Centrafrique : Un soldat français arbore une devise nazie sur son uniforme

Une photo montrant un soldat français en Centrafrique avec un insigne nazi sur le bras a été publiée puis retirée de la page Facebook des services de communication de l’armée..

Article mis à jour le 20 décembre à 20h20: ajout de la photo publiée par l’AFP.

Après le scandale provoqué par le foulard tête-de-mort porté au Mali par un soldat, l’armée française va faire face à une autre polémique d’ampleur. Un soldat de l’armée française porte, accroché sur son uniforme, en opération, un patch aux références nazies explicites. 

Une série de neuf photos visant à montrer le bon déroulement des actions de patrouille durant l’opération Sangaris en Centrafrique a été publiée sur la page Facebook des opérations extérieures de l’armée. Parmi ces clichés, postés par l’état-major des armées, une image montre un homme en gros plan, l’arme à la main, et le patch, sorte de macaron velcro, accroché sur la manche. Elle a depuis été retirée, mais certains visiteurs de la page ont pu la conserver.

L’armée parle d’une ”initiative personnelle”

On y voit précisément un soldat arborant la devise SS: “Meine Ehre heißt Treue” (Mon honneur s’appelle fidélité). Dans le cercle, la devise et la mention RCA (Centrafrique, ndlr) 2013. Au milieu, un drapeau français frappé d’un énigmatique “32”.

Sur ce chiffre, plusieurs interprétations sont possibles. Il pourrait s’agir de la 32e division des SS, mais elle n’a rien de significatif. Fondée sur le tard, en 1945, elle n’a duré que quelques semaines avant d’être anéantie.

Il se pourrait aussi, selon une source proche de l’armée, que le chiffre fasse référence à la compagnie et à la section en question, par exemple: “3e compagnie, 2e section”.

Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des armées, a confirmé à BFMTV.com l’existence de cette photo: “Nous l’avons retirée, non pas pour cacher une situation mais pour prendre à bras-le-corps une affaire.”

Des militants d’extrême droite engagés, un phénomène connu

Il s’agirait, selon l’état-major, d’un acte isolé. “C’est une affaire qui est entre les mains du commandement sur le terrain, aucune sanction n’a encore été prise.” Le général Francisco Soriano, qui dirige l’opération sur place, a été chargé de l’enquête.

Pourtant, une photo publiée par l’AFP et datée du même jour (signalée par un lecteur que nous remercions) semble dire le contraire. Sur ce cliché, pris par le photographe Fred Dufour, on voit clairement le même patch sur une personne qui semble bien différente de celle que l’on voit sur le cliché de l’armée. La thèse du fait isolé ne semble pas tenir. Informé de ces révélations, Fred Dufour indique n’avoir jamais remarqué cet insigne.

(Photo: Fred Dufour - AFP ; montage BFMTV)

Évidemment, l’armée déplore ce déficit d’image: “Ce qui est dramatique, c’est que ça ternisse l’image d’une institution qui condamne cela. C’est absolument inadmissible au moment où les hommes sont engagés dans une situation extrêmement difficile.” Gilles Jaron ajoute: “Dès que la personne sera identifiée, elle sera suspendue avant même la conclusion de l’enquête.”

Des symboles nazis dans l’armée, une surprise? Pour le chercheur Jean-Yves Camus, ce n’est pas une nouveauté: “Que des militants d’extrême droite soient engagés, on connaît ce phénomène et on le suit de près. Mais de manière générale, les militants essaient de se faire discrets.”

”Le ménage est mieux fait”

Stéphane François, un autre historien spécialisé dans les groupuscules d’extrême droite, confirme que c’est le cas depuis la Libération: “Il y a un certain nombre de prisonniers allemands, d’anciens SS arrêtés par les Français en 45-50 qui sont entrés dans la légion, et ont été envoyés en Indochine pour leur savoir-faire anticommuniste.”

On se rappelle de l’affaire du foulard, dont les suites nous parviennent encore aujourd’huiIl y a cette photo à Montauban, en 2012, de militaires en posture de salut nazi au-dessus d’un drapeau. Faut-il s’inquiéter de la multiplication de ces scandales ? Jean-Yves Camus ne le croit pas: “Le fait que ces affaires soient mises sur la place publique ne montre pas qu’elles sont plus nombreuses, mais que le ménage est mieux fait. D’ailleurs, la sanction est toujours la même: l’obligation de quitter l’armée.”

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Source(s): BFMTV / Par Olivier Laffargue | Magali Rangin, le 20.12.2013

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