La banque d’affaires redoute que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. Elle menace de déplacer le gros de ses activités en zone euro, à Paris ou Francfort.
Une grande tour Goldman Sachs à la Défense avec 5.500 personnes constituant le gros des équipes européennes ? Ce n’est plus tout à fait une vue de l’esprit.
Michael Sherwood, vice-président de la banque et co-directeur général de ses activités internationales, a en effet expliqué mardi matin à un groupe de correspondants étrangers à Londres que son établissement était prêt à délaisser la City si les Britanniques décidaient de sortir de l’Union européenne à la suite d’un référendum.
« Nous conserverions notre stratégie de “hub” en Europe avec le gros de nos équipes regroupées en un même centre, parce que c’est ce qu’il y a de plus efficace, explique-t-il. Du coup, si la Grande-Bretagne quittait l’Union européenne, nous serions prêts à déplacer la plupart de nos effectifs en zone euro, Paris et Francfort étant les deux points de chute les plus probables ».
La banque d’affaires américaine précise que cette perspective est encore éloignée, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas encore sûr qu’un référendum aura lieu outre-Manche. Mais Michael Sherwood estime que les risques de sécession britannique ne sont plus minuscules.
Pour lui, si elle était libérée de la contrainte de Bruxelles, la City ne serait pas mieux placée pour gagner des parts de marché sur le grand international, par exemple sur les activités off-shore en Yuan, la devise chinoise. « Au contraire, explique-t-il. Les hommes d’affaires chinois ou d’autres pays émergents s’intéressent à Londres pour aussi saisir des opportunités en Europe continentale ».
La banque d’affaires américaine, et Michael Sherwood en particulier, ont déjà fait entendre leur voix dans une Grande-Bretagne devenue de plus en plus eurosceptique, voire europhobe. Mais même s’il déclare « aimer Londres et vouloir y rester ». c’est la première fois qu’un de ses dirigeants présente comme inéluctable un déplacement de son siège européen sur le continent en cas de victoire du « oui » à un référendum.
Si Goldman Sachs envisage de construire un siège de 100.000 mètres carrés à côté de ses bureaux de Fleet Street, il est désormais probable qu’elle attendra le résultat d’un référendum.
Les banques de la zone euro subissent d’ailleurs également des pressions pour ne pas déplacer des actifs à Londres en ce moment. Michael Sherwood estime qu’en cas de sortie de l’Union, il est peu probable que les partenaires européens de la Grande-Bretagne soient conciliants et veuillent maintenir la City comme centre financier européen.
D’autres figures de la City comme Gérard Lyons, ex-économiste en chef de Standard Chartered aujourd’hui conseiller de Boris Johnson, et Jim O’Neill, ex-patron de la gestion d’actifs de Goldman Sachs, ont toutefois déclaré récemment devant une commission parlementaire que la City pourrait rester un centre international sans l’arrimage à l’Europe.
Mais pour Michael Sherwood, une sécession britannique serait un coup dur pour la finance en général. « Les autorités britanniques ont une longue expérience de gestion d’un grand centre international, cela prendrait du temps pour créer un environnement similaire ailleurs », explique-t-il.
Ce dirigeant soutient les projets de réforme de l’Europe exprimés par David Cameron, le Premier ministre britannique, mais il estime « que pour le gros des activités de marchés de capitaux, il est possible de faire des affaires à l’intérieur de l’Union européenne ».
Il note même que la taxe sur les transactions financières devrait finalement être gérable pour les acteurs de la finance, s’il y avait un compromis qui ressemble aux taxes nationales existantes.
_________________________________________________________
Source(s): Les Echos / Par Nicolas Madelaine, le 03.12.2013 / Fortune / Relayé par Meta TV )