Manifestations contre l’écotaxe : Nuit calme après les affrontements

La colère est retombée cette nuit en Bretagne après une journée d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Plusieurs centaines d'exploitants et transporteurs agricoles bretons ont affronté les forces de l'ordre samedi en fin d'après-midi à Pont-de-Buis (Finistère), au pied d'un portique écotaxe qu'ils voulaient démonter.

Une partie des manifestants a occupé les lieux jusqu'aux alentours de minuit, toujours entourés par gendarmes et CRS. La RN 165 devait rester inaccessible au moins 48 heures, après les dégradations subies dans la journée. Dimanche matin, le calme semblait revenu. 

Un manifestant, touché à la gorge par un tir de flash-ball et dont l'état inspirait les pires inquiétudes, est finalement sorti de l'hôpital en début de soirée. Un autre homme qui participait à l'action a eu la main arrachée. Un troisième a été touché au nez selon le Télégramme. La préfecture du Finistère parle de son côté de deux blessés du côté des manifestants sans donner plus de détails. Un gendarme a été blessé par un jet de projectile à la jambe.

Sur place, pendant la journée, l'affrontement a pris des airs de guérilla, avec des jets de projectiles d'un côté et des répliques à la bombe lacrymogène de l'autre, autour du portique toujours protégé par les gendarmes mobiles. Cet appareil permet de facturer les poids lourds à partir du 1er janvier 2014 au nom de la protection de l'

Les quelque 500 manifestants étaient partis de Faou au volant de leurs camions, tracteurs et autres véhicules agricoles peu après midi à l'appel du «collectif pour l'emploi en Bretagne» pour protester contre la mise en place de cette nouvelle . Le portique de Port-en-Buis est le dernier du département, les autres ayant été détruits lors des précédentes manifestations.

Les derniers manifestants ont quitté les lieux en camion en fin de soirée. «Nous levons le camp, mais le portique finira par tomber», a déclaré Thierry Merret, le patron de la FDSEA du Finistère. Olivier Billon, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Finistère, a donné «rendez-vous samedi prochain à Quimper pour le rassemblement régional».

La N165 bloquée dans les deux sens entre Brest et Quimper

Sur la nationale RN165, bloquée à la circulation dans les deux sens entre Brest et Quimper, les protestataires, dont certains étaient cagoulés, ont lancé des projectiles vers les forces de l'ordre, ces dernières répliquant avec des grenades lacrymogènes.

La scène a rapidement été noyée dans la fumée des pneus en feu lancés par les manifestants et celle des fumigènes, tandis que des engins agricoles se dirigeaient vers le barrage des forces de l'ordre, arrachant les traverses de la voie express. Peu après 15 heures, les manifestants ont fini par négocier une trêve de trente minutes avec les forces de l'ordre. Après avoir essuyé le refus du préfet d'accéder au portique les heurts ont repris vers 17 heures. Des renforts de CRS ont été envoyés sur place.

 

La révolte des bonnets rouges

Certains protestataires avaient recouvert leurs plaques minéralogiques d'autocollants reproduisant la plaque de la voiture présidentielle (Ds5) de François Hollande, CB-455-VH, mais avec le numéro du département du Finistère, le 29, selon des organisateurs. Ils se sont également couvert la tête d'un bonnet rouge en mémoire de la révolte des bonnets rouges bretons contre la au XVIIe siècle. Leurs véhicules étaient chargés de pneus et de choux-fleurs. Entre 150 et 200 gendarmes et CRS avaient été déployés sur les lieux, selon la chaîne locale.

La veille au soir, 14 tracteurs équipés de remorques avaient déjà mené une action dans le département, à Morlaix, en déversant vers minuit devant le centre des impôts des palettes, des choux-fleurs et du fumier, selon une source policière. Un incendie s'était déclaré mais a été maîtrisé par les sapeurs-pompiers. Les agriculteurs avaient écrit sur le sol : «Ici repose l'écotaxe».

 

Opération escargot sur la RN24 dans le Morbihan

Une autre action a été menée dans le Morbihan, à l'appel des transporteurs de la FDSEA (fédérations départementales des syndicats d'exploitants agricoles). Une centaine de manifestants, partis de Beaud et de Josselin, avaient investi la RN24 en direction du portique de Saint-Allouestre, provoquant des ralentissements. L'opération a pris fin, sans incident, à 13 heures, selon la gendarmerie.

Les opposants à l'écotaxe craignent que ce nouvel impôt sur les poids-lourds, hérité du Grenelle de l' mis en place sous , pénalise leur secteur qui fait déjà face à de graves difficultés économiques. Les professionnels travaillant dans les régions excentrées de la Bretagne et qui ont beaucoup de route à faire pour livrer leur production risquent d'être fortement impactés.

En déplacement dans la région ce samedi pour rencontrer des adhérents du Front national, Marine Le Pen a déclaré que «l'effondrement de l'agroalimentaire est un événement au moins aussi grave pour la Bretagne que l'ont été les fermetures de mines dans le Nord de la France et dans l'Est».

74% des Bretons sont contre l'écotaxe

A Guingamp la contestation s'est invitée au stade du Roudourou a pris la forme de panneaux d'habitudes publicitaires mais revendicatifs samedi soir.

 
La colère des agriculteurs du Finistère et du Morbihan est partagée par le reste de la population bretonne. Selon un sondage Ifop* à paraître ce dimanche dans le quotidien local Ouest-France, les Bretons sont 74% à se dire «vent debout contre l'écotaxe». Selon ce sondage, ce sont principalement les Bretons qui habitent dans les départements les plus excentrés, Morbihan (82%) et Finistère (81%) que l'opposition à ce nouvel impôt est la plus marquée.

L'enquête porte plus largement sur le moral des Bretons à l”heure où leur région est est frappée par une crise de l'agroalimentaire sans précédent, illustrée ces dernières semaines par la colère des salariés des abattoirs Gad, où 850 emplois ont été supprimés Lampaul-Guimiliau, ou de ceux du volailler Tilly-Sabco, qui prévoit de réduire son activité de 40%. Ainsi, 67% des personnes interrogées se disent pessimistes sur l'avenir de leur région, contre 76% d'optimistes en décembre 2012. Elles sont 76% à estimer que le principal point faible de la région est lié aux crises dans l'agroalimentaire et l'.

En outre, 85% des Bretons disent ne plus avoir confiance dans le gouvernement, et ils sont 65% à ne pas avoir confiance dans les syndicats, «pour se mobiliser pour le développement de la région et pour lutter contre les effets de la crise en Bretagne». Pour sortir de la crise ils ont plus confiance en leurs propres forces, estimant en réponse à la même question que pour sortir de la crise ils sont 90% à faire confiance aux salariés bretons, 80% à croire dans les chefs d'entreprise bretons ou encore 63% dans les collectivités locales.

Enfin selon les Bretons interrogés, les difficultés actuelles de l'agroalimentaire sont liées à 56% à la concurrence étrangère où les salaires sont «nettement inférieurs à ceux pratiqués en France», et ils sont seulement 18% à faire un lien avec la crise économique.

*Sondage Ifop pour Ouest France réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 23 octobre sur un échantillon de 606 personnes représentatif de la population bretonne âgée de 18 ans et plus. 

 
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Source(s):  BFMTV /  i>TELE /​ dailymotion / YouTubeLeParisien, le 26.10.2013 / Relayé par Meta TV-)

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