Suicide dans la police : Patricia Cordier se battra jusqu’au bout pour son fils

Patricia Cordier mène un combat pour son fils David, gardien de la paix qui s'est donné la mort à Dieppe (Seine-Maritime) en 2008 avec son arme de service. Depuis six ans, elle demande que les policiers bénéficient, si nécessaire, d'un suivi psychologique et qu'ils ne soient pas réarmés “aussi facilement “.

Le 17 octobre 2008, il avait dit à un proche : “Ce soir, je me fais une putain de soirée”. Vers 23 heures, David, gardien de la paix âgé de 29 ans se tirait une balle dans le cœur à son domicile de Dieppe (Seine-Maritime).

Depuis, sa mère, Patricia Cordier, mène un combat sans fin pour son fils mais aussi pour tous les policiers de l'Hexagone. Lettres aux Présidents et , aux différents ministres et aux gardes des Sceaux, page , compte … La maman se bat sur tous les fronts pour obtenir des réponses à ses questions relatives au suivi psychologique et au réarmement des policiers. “Je n'ai eu que des réponses types ou pas de réponse du tout, alors, je continue”, dit-elle.

Plus de 102 000 signatures

Pourtant, Patricia Cordier ne manque pas de soutien. Sa pétition lancée il y a un an sur Change.org vient de doubler son nombre de signataires atteignant les 102 000 appuis suite à une triste actualité notamment. Mardi dernier, un policier âgé de 40 ans se donnait la mort sur son lieu de travail à Meaux, (Seine-et-Marne) et vendredi, un adjoint de sécurité de 20 ans se suicidait avec son arme de service dans les toilettes du commissariat de Bergerac (Dordogne). “Il y a environ 42  suicides par an depuis cinq ans, soit plus de trois par mois, rappelle Patricia Cordier. En septembre, il y en a eu 6 ou 7. Pourquoi rien n'est fait ?” Car cette aide-soignante spécialisée en pédopsychiatrie en est convaincue, si son fils n'avait pas eu son arme de service avec lui le 17 octobre 2008, il serait toujours là.

Gardien de la paix depuis 2005, David était en dépression depuis janvier 2008 suite à des problèmes d'ordre privé. “Il a été arrêté en juin car il n'était vraiment pas bien. Il était suivi, prenait des anxiolytiques. Puis il a fait plusieurs tentatives de suicide, une fois, il s'est tailladé les bras et les cuisses, puis, une autre fois, il a essayé de mettre fin à ses jours avec sa voiture”, raconte sa maman.

“Apte” selon le médecin

Le 29 septembre 2008, après près de quatre mois d'arrêt, David retourne finalement travailler. “Il avait gardé sa fille pendant trois semaines, il était content, il allait bien, dit Patricia. D'autant qu'il ne faisait pas de terrain, il n'avait pas d'arme, et travaillait au bureau des plaintes”. Pourtant, le 14 octobre, David est convoqué par la médecine du travail qui le juge apte à reprendre son arme. Sans le dire à ses proches, David l'aura avec lui dès le lendemain et ne la quittera plus.

“David a été réarmé à peine 15 jours après avoir repris son poste à la suite d'une dépression sévère, déplore sa mère. Comment peut-on redonner un pistolet à quelqu'un qui n'est pas complètement guéri ?”. Selon elle, David avait demandé à voir sa psychologue basée à Rouen peu avant le drame. “Elle lui a dit qu'elle n'avait pas le temps, et lui a donné des numéros sur Dieppe. Comme il était domicilié dans cette ville, il n'a pas voulu y aller, pour des raisons de confidentialité”.

Patricia Cordier espère que les médecins qui jugent des agents “aptes” au réarmement auront dès que possible accès au dossier psychologique de leurs patients. Elle souhaite également que le nombre de psychologues dans son département et ailleurs soit augmenté. Enfin, elle ne perd pas espoir pour que , ministre de l'Intérieur, à qui elle a envoyé son premier courrier avec accusé de réception mercredi dernier, lui propose à elle comme aux fonctionnaires, les changements qu'elle attend depuis des années maintenant. “Je suis atteinte d'un depuis 2009. J'aimerais, si je dois partir bientôt, que mon combat ait porté ses fruits. Si je dois, en fin de vie, dormir devant les portes de l'Élysée ou celles ministère de l'Intérieur ou celui de la , je le ferai ” conclut-elle.

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Source : MetroNews, le 05.10.2014

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