Corée du Nord : Kim Jong-Un fait exécuter son oncle

Très influent jusqu’à son récent limogeage, l’oncle du dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-Un a été exécuté jeudi, a annoncé vendredi l’agence officielle de presse KCNA, qui le qualifie de «traître».

Jang Song-Thaek, 67 ans, avait peu auparavant été condamné à mort par un tribunal militaire spécial, toujours d’après KCNA, dont les dépêches sont reçues à Séoul.

«L’accusé est un traitre à la nation qui a perpétré des actes factieux contre le parti et contre-révolutionnaires afin de renverser la direction de notre parti et de l’État et du système socialiste», a rapporté KCNA.

Le régime accuse notamment Jang Song-Thaek d’avoir trahi Kim Jong-Un et le père de ce dernier, Kim Jong-Il, qui avait dirigé le pays de 1994 jusqu’à sa mort en 2011. Le jeune Kim Jong-Un – âgé d’une trentaine d’années – lui avait pourtant accordé «toute sa confiance», a déploré KCNA.

La mise à l’écart de ce dignitaire, ainsi que l’exécution de deux de ses proches conseillers, avaient été annoncées la semaine dernière par le renseignement sud-coréen, puis confirmées lundi par la Corée du Nord.

La télévision d’État avait montré des photos de lui extirpé de force de son siège à une réunion par deux officiers, une humiliation publique extrêmement rare pour les hauts responsables de ce pays.

Washington a indiqué ne pas pouvoir vérifier ces informations «de manière indépendante». «Mais nous n’avons aucune raison de douter de l’information de KCNA», a déclaré la porte-parole adjointe du Département d’État, Marie Harf.

«Si c’est confirmé, nous avons un autre exemple de la brutalité extrême de ce régime. Nous suivons de près les développements en Corée du Nord et consultons nos alliés et partenaires dans la région.»

Les experts sur ce pays, l’un des plus secrets et les plus fermés au monde, estiment qu’une vaste purge pourrait se dérouler contre les proches de Jang.

Pendant son procès, Jang a reconnu qu’il avait tenté de fomenter un coup d’État en mobilisant ses complices à l’armée, selon KCNA.

«J’ai essayé d’attiser les plaintes du peuple et de l’armée contre l’échec du régime actuel à gérer la situation économique et les moyens de subsistance de la population, aussi affreux soient-ils», selon les propos de Jang rapportés par l’agence nord-coréenne.

«Il a révélé sa véritable image de traitre de tous les temps, en déclarant que le coup d’État visait le Leader suprême» Kim Jong-Un, selon KCNA. Le tribunal l’a condamné à mort «au nom de la révolution et du peuple» et «la sentence a tout de suite été exécutée».

Époux de la soeur de Kim Jong-Il, Jang Song-Thaek était vice-président de la Commission de défense nationale, considérée comme l’organe de décision le plus puissant du pays.

Il avait considérablement étendu son influence après l’attaque cérébrale de Kim Jong-Il en 2008, puis à sa mort trois ans plus tard, et était considéré comme le mentor de son neveu, lors de ses débuts à la tête du pays.

Les analystes avancent que le dirigeant a pris ombrage de l’influence croissante de son oncle.

«On peut penser que Kim Jong-Un se sentait menacé par Jang Song-Thaek, car (l’oncle), qui était partie prenante dans quasiment tous les aspects politiques et militaires du pays, représentait une source alternative de pouvoir, et donc une menace», déclare Abraham Denmark, expert Bureau national de la recherche asiatique, un centre d’études basé aux États-Unis.

«L’autre interprétation, c’est que (Jong-Un) n’avait plus besoin de lui et ne voulait pas voir son pouvoir dilué. Mais on ne peut faire que des suppositions, étant donné la nature du régime», ajoute-t-il.

Sur les huit hauts responsables – souvent âgés – qui entouraient le cercueil de Kim Jong-Il lors des funérailles, deux seulement continuent d’occuper leur poste, note l’expert.

Kim Jong-Un a succédé à son père Kim Jong-Il à la mort de ce dernier en décembre 2011. Kim Jong-Il présidait lui-même aux destinées de la Corée communiste depuis le décès en 1994 de son père Kim il-Sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 1948.

La dynastie des Kim dirige d’une main de fer la Corée du Nord sur un modèle communiste doté d’un important culte de la personnalité du dirigeant et ses prédécesseurs.

Son économie est en lambeaux, les pénuries alimentaires récurrentes, l’opposition inexistante et ses citoyens contrôlés de près.

Jang Song-Thaek pourrait avoir été puni pour avoir prôné une ouverture à la chinoise, avec un début de libéralisation de l’économie, selon les analystes.

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Source(s): La Presse, le 12.12.2013

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