Des tablettes découvertes au sud de l’Iran révèleraient une nouvelle écriture

Des tablettes en argiles découvertes au sud de l’Iran alimentent une polémique au sein des archéologues. Oeuvres d’un faussaire spécialiste des écritures anciennes ou découverte d’une ancienne écriture jusqu’alors inconnue du grand public ? 

Les avis sont partagés, huit ans après la découverte de ces mystérieuses tablettes. Tout a commencé durant l’hiver 2000 – 2001, lorsqu’un nombre conséquent de vases et d’objets précieux en provenance directe du Moyen-Orient inonde le marché de l’art. Dès lors, deux hypothèses se font entendre, ceux qui pensent que cela est dû à un pillage à grande échelle, révélant la découverte d’une nouvelle civilisation et ceux qui pensent que ceci est dû à une production massive de faux. Les autorités se sont sérieusement penchées sur ces découvertes et ont estimé que ces objets sont authentiques et proviennent d’une vallée aride au sud-est de l’Iran, l’Halil Roud.

Le doute reste toutefois bien présent sur ces tablettes, notamment du fait que ce soit un ouvrier travaillant pour les archéologues qui ait amené la première tablette. Bien que d’autres tablettes furent ensuite retrouvées lors de fouilles, il eut été assez aisé de dissimuler un objet pour qu’il soit retrouvé. Abbas Alizadeh de l’université de Chicago explique : « Le principal doute pour moi est que les tablettes ont été cuites, volontairement. Ce genre de pratique est rarissime, car cela risque de les fissurer ». Le rapport publié en 2012 n’apporte aucun crédit à ce que les fouilles ont été réalisées dans les règles de l’art, aucune trace de l’analyse des sols et des poteries ne permet de dater les tablettes et les photos prises sur le terrain montrent des fouilles qui semble se passer un peu trop bien pour être vrai (une tablette quasi intacte émerge de la terre). Ce doute persistera sans doute, un bon moment car le pays se trouve dans une instabilité politique depuis les dernières élections présidentielles de 2009 et les fouilles se limitent aux sites principaux.

Si on oublie les rumeurs de fraude et que l’on se penche sur le déchiffrement des tablettes.L’écriture est très simpliste, une vingtaine de caractères différents sont distingués et cinq d’entre eux occupent trois quarts des caractères présents.  François Desset, archéologue français travaillant à l’université de Téhéran note que si on utilise une manière de lire parfois observée chez les Grecs et les Étrusques, – qui consiste à changer de sens de lecture à chaque ligne – on aboutit à un début de déchiffrement. « En effet, avec cette manière de lire, on s’aperçoit que les tablettes présentent des séquences de lettres qui sont répétées. » Une particularité notable des tablettes est qu’elles possèdent une autre écriture (indiquée par la flèche rouge), c’est l’Elamite linéaire, une écriture iranienne jamais déchiffrée, mais déjà connue des archéologues. Ce texte, bien que court, ne serait pas la traduction, mais des indications. « Le faible nombre de tablettes évoque plutôt les archives d’un particulier. Or en Mésopotamie, les documents que nous trouvons dans ce genre de lieu sont en général des contrats : de mariage, de vente, etc. ». Le mystère reste entier, mais s’éclaircit de jour en jour.

Les trois tablettes de Konar Sandal L'essentiel de l'écriture est inconnu (excepté de brèves inscriptions en une écriture connue − l'élamite linéaire − indiquée par des flèches rouges) François Desset d'après Madjidzadeh 2012

Les trois tablettes de Konar Sandal – François Desset d’après Madjidzadeh 2012

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Source(s) : Le Monde, le 09.04.2014

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