Gallimard «suspend» son projet de publication des pamphlets antisémites de Céline

La maison d’édition Gallimard a annoncé ce 11 janvier qu’elle suspendait son projet de publier les pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline. Ce projet avait soulevé une levée de boucliers, notamment du Crif.

«Au nom de ma liberté d’éditeur et de ma sensibilité à mon époque, je suspends ce projet, jugeant que les conditions méthodologiques et mémorielles ne sont pas réunies pour l’envisager sereinement», a fait savoir le 11 janvier Antoine Gallimard, président des éditions Gallimard, dans un texte adressé à l’AFP, à propos du projet de la maison d’édition de rééditer des textes antisémites et racistes de Céline.

Le projet de rééditer les pamphlets en question (Bagatelles pour un massacre, L’Ecole des cadavres et Les beaux draps) avait suscité une levée de boucliers, notamment de la part de Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France. Gallimard souhaitait néanmoins publier «une édition critique» des pamphlets «sans complaisance aucune».

Je comprends et partage l’émotion des lecteurs que la perspective de cette édition choque, blesse ou inquiète pour des raisons humaines et éthiques évidentes

Ces textes constituent «une insupportable incitation à la haine antisémite et raciste», avait également estimé le 10 janvier le Conseil représentatif des institutions juives (Crif). Le président du Crif, Francis Kalifat avait en outre appelé les éditions Gallimard «à renoncer au projet de réédition de ces brûlots antisémites».

«Aucune date de publication n’était fixée à ce stade», a rappelé Antoine Gallimard. Les textes concernés ont été rédigés par l’auteur de Voyage au bout de la nuit entre 1937 et 1941. Ils devraient tomber dans le domaine public en 2031 (soit 70 ans après la mort de l’écrivain en 1961) et seront alors libres de droits.

Les pamphlets de Céline ne sont pas interdits en France, mais n’ont pas été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’écrivain lui-même puis sa veuve, Lucette Destouches, âgée de 105 ans, s’y opposaient. Ils peuvent cependant aisément être consultés sur internet ou achetés chez des bouquinistes.

Source : Russia Today 11 janvier 2018

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