Les explosions qui ont endeuillé le marathon de Boston lundi sont dues à des bombes artisanales, sans doute des cocottes minute, déposées au sol accompagnées de billes d'acier ou de clous pour multiplier les dégâts, selon les premiers témoignages et éléments de l'enquête.
Le FBI et la police de Boston se refusent à livrer des détails de l'enquête à ce stade ou à évoquer une quelconque piste, islamiste ou intérieure, au lendemain de la double explosion qui a provoqué la mort de trois personnes et fait plus de 170 blessés.
Selon plusieurs médias américains, les bombes ont été disposées dans des cocottes minute équipées de minuteurs et placées à l'intérieur de sacs noirs.
Une trentaine de policiers scientifiques spécialistes des explosifs ont été dépêchés sur place, selon l'agent spécial Gene Marquez, du Bureau de l'ATF, l'agence fédérale chargée de traquer les armes et explosifs en circulation.
"Il va falloir plusieurs jours pour étudier la scène de crime", a-t-il affirmé.
La puissance des deux bombes, avec un effet de souffle relativement limité, semble écarter l'utilisation d'explosifs de types militaires, type C4, RDX ou Semtex, très puissants et difficiles à se procurer.
Les abords de l'arrivée du marathon ont été examinés à deux reprises, le matin et une heure avant l'arrivée des premiers coureurs, sans qu'aucune trace d'explosif ne soit trouvée, selon le commissaire de Boston Edward Davis.
La composition des explosifs artisanaux n'a pas été précisée. Mis à part le nitrate d'ammonium fréquemment utilisé pour les voitures piégées, nombre d'attentats à la bombe ces dernières années ont perpétrés avec du TATP (triacétone tripéroxide), parfois disposé dans des "bombes tuyaux".
Les "bombes tuyaux" sont constituées d'un tuyau de métal dans lequel est disposé l'explosif. C'est ce type de bombe qu'avait utilisé Eric Rudolph pour l'attentat du parc du Centenaire à Atlanta pendant les jeux Olympiques de 1996 qui fit deux morts et 112 blessés.
Amputations
Le TATP, qui est très instable, peut être confectionné à partir de produits en vente libre, dont de l'eau oxygénée et de l'ammoniac. Il a notamment été utilisé par les auteurs des attentats de Londres le 7 juillet 2005 ainsi que par Richard Reid, le Britannique qui avait tenté de faire exploser ses chaussures bourrées d'explosif à bord d'un vol Paris-Miami le 22 décembre 2001.
Les services d'urgence de Boston ont fait état de nombreuses blessures au niveau des membres inférieurs, ayant nécessité des amputations à plusieurs occasions.
"Ce n'est pas inhabituel. Cette bombe a probablement été placée près du sol et donc des blessures des membres inférieurs sont à redouter", a expliqué sur CNN le Dr George Velmahos, chef du service de traumatologie au Massachussetts General Hospital, qui a dû effectuer quatre amputations.
Les effets de l'explosion ont été aggravés par l'utilisation de billes d'acier de roulements à billes, a affirmé sur FoxNews le président de la Commission de la sécurité intérieure à la Chambre des représentants, Michael McCaul.
Un élément confirmé par le Dr Velmahos: "on a retrouvé toutes sortes d'objets tranchants dans les corps, cette bombe contenait probablement de multiples fragments métalliques. Nous avons retiré des billes et des clous".
Les bombes dissimulées dans des cocottes minute remplies de shrapnel ont été souvent utilisées dans le passé, notamment lors de la vague d'attentats en France en 1995.
Dès 2003, le département américain de la Sécurité intérieure mettait mettant en garde contre ce mode opératoire dans un mémorandum. "Une technique couramment enseignée dans les camps d'entraînement afghans est d'utiliser ou de convertir des cocottes minute en bombes artisanales", notait-il.
En 2010, le magazine de la branche yéménite d'Al-Qaïda expliquait comment fabriquer une bombe avec une cocotte-minute et du shrapnel, selon le site internet spécialisé SITE. L'article, intitulé "Fabrique une bombe dans la cuisine de ta mère", figurait comme une "lecture hautement recommandée" sur un forum de suprémacistes blancs américains, Stormfront, selon SITE.
Deux Saoudiens blessés mis hors de cause
Deux Saoudiens, un homme et une femme, ont été blessés dans l'attentat survenu à Boston lundi mais aucun d'eux n'est soupçonné d'être impliqué dans les faits, a annoncé l'ambassade du royaume mardi.
La police américaine avait auparavant fait état d'un jeune homme saoudien de 20 ans gardé par des policiers dans un hôpital de Boston, tout en soulignant qu'il n'avait pas été placé en détention.
Les autorités américaines ont dit à l'ambassade lundi soir qu'"aucun Saoudien n'était soupçonné dans l'attentat survenu en marge du marathon de Boston et que le (jeune homme) saoudien en question était un témoin, et non un suspect", a déclaré le porte-parole de l'ambassade Nail Al-Jubeir.
Les enquêteurs tentent toujours d'en savoir plus sur l'attentat, et n'ont pas encore déterminé s'il s'agissait d'un acte perpétré par un individu isolé ou un groupe, basé aux États-Unis ou à l'étranger. Quinze des 19 pirates de l'air responsables des attentats du 11-Septembre étaient Saoudiens.
Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal, était en visite mardi à Washington, où il a rencontré le secrétaire d'Etat John Kerry. "Un des blessés est une citoyenne saoudienne, la femme d'un étudiant. Nous espérons qu'elle va bien, comme tous ceux qui ont été blessés", a-t-il déclaré après cette rencontre. Le prince Saoud Al-Fayçal a aussi fait part de la "solidarité" des Saoudiens face à la "tragédie" survenue à Boston et rappelé que l'Arabie saoudite condamnait "tous les actes terroristes".
Une date troublante
Le double attentat de Boston coïncide avec une série de dates anniversaires, autant d'éléments troublants qui alimentent les spéculations sur un éventuel lien avec l'extrême-droite américaine, les enquêteurs restant de leur côté extrêmement prudents.
Les enquêteurs n'ont officiellement aucune piste mais la date choisie alimente de nombreuses spéculations.
Le 15 avril était la date-limite pour régler ses impôts, une échéance détestée par l'extrême-droite américaine opposée au pouvoir fédéral. Mais lundi était aussi "Patriots' Day" –"la journée des patriotes"–, qui marque la première bataille de la guerre d'indépendance, un jour férié dans le Massachusetts, l'État dont Boston est la capitale.
La fusillade de Virginia Tech durant laquelle Seung-Hui Cho abattit 32 personnes dans cette université de Virginie est quant à elle survenue le 16 avril 2007, tandis que le massacre de Columbine intervenait le 20 avril 1999.
Vendredi marquera également le 20e anniversaire de la fin du siège d'une secte à Waco, au Texas, qui avait coûté la vie à 76 personnes. Et ce sera aussi la commémoration de l'attentat d'Oklahoma City, qui avait vu un sympathisant du Mouvement des Miliciens, une organisation d'extrême-droite, tuer à l'explosif 168 personnes dans un immeuble du gouvernement fédéral, le 19 avril 1995.
Obama se rendra sur place jeudi
Le président des États-Unis Barack Obama va se rendre jeudi à Boston pour une cérémonie religieuse en mémoire des victimes du double attentat à la bombe qui a endeuillé lundi la capitale du Massachusetts (nord-est), a annoncé mardi la Maison Blanche.
"Jeudi matin, le président voyagera à Boston pour parler lors d'une cérémonie œcuménique consacrée à ceux qui ont été tués ou grièvement blessés lors de l'attentat à la bombe de lundi près de la ligne d'arrivée du marathon de Boston", a précisé dans un communiqué le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney.
Plus tôt mardi, M. Obama a dénoncé un "acte de terrorisme (…) odieux et lâche", mais concédé que les autorités américaines ne savaient pas encore s'il était le fait d'un individu ou d'un groupe, étranger ou américain.
De son côté, le FBI a annoncé qu'aucune revendication n'avait été reçue mardi après-midi, soulignant que l'éventail des suspects possibles restait largement ouvert.
L'agent du FBI chargé de l'enquête Rick DesLauriers a déclaré lors d'une conférence de presse que les enquêteurs avaient récupéré sur les lieux des deux explosions plusieurs éléments, dont certains provenant de sacs noirs en nylon dans lesquels les bombes auraient pu être dissimulées. "Des fragments de petits plombs et de clous, qui étaient peut-être dans un engin fabriqué avec une cocotte-minute" ont également été retrouvés et envoyés au laboratoire du FBI à Quantico, près de Washington, a ajouté Rick DesLauriers.
Les enquêteurs avaient reçu plus de 2000 renseignements à midi mardi.
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Source(s): FBI / belga / RTBF.be / Meta TV)
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_explosions-de-boston-les-bombes-etaient-sans-doute-des-cocottes-minute?id=7974079#
Image : https://fbcdn-sphotos-c-a.akamaihd.net/hphotos-ak-ash3/p480x480/532183_447620721990265_1060620644_n.jpg