’Insee, la France comptait, en 2012, près de 141 500 personnes sans domicile, dont 30 000 enfants.

Les Allemands misent sur la solidarité

La stratégie allemande diffère de ses voisins européens. Depuis le 1er avril 1976, les Landers sont chargés d’apporter un soutien aux personnes en grande difficulté sociale. A eux de mettre en place des structures capables d’accueillir les sans-abris. Il est cependant interdit de mendier dans les parcs ou d’inciter les mineurs à collaborer à tout acte de mendicité.

L’Etat encourage les actions menées par les associations. Quant aux églises, elles ont l’obligation d’utiliser une partie de l’impôt payé par les croyants pour aider les plus pauvres.

Charité italienne mal ordonnée

Le droit italien sur la mendicité est empreint de catholicisme. L’Etat n’interdit pas aux plus démunis de demander de l’argent, seulement ces derniers doivent le faire dans le cadre:

d’une revendication légitime de la solidarité humaine (…) afin de faire ressortir chez l’autre le sentiment d’amour (…) sans pour autant troubler l’ordre public.”

Le mendiant doit également vivre dans une situation de pauvreté réelle et peut être interpellé par la police s’il se sert de l’argent récolté pour acheter de l’alcool, de la drogue ou n’importe quel autre bien qui ne serait pas nécessaire à sa survie. 

Mais la mansuétude affichée de la loi, n’empêche pas les dérapages. En 2008, une Rom est arrêtée pour esclavagisme parce qu’elle mendiait avec son enfant. Elle est condamnée lors du procès ainsi qu’en cour d’appel, mais est relaxée par la Cour de cassation. La haute juridiction estimait que le mendicité faisait partie “du patrimoine culturel des Roms” et qu’il était donc hors de question de condamner cette femme pour une pratique ancestrale propre à son peuple!

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Source: MyEurop (par Ludovic Clerima) / Relayé par Meta TV

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