Une fine couche d'argile située dans le plancher océanique serait à l’origine du séisme de Tōhoku, survenu le 11 mars 2011 au large des côtes japonaises, qui a provoqué le terrible tsunami.
Une fine couche d’argile, de 5 mètres d'épaisseur à peine. Si fine et glissante que, telle un lubrifiant, elle a favorisé le déplacement de deux plaques tectoniques l'une par rapport à l'autre : la plaque dite « Pacifique », et la plaque « Nord-Américaine » (voir image ci-dessous). Deux plaques qui, les géologues savent depuis longtemps, sont impliquées dans un processus dit de « subduction » : en clair, la plaque nord-américaine chevauche la plaque pacifique, laquelle se courbe et s'enfonce dans les profondeurs du manteau terrestre.
Résultat ? Le 11 mars 2011, du fait de la présence de cette fine couche argileuse située à la jonction des plaques Pacifique et Nord-Américaine, ces dernières ont brusquement glissé l'une par rapport à l'autre. Ce colossal déplacement sous-marin, qui s'est produit sur une distance de près de 50 mètres, a alors violemment poussé le sous-sol marin vers le haut, déclenchant le tragique tsunami.
Pour découvrir l’existence de cette surprenante argile, des scientifiques ont effectué une série de forages sous-marins à bord du Chikuyu, un navire scientifique. Grâce à leur équipement, spécialement conçu pour explorer les grands fonds, ils ont pu descendre à plus de 800 mètres sous le plancher océanique, alors que ce dernier est lui-même situé à quelque 6900 mètres de profondeur.
La découverte de ce sédiment argileux est inquiétante. En effet, elle incite les scientifiques à penser que des séismes d'une puissance équivalente pourraient se reproduire sur d'autres zones du Pacifique Nord-Ouest, de la péninsule russe du Kamchatka aux îles Aléoutiennes. Une région où ce type d'argile est précisément présent…
Cette découverte a fait l'objet d'une série d'articles publiés le 6 décembre 2013 dans la revue Science, sous les titres suivants : « Structure and Composition of the Plate-Boundary Slip Zone for the 2011 Tohoku-Oki Earthquake », « Low Coseismic Shear Stress on the Tohoku-Oki Megathrust Determined from Laboratory Experiments » ,« Low Coseismic Friction on the Tohoku-Oki Fault Determined from Temperature Measurements ».
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Source(s): Science Mag / Par Patricia Courand, le 06.12.2013 / Relayé par Meta TV )