L’agence américaine de renseignement NSA est très impliquée dans les attaques de drones des États-Unis contre Al-Qaïda, présentées jusqu’à présent comme étant l’œuvre de la seule CIA, indique le Washington Post, citant des documents de l’ancien consultant Edward Snowden.
La surveillance numérique effectuée par l’agence nationale de sécurité (NSA) a permis de localiser un responsable d’Al-Qaïda, Hassan Ghul, tué ensuite lors d’une attaque américaine de drones au Pakistan en 2012, a précisé le journal mercredi soir.
La campagne controversée de drones du président américain Barack Obama contre Al-Qaïda a été présentée jusqu’à présent comme étant l’œuvre de la seule CIA, l’agence centrale de renseignements chargée d’espionner hors des États-Unis. La NSA est plus particulièrement chargée de la surveillance et du décodage des messages cryptés.
Une opération a pu être lancée contre Hassan Ghul grâce notamment à un courriel de sa femme, intercepté par la NSA.
Les États-Unis n’ont jamais publiquement confirmé être à l’origine de la mort de M. Ghul, mais d’après les documents de M. Snowden transmis au Washington Post, il a été tué l’an dernier par les États-Unis.
Capturé en 2004, Ghul a révélé lors son interrogatoire le réseau de messagers d’Oussama ben Laden, qui a notamment permis de lancer le raid américain contre le chef d’Al-Qaïda en mai 2011.
Ghul a passé ensuite deux années dans une prison secrète de la CIA, avant d’être transféré en 2006 dans son pays natal, le Pakistan, où il a été libéré et il a rejoint de nouveau Al-Qaïda.
Pour aider la CIA à localiser Ghul et d’autres suspects, la NSA avait posé «une couverture de surveillance sur des dizaines de kilomètres carrés dans le nord-ouest du Pakistan».
Le courriel de la femme de Ghul, qui évoquait «ses conditions de vie actuelles», comprenait suffisamment d’informations pour confirmer les coordonnées de leur domicile.
«Cette information a permis l’opération de capture/mort d’un individu qui serait Hassan Ghul le 1er octobre», selon le document cité par le Post.
La NSA n’a pas démenti le contenu de ce document, mais a rappelé, dans un communiqué, que son travail visait à «découvrir et développer des informations sur des cibles du renseignement extérieur, comme des terroristes, des trafiquants d’êtres humains et des trafiquants de drogue»
Le Washington Post précise avoir volontairement omis de publier d’autres informations sur ces missions dites d’«assassinats ciblés», à la demande de responsables des renseignements inquiets des conséquences de leur publication sur leurs opérations.
Actuellement réfugié en Russie, Edward Snowden a révélé de vastes et secrets programmes américains de surveillance par la NSA, via la collecte de données téléphoniques, mais aussi numériques, y compris d’Américains.
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Source(s): La Presse, le 17.10.2013