Les suicides d’agriculteurs sont très courants en Inde. Certains affirment que la faute en incombe à l’augmentation des récoltes génétiquement modifiées.
«Le monopole des semences a mené aux suicides», a affirmé Dre Vandana Shiva, fondatrice de la Fondation Naydanya pour la Recherche pour la Science, la Technologie et l’Écologie.
Shiva a parlé du coton Bt, variété de coton génétiquement modifié vendue par Monsanto, le géant de la biotechnologie: «Actuellement, 95 % des semences de coton appartiennent et sont contrôlées par Monsanto. Comme la plupart des sociétés de récoltes de coton sont liées par des accords de licence avec Monsanto, le prix des semences a grimpé de 8000 %.»
Les suicides d’agriculteurs sont concentrés dans l’ouest de l’Inde, dans des régions où pousse le coton.
Dans un documentaire de 2011, intitulé Semences amères, le réalisateur américain Micha Peled soupçonne des sociétés comme Monsanto d’avoir fait main basse sur les semences en Inde.
Peled affirme que les OGM sont la cause d’un quart de millions de suicides d’agriculteurs par an.
Ces suicides ont constitué un moteur puissant dans les protestations de masse contre les OGM en Inde.
Le 8 août, plus de 1000 fermiers de 20 États se sont réunis dans la capitale pour demander l’interdiction des OGM. La manifestation a obtenu ampleur et signification parce que le 8 août est célébré comme le jour où les masses indiennes se sont soulevées contre le pouvoir colonial britannique en 1942.
Le 15 août, les agriculteurs ont présenté, à leur premier ministre, un drapeau indien tissé avec du coton biologique pour célébrer la Journée de l’Indépendance.
Le gouvernement a pris quelques mesures pour réguler les OGM.
En août 2012, le Comité permanent parlementaire sur l’Agriculture a publié un rapport de 492 pages et demandé l’interdiction des cultures alimentaires génétiquement modifiées dans le pays. En octobre 2012, le Comité Technique d’Experts (TEC) nommé par le tribunal suprême a recommandé un moratoire de dix ans sur les essais des OGM dans les champs en Inde, afin de considérer leurs impacts sur la santé, l’environnement, l’économie et autres.
Néanmoins, selon Reset, consultant allemand en développement durable à but non lucratif, 71 variétés de récoltes génétiquement modifiées poussent dans des champs expérimentaux en Inde.
Le coton génétiquement modifié est entré dans le pays en 2002. En 2009, une aubergine Bt (aubergine génétiquement modifiée) a obtenu le feu vert – première culture comestible génétiquement modifiée à entrer en Inde. Cependant, en 2010, l’aubergine a été placée sous moratoire, à la suite des protestations et des inquiétudes sur ses impacts inconnus sur la santé.
En début d’année, le gouvernement indien a rendu l’étiquetage des OGM obligatoire.
«Nous avons dû nous battre devant le tribunal suprême pour demander l’étiquetage», a déclaré Shiva.
Alors que les OGM attisent les protestations de masse en Inde, certains affirment que les récoltes d’OGM peuvent accélérer le développement du pays en accroissant le rendement des cultures.
Les OGM bénéficient-ils à l’Inde?
Le département du Développement économique et rural agricole de l’Université Georg-August de Göttingen, Allemagne, a sondé 533 fermes dans quatre États indiens produisant du coton, entre 2002 et 2008.
Il a découvert que le coton Bt a bénéficié à de petits agriculteurs. Le rendement du coton a augmenté de 24 % et les profits se sont accrus de 50 % en moyenne.
Au contraire, Shiva a déclaré avoir vu peu des bénéfices supposés, mais de nombreux coûts supplémentaires et dettes. Sa fondation de recherche a surveillé les activités liées aux OGM depuis 1997 et mené une campagne anti-OGM au niveau national et international.
«La semence ne parvient pas à lutter contre les parasites, il y a eu plus de ravages et plus de pesticides doivent être diffusés», a expliqué Shiva. «La combinaison des coûts élevés, des semences non renouvelables et des pesticides coûteux ont enfermé les agriculteurs dans les dettes. Ce piège des dettes les a poussés au suicide», a-t-elle ajouté.
Shiva a déclaré: «Les OGM ne sont pas nécessaires en Inde. Le groupe d’experts techniques du Tribunal Suprême l’a reconnu, le comité parlementaire sur l’agriculture l’a reconnu, et les expériences avec le coton Bt l’ont montré.»
Batailles de brevets et autres empiétements présumés de Monsanto
Monsanto aurait trafiqué 16 variétés locales d’aubergines pour développer sa variété génétiquement modifiée. L’Autorité Nationale de la Biodiversité a engagé des poursuites contre Mahyco, le partenaire indien de Monsanto.
Selon Greenpeace, Monsanto a tenté de breveter, non seulement une variété de blé, mais aussi l’utilisation de blé – la fabrication de rôtis, pains, etc. – citant l’Autorité de la réglementation de la biotechnologie d’Inde (BRAI) 2013. Les syndicats d’agriculteurs et Greenpeace, indignés, se sont battus avec succès et le brevet a été annulé.
Shiva a déclaré: «s’il n’y a pas de brevets, il n’y aura pas d’OGM. La seule raison pour laquelle des sociétés comme Monsanto font pousser des OGM est qu’ils peuvent déclarer des brevets et percevoir des redevances. Les semences devraient se trouver entre les mains des agriculteurs».
Anticipant les impacts négatifs des OGM, certaines organisations indiennes ont débuté des programmes de conservation de semences. Les organisations non gouvernementales, comme Naydanya et la Société de développement Deccan, par exemple, ont discuté avec les agriculteurs sur les OGM et les ont informés sur les bénéfices et les dangers.
À Vidharba, la région orientale de Maharastra où se sont produits le plus de suicides d’agriculteurs, l’organisation de Shiva aide les fermiers grâce aux banques de semences qu’elle a créées. L’organisation dispose de 111 banques de semences communautaires dans le pays.
Projet de Loi de l’autorité de régulation de la biotechnologie de l’Inde
Un projet de Loi a été présenté auprès de la chambre basse du Parlement indien, le 22 avril, afin de créer une autorité de régulation pour la biotechnologie. Greenpeace et d’autres opposants aux OGM affirment que cela a pour but de museler les protestations.
Greenpeace déclare dans un rapport que le projet de loi de l’autorité de régulation pour la biotechnologie en Inde (BRAI) ne fait pas mention de «tests de biosécurité et d’évaluations indépendants sur le long terme, sur les récoltes génétiquement modifiées».
«Le projet de loi de la BRAI ôte le pouvoir de décisions des gouvernements des États dans les publications ouvertes sur les récoltes OGM, y compris pour les expériences», a déclaré Greenpeace. Cela signifie que le projet de loi remplace l’autorité constitutionnelle du gouvernement de l’État sur la santé publique et l’agriculture.
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Source: Epoch Times (par Venus Upadhayaya)
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