Petit argumentaire rapide à destination d'un Premier ministre soucieux d'aider les régions les plus déshéritées de son beau pays de France avec de l'argent public : le Nord – Pas-de-Calais est sans doute davantage puni par la crise économique et sociale que la Bretagne.
Sur le front de l'emploi, le navire ch'ti continue de prendre l'eau sans parvenir à redresser la barre avec 3 610 postes de travail perdus en 2012 et plus de 15 000 en 2013 d'après les derniers éléments officiels (et non encore publiés) de l'URSSAF. De son côté, la chambre régionale de commerce et d'industrie craint la perte de 9 000 emplois industriels sur l'ensemble de cette année tout en redoutant un taux de chômage à 14,5 % à Noël, nouveau sinistre record.
Goossens, LKI, Roquette Textiles, CEREC, Calaire Chimie, Safig, Macopharma, Tissavel, Continentale Nutrition… Stop ! La liste est longue des emplois détruits ou menacés. Nous avons fait l'inventaire d'une bonne quarantaine de PME actuellement sous surveillance pour l'inquiétude qu'elles génèrent sur le front de l'emploi, qu'elles soient en redressement ou en liquidation judiciaires. Contrairement à la Bretagne, pas de plan social important, comme ça d'un coup, mais une litanie de pertes sèches, semaine après semaine, un sordide goutte-à-goutte hémorragique.
Le Nord – Pas-de-Calais a perdu presque trois fois plus d'emplois salariés que l'an passé ! C'est 12 % de l'emploi perdu en un an sur l'ensemble de la France ! Qui dit mieux ? La Bretagne ? Plus de 800 départs en retraite non remplacés à la Française de Mécanique à Douvrin. Plus de 600 salariés de Renault MCA concernés à Maubeuge par des départs volontaires. Un secteur automobile qui n'embauche pratiquement plus d'intérimaires. Un chômage partiel massif pour l'ensemble du personnel, 5 700 postes, à Arc International dans l'Audomarois. Une bonne centaine de PME sous surveillance de la commissaire régionale au redressement productif, sous l'autorité directe du préfet. Les défaillances d'entreprises augmentées de 30 % cet été, 860 défaillances entre juillet et septembre selon le cabinet Altares…
Traitement de faveur ?
Au plan social, la région cumule les handicaps et n'a rien à envier aux Bretons. D'après l'INSEE, le taux de bénéficiaires des minima sociaux est de 8,5 %, plus de deux points au-dessus de la moyenne nationale. Le taux de pauvreté calcule la proportion de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Il est de 18 % dans le Nord – Pas-de-Calais, contre 13 % en France. C'est près d'un ménage sur cinq !
Passons sur les indicateurs désastreux au plan sanitaire (records nationaux d'incidences de nombreux cancers) ou dans le domaine de l'environnement avec la pollution d'héritage industriel de loin la plus forte de France. Sur ces deux points, la santé et le cadre de vie, la région dispose des arguments les plus convaincants pour bénéficier d'une discrimination positive, voire d'un traitement de faveur à Matignon. Cela ne s'est jamais produit.
Oubliés les gens du Nord et du Pas-de-Calais ? Il existe une devise patronale ici. En substance, la région ne doit son développement, son attractivité et sa vitalité (car elles existent aussi !) que par elle-même, par le jeu de ses acteurs et les immenses efforts de ses grandes collectivités locales. Réseaux, gouvernances collectives, grands schémas, grandes visions pour de grandes transitions. On se bat ! Malgré le niveau de vie médian (1) le plus faible de France, en dépit de son plus bas niveau des pensions et retraites, malgré l'indice de développement humain le plus faible du pays.
zones les plus riches du monde entre le Tout-Paris, le Grand Londres et l'influente bruxelles. Paradoxe !
1. Le niveau de vie médian partage la population en deux effectifs égaux.
Le Plan «Bretagne»
C'est Jean-Marc Ayrault, lui-même, qui a dévoilé mercredi un « pacte d'avenir » pour la Bretagne. Avec, parmi les mesures d'urgence, le déblocage de 15 millions d'euros pour aider la filière agroalimentaire. Le Premier ministre s'est aussi engagé à favoriser la cession de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau à la communauté de communes de Landivisiau (Finistère). Ce n'est pas tout, il a aussi annoncé qu'un contrat de sécurisation professionnelle – qui garantit le maintien de 97 % du salaire net pendant une année – sera proposé aux salariés des entreprises menacées de fermeture. Au programme aussi : accompagnement renforcé et plan de formation. Autre promesse : l'écotaxe poids lourds (contre laquelle protestent les milieux économiques bretons) qui doit entrer en vigueur le 1er janvier serait « traitée avec la plus grande attention ». Ce n'est pas tout : à plus long terme, 100 millions seraient investis entre 2014 et 2020 pour développer les transports. La BPI (Banque publique d'investissement) renforcera aussi « son action en Bretagne dans les semaines à venir ».
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Source: lavoixdunord.fr / Par Yannick boucher , Publié le 20/10/2013 )
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