Brésil : l’économie flanche, malgré la Coupe du monde

La banque centrale abaisse sa prévision de croissance pour 2014. La hausse des prix atteint un pic de 6 %.

 

 

Aussi intense soit-elle au pays du ballon rond, la fièvre du Mondial ne dope pas l'économie brésilienne. Au contraire, la croissance ne cesse de ralentir. Malgré un parcours presque sans faute de l'équipe nationale, la Seleçao, la banque centrale vient encore d'abaisser la prévision de croissance pour cette année à 1,6 %, contre 2 % prévus précédemment. Une croissance trop faible à l'échelle d'un pays émergent. L'enquête réalisée par l'institut monétaire auprès de cent économistes se veut encore plus pessimiste: elle prévoit 1,1 % de croissance. Au premier trimestre, le PIB n'a progressé que de 0,2 %. La production industrielle est au plus bas et le déficit courant s'est creusé à 3,6 %. Les deux moteurs traditionnels – matières premières et de classes moyennes émergentes – ne sont plus au rendez-vous. La moindre demande internationale, surtout de la Chine, premier client du Brésil, et une stabilisation des cours mondiaux pénalisent les exportations.

En interne, le fort endettement des ménages, qui consacrent plus du quart de leurs revenus au paiement de la dette, et la hausse des prix calment l'appétit de . Dans un tel contexte, les ventes d'écrans plats portées par le Mondial ne suffiront pas à relancer les ventes de détail…

Malgré les interventions répétées de la banque centrale, qui a relevé son taux directeur à 11 %, l'inflation devrait atteindre cette année un pic de 6,4 %. En dépit de l'organisation de la Coupe du monde, les investissements ont marqué le pas. «Il y a un déficit très important dans les infrastructures avec un taux d'investissement de 18 %, contre 40 % pour la », note Victor Benavides, analyste Amérique latine de la banque Mirabaud. Lors d'un forum sur l'Amérique latine, organisé ce lundi à Bercy, Luis Alberto Moreno, le président de la Banque interaméricaine de développement (BID), a pointé cette lacune ainsi que la faible productivité. «Il faudrait investir deux à trois fois plus sur vingt ans.» Et de poursuivre sur le mode footballistique. «C'est comme si une équipe sud-américaine entrait sur le terrain avec deux joueurs en moins face à une équipe européenne !»

Baisse de popularité

Les déficiences criantes au Brésil, de transport public, de santé, d'éducation, ont provoqué la colère des Brésiliens en pleins préparatifs du Mondial. Et ce, d'autant que la facture totale a atteint 11 milliards d'euros. Si elle a permis d'améliorer les aéroports, elle a surtout financé douze stades, alors que huit auraient été suffisants. L'économiste de Mirabaud met en cause les réformes mises en place par Dilma Rousseff, «qui ne sont pas favorables aux investisseurs». Pendant sa présidence, le déficit public s'est également creusé à 3,8 % du PIB. Du coup, malgré les mauvais indicateurs, la Bourse brésilienne rebondit depuis quelques semaines à l'idée que Dilma Rousseff puisse perdre les élections prévues en octobre, un scénario encore inenvisageable il y a quelques mois. La présidente accuse une sérieuse baisse de popularité dans les sondages. Elle a néanmoins annoncé qu'elle se représenterait pour un deuxième mandat de quatre ans.

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Source : Le FigaroPar Anne Cheyvialle, le 02.07.2014

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