Irak : l’union sacrée des Kurdes contre l’EI et pour sauver les déplacés

Les combattants kurdes d'Irak, de Syrie et de Turquie ont uni leurs forces dans une rare alliance pour faire face aux jihadistes dans le nord irakien et secourir des milliers de civils bloqués dans les montagnes voisines.
 

Ces civils, en majorité issus de la minorité yazidie, ont fui les jihadistes de l'État islamique (EI) qui ont pris chassé ces derniers jours les forces kurdes de plusieurs villes proches de Mossoul, tombée aux mains des insurgés sunnites au tout début de leur offensive lancée le 9 juin.

Sinjar, à 50 km de la frontière syrienne, est tombée dimanche, provoquant la fuite de dizaines de milliers de civils paniqués. Jusqu'à 200.000 personnes, selon l'ONU. Les jihadistes s'étaient auparavant emparés de de ville de Zoumar, d'un site pétrolier et de Rabia, un poste-frontière entre la Syrie et l'Irak.

Cette nouvelle avancée permet à l'EI, qui s'est déjà emparé de larges pans de territoire irakien, d'asseoir son contrôle sur cette zone qui relie Mossoul à la frontière syrienne et, au-delà, aux territoires syriens sous son contrôle.

Après ces revers cuisants, et face à l'incapacité de l'armée fédérale à contrer les jihadistes, des combattants kurdes du PKK turc, du PYD syrien et des peshmergas irakiens ont uni leurs forces dans une collaboration sans précédent.

Les trois groupes, aux relations compliquées et souvent tendues, ont mis temporairement leurs différends de côté dans une sorte d'union sacrée.

Lundi, Bagdad avait déjà décidé d'appuyer la contre-offensive des peshmergas, dans un mouvement rare de coopération illustrant la gravité de la situation.

Les Kurdes venus de Syrie et de Turquie "sont chargés de combattre" les jihadistes "dans la région de Rabia et de Sinjar", à l'ouest de Mossoul, a déclaré mercredi Hallo Penjweny, haut responsable du parti de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK).

"De notre côté, nous (les peshmergas) nous occupons de Zoumar et du reste du secteur au nord et à l'est de Mossoul", a-t-il annoncé.

"Nous devons joindre (nos forces)" contre l'EI, a affirmé mardi le chef militaire du PKK Murat Karayilan.

'Nous sommes massacrés'

Les peshmergas sont considérées comme les forces de loin les plus efficaces et les mieux organisées d'Irak. Mais les problèmes de trésorerie du Kurdistan, dont la part de revenus pétroliers a été bloquée par Bagdad, pèsent sur leur financement et leur équipement.

Leur retrait de Sinjar a obligé des milliers de civils à fuire, et en particulier de nombreux Yazidis, minorité kurdophone persécutée de longue date. Nombre d'entre eux sont maintenant bloqués dans des montagnes désertiques, menacés autant par la faim et la soif que par les massacres des jihadistes.

Selon Bagdad, des hélicoptères de l'armée irakienne leur ont largué 77 tonnes de vivre et d'eau depuis mardi, mais un responsable de l'UPK a prévenu mercredi que les forces kurdes auraient besoin de plusieurs jours avant de pouvoir leur assurer un passage sûr.

"Le principal problème pour l'instant c'est qu'ils n'ont pas de nourriture. Ils ont commencé à chasser de petits animaux dans les montagnes, ils mangent tout ce qu'ils peuvent trouver", a déclaré à l'AFP Abou Abbas, qui a réussi à atteindre le Kurdistan, mais dont les enfants sont bloqués dans les montagnes.

"Plusieurs enfants sont déjà morts et ont été enterrés dans la montagne", a-t-il ajouté, expliquant avoir reçu des nouvelles par téléphone. L'Unicef a évoqué mardi un premier bilan de 40 enfants morts.

"Je pense qu'il sera difficile à n'importe lequel d'entre eux de survivre encore plus de deux ou trois jours", a-t-il prévenu.

Dans ces conditions terribles, des exemples de solidarité ont vu le jour, assure M. Abbas. Comme ces femmes allaitant plusieurs enfants, qu'ils soient Yazidis, chrétiens ou musulmans.

La situation dramatique de ces déplacés suscite l'émoi en Irak et dans le monde.

Une députée yazidie a éclaté en sanglots mardi au Parlement irakien: "Nous sommes massacrés, notre religion est en train d'être rayée de la surface de la terre", a-t-elle lancé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a prévenu que les persécutions de l'EI contre les minorités pouvaient "constituer un crime contre l'humanité".

Outre les revers dans la région de Mossoul et les difficultés financières, les peshmergas doivent également subir le poids de la sécurisation d'un territoire qui s'est agrandi de 40% depuis qu'ils ont pris position dans certaines zones abandonnées par l'armée face à l'avancée jihadiste.

Mercredi, un combattant kurde a été tué et 13 autres blessés dans un attentat suicide à la voiture piégée à un poste de contrôle peshmerga entre Mossoul et Erbil, selon des témoins et des sources de sécurité.

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Source(s) : RTBF / AFP, le 06.08.2014

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