Comique : quand Bruno Le Maire supprimait 603 postes dans la sécurité alimentaire

Nous sommes là encore face à une situation semblable à celle consacrée par la fameuse expression :« le pompier pyromane ». En d’autres termes, c’est bien Monsieur Bruno Le Maire qui est censé aujourd’hui prendre des décisions à propos de la faillite des contrôles étatiques sanitaires de l’industrie laitière et du scandale Lactalis, alors que c’est bien lui qui a fait supprimer plus de 600 emplois dans les effectifs des services de contrôle sanitaire de l’agroalimentaire. N’est-ce pas extraordinaire ! Avec de tels procédés de gouvernance, autant mettre un pédophile récidiviste à la tête du service de police censé combattre ce fléau.

Cela dit, Il est vraiment criminel de saboter autant les services de contrôle, essentiels à la santé publique.

Les syndicats des services de contrôle sanitaire dans l’agroalimentaire, dont les équipes sont en sous-effectifs, vivent mal le scandale Lactalis et l’intoxication de nourrissons qu’il a causée.

Et encore plus mal les leçons données par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Quand il était ministre de l’Agriculture, il a supprimé plus de 600 postes dans leurs rangs.

Le scandale du lait infantile contaminé à la salmonelle laisse un goût amer aux fonctionnaires chargés des contrôles dans l’industrie agroalimentaire. Et quand le ministre de l’Économie Bruno Le Maire martèle que « la sécurité sanitaire des consommateurs n’est pas négociable », certains rappellent que « la période au cours de laquelle Bruno Le Maire a été ministre de l’Agriculture a été marquée par une forte baisse des effectifs des services vétérinaires chargés des contrôles de l’industrie agroalimentaire » selon Jean-Claude Gautier, secrétaire national du Snuitam-FSU (1) et lui-même technicien des services vétérinaires.

Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, l’effectif des personnels chargés de la « sécurité et qualité sanitaire de l’alimentation » a perdu 670 postes entre 2005 et 2016 en passant de 5 223 à 4 553.

Bruno Le Maire « assume »

Dans cette période commencée sous Jacques Chirac et close sous François Hollande, c’est sous la houlette de Bruno Le Maire ministre de l’Agriculture de Nicolas Sarkozy de 2009 à 2012, que les réductions ont été les plus fortes : 603 suppressions en 4 ans sur les 670 réalisées en 11 ans.

Contacté, le cabinet de Bruno Le Maire fait savoir que l’ancien ministre de l’Agriculture « assume »  les suppressions de postes, car dans une situation générale  de crise budgétaire chaque ministère « devait prendre sa part de réduction des coûts ». Il ajoute que dans le cas de Lactalis « le problème ne provient pas d’un manque de contrôle, mais d’une défaillance de l’entreprise ».

En tout état de cause, « il ne peut y avoir un contrôleur derrière chaque industriel ». L’évolution de l’efficacité de l’État doit passer par « une optimisation des moyens » des services vétérinaires et de la DGCCRF et par des sanctions plus fortes pour les entreprises défaillantes en terme de sécurité alimentaire.


Les effectifs de contrôle de la sécurité et qualité sanitaire de l’alimentation, qui inspectent notamment les abattoirs, laiteries, criées, restaurants, cantines, sont décrits dans le “programme 106”. | DR

Or sur le terrain, les techniciens et inspecteurs des services vétérinaires, c’est le nerf de la guerre. « Un certain nombre d’entre eux sont affectés en permanence aux abattoirs de bovins, de porcs, de volailles. Résultat, une usine de Craon peut n’être inspectée qu’une fois par an. Quant aux laiteries qui ne produisent pas de lait infantile, les contrôles peuvent être espacés jusqu’à deux ou trois ans ».

Manque de coordination

Si les contrôleurs du ministère de l’Agriculture bénéficient de l’apport de ceux de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui relèvent, eux, du ministère de l’Économie, Jean-Claude Gautier déplore « un manque de coordination entre services ». Les deux branches du contrôle touchant à l’alimentation relèvent de deux ministères différents et sont de plus coordonnées localement dans les Directions départementales de protection des populations, sous l’autorité directe de leurs directeurs et non de leurs ministères.

À la CFDT, Myriam Prigent, conseillère fédérale à la fédération de l’alimentation, et elle aussi technicienne des services vétérinaires, confirme que les équipes sont « clairement sous-dimensionnées » alors que les agents « doivent alterner des contrôles dans des laiteries, des usines de viande, de poisson, de plus en plus complexes ». Or, depuis le début des années 2000, « on ne contrôle plus en direct. On vérifie les procédures d’autocontrôle des industriels ».

Retour à la hausse

Fini le temps où les services vétérinaires débarquaient à l’improviste et dictaient aux industriels les précautions sanitaires à prendre. Désormais, les fabricants de steaks hachés, de sushis, de biscuits ou de fromages ont la main sur leurs protocoles sanitaires, leurs processus de production. Que des techniciens et inspecteurs vérifient ensuite sur documents essentiellement.

Alors quand le gouvernement projette d’alléger encore les procédures pour les usines disposant d’une certification Iso, Myriam Prigent proteste : « Surtout pas ! Les contrôleurs doivent maintenir leur expertise. On ne joue pas avec la santé des gens. » Voilà au moins un point d’accord avec Bruno Le Maire.

La tendance des effectifs a cependant été infléchie à l’initiative de Stéphane Le Foll, seul ministre de l’Agriculture du quinquennat Hollande. Depuis 2016, le nombre de personnels affectés au contrôle vétérinaire est reparti à la hausse à raison de 40 à 60 postes par an. Tendance maintenue par […]

(1) Syndicat national unitaire interministériel des territoires, de l’agriculture et de la mer.

 

Sources : Ouest France / Le Libre Penseur /

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