Comment Sarkozy a essayé d’éviter les écoutes téléphoniques

Mediapart a révélé une partie des conversations téléphoniques entre et son avocat Thierry Herzog. Les deux hommes usaient de combines dignes d'une série policière pour ne pas se faire pincer par les juges. En vain.

Des méthodes tout droit sorties de la série The Wire. Les écoutes judiciaires de conversations téléphoniques entre et son avocat Thierry Herzog montrent que les deux hommes ont rivalisé d'habileté pour tenter d'échapper à la surveillance des juges. Passage en revue des vaines astuces utilisées.  

Les TOC

Dans le cadre de l'enquête sur le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, les juges placent la ligne officielle de l'ancien chef de l'État sur écoute. Ce dernier, alerté, prend ses dispositions. 

Son avocat ouvre à Nice deux lignes téléphoniques prépayées(appelés “TOC” pour “telephon out of control“) sous le nom d'emprunt “Paul Bismuth”. L'objectif, pense-t-il, est de communiquer en toute confidentialité avec son client.  

Les magistrats instructeurs parviennent cependant à traquer ces deux lignes officieuses sans que leurs propriétaires soient mis au parfum. Ce sont des extraits de ces conversations que Mediapart a publié mardi.  

Le message codé

Lorsque Nicolas Sarkozy soupçonne une perquisition prochaine de ses bureaux dans le cadre du dossier libyen, inquiet, il demande à son avocat de se rencarder, révèle les écoutes. Mais comment consulter cette source, “taupe active de Nicolas Sarkozy dans les rouages de l'Etat”, interroge Mediapart?  

Pour communiquer avec ce haut placé, dont on ignore l'identité, Me Herzog indique à son client qu'il a “un discours avec lui qui est prêt”, autrement dit un message codé pour communiquer. “Il comprend tout de suite de quoi on parle.”  

Le magistrat taupe

Nicolas Sarkozy cherche aussi à obtenir des informations sur l'affaire Bettencourt. S'il a obtenu un non-lieu dans ce dossier en octobre 2013, ses agendas restent versés à l'instruction. Et ils pourraient notamment servir dans l'affaire Tapie. C'est pour cette raison que l'ex-président cherche coûte que coûte à faire annuler leur saisie.  

A l'époque des écoutes téléphoniques des “TOC”, une procédure est en cours à la Cour de cassation pour que Nicolas Sarkozy récupère ses agendas. L'homme est directement informé de l'évolution des travaux par le haut magistrat Gilbert Azibert, à qui un poste à Monaco aurait été promis en échange de cette collaboration.  

Les fausses conversations

Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog ne savent pas que les TOC sont surveillés. D'après les écoutes, ils inventent de fausses conversations sur les lignes officielles pour ne pas éveiller les soupçons des magistrats. Sur les lignes prépayées, l'ex-chef de l'Etat et son avocat passent en revue les sujets à aborder et les questions à poser. “Ça fait plus naturel.”  

Les stratagèmes des deux hommes n'ont pas fonctionné. Les juges avaient une longueur d'avance sur eux en plaçant sur écoutes leurs lignes prépayées. Ils n'avaient donc d'autre choix que d'ouvrir une information judiciaire pour “trafic d'influence” et “violation du secret de l'instruction”. Quant aux agendas de Nicolas Sarkozy, la chambre criminelle de la Cour de cassation ayant dit qu'elle n'avait pas lieu à statuer, ils restent, à cette heure, verser aux procédures en cours.  

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Sources: L'Express / Photo: afp.com-Thomas Coex​ / Relayé par

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